La fin non, assurément, plutôt, une redéfinition sur le fond et la forme de la présence française au Sahel dont les opérations, du propre aveu de l’état-major à Paris, ont fait leur temps. La décision, actée en juin dernier par le président Emmanuel Macron, implique donc un retrait des forces dans le grand nord malien pour une reconcentration stratégique vers la zone dite des « trois frontières » qui borde Niger, Burkina Faso et Mali et où les populations civiles, notamment, paient au prix fort, la guerre contre le jihad sahélien, pris en quelque sorte entre le marteau et l’enclume, victimes collatérales d’un conflit dont personne ne voit le bout.
Le poste le plus avancé de Tessalit vient d’être évacué et Tombouctou le sera début décembre, ces opérations se passent-elles dans un climat serein ?
L’idée est de ramener le nombre de soldats français à 3 000 ou même 2 500 d’ici les prochains mois contre les 5 100 présents aujourd’hui qui, de toute façon, face à l’immensité sahélienne et un ennemi protéiforme symbolisaient de plus en plus le thème du Désert des Tartares, ce roman italien qui traite de l’attente par des soldats d’une grande bataille finale qui n’arrivera jamais. À cet égard, le transfert du poste avancé de Tessalit, dans cette région berbérophone de l’Adrar des Ifoghas à quelques dizaines de kilomètres de l’Algérie, a symbolisé, lui aussi, cette page de l’engagement français qui se tourne avec la remise, mi-novembre, de la clé de la base au FAMa, les Forces maliennes qui, avec les soldats de l’ONU, seront presque seules face au désert. Les Mirage français pouvant venir à leur rescousse depuis Niamey si besoin…
Cependant, ce plan de réorganisation de Barkhane est mis à mal par les turbulences politiques qui secouent certains pays de la région ?
La géopolitique, c’est bien connu, a horreur du vide, et le retrait français est largement commenté par les opinions publiques du G5 Sahel, d’autant que le rapprochement confirmé de Bamako avec Moscou et le secret de polichinelle de l’arrivée des sulfureux mercenaires du groupe Wagner n’ont rien pour apaiser les esprits. L’affaire du convoi de Kaya au Burkina Faso, ces derniers jours est la parfaite illustration de la tension qui règne sur le terrain. Car pour la première fois, des centaines de manifestants burkinabé ont bloqué un convoi de Barkhane qui reliait Abidjan à la base logistique de Gao via le Burkina Faso et le Niger. Incompréhension face à un massacre récent en dépit de la présence française, fatigue générale de la violence, manipulation de l’information, si le convoi militaire a pu finalement repartir dans la nuit de jeudi à vendredi, le changement de paradigme de l’intervention française au Sahel intervient dans un contexte des plus critiques.
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