Le Mémorial Modibo KEITA a abrité, le samedi 16 février, une conférence-débat sur le thème : ‘’le défi migratoire et le franc CFA : enjeux et perspectives’’. Elle avait pour objectif de clarifier les enjeux de la crise migratoire.
Les conférenciers étaient : Martial Ze Belinga du Cameroun ; Kako NUBUKPO, économiste et ancien ministre togolais ; l’Ivoirien Mamadou KOULIBALY ; Aminata Dramane TRAORE ; Demba Moussa DEMBELE et le Pr Issa N’DIAYE du Mali.
Dans son intervention, Aminata Dramane TRAORE a expliqué que dans le cadre de cette édition spéciale, les acteurs ont voulu mettre l’accent sur la gravité de la question migratoire. Selon elle, étant donné que le débat sur le Franc CFA est intervenu dans le cadre des politiques migratoires de l’Europe, il a été décidé de mettre l’accent sur l’importance de la souveraineté monétaire.
« Il n’y a pas de souveraineté politique, d’indépendance et de développement véritable dans l’intérêt des peuples concernés que lorsque vous avez une monnaie et que vous contrôlez les exigences de cette souveraineté. Ceux qui sont ici présents sont les principaux acteurs de ce débat. Le choix du Mali n’est pas fortuit. C’est le pays de Modibo KEITA qui avait fait de la question monétaire l’une des exigences de l’indépendance de notre pays. Qu’il s’agisse de la souveraineté monétaire, de la souveraineté militaire, le Mali est emblématique », a affirmé Aminata Dramane TRAORE.
Elle a soutenu que cela fait plus de 13 ans que modestement au Mali, les acteurs qu’ils sont, se posent chaque jour la question de savoir pourquoi les jeunes partent ? « Ils ne tournent pas le dos à l’Afrique parce qu’elle est pauvre, mais ils tournent le dos au Continent parce qu’on a mis en œuvre des politiques dites de développement économique qui n’ont pas développé nos pays et qui ne peuvent pas développer nos pays », a-t-elle déclaré.
A son avis, si ce modèle était capable de satisfaire la demande sociale, la France n’aurait pas eu droit à la crise des gilets jaunes. Les gilets jaunes, soutient Aminata Dramane TRAORE, prouvent que les Français ne peuvent pas créer d’emplois ici, car ils n’en ont pas créé chez eux. « Ils ne peuvent pas nous donner de leçon de démocratie puisqu’eux-mêmes n’écoutent pas leurs propres concitoyens », a-t-elle renchéri.
Par ailleurs, dira-t-elle que la crise migratoire est le premier baromètre qui montre que la mondialisation a échoué. Cela, parce que la liberté de circuler devrait concerner d’abord les êtres humains. « Si vous voulez que les marchandises et vos capitaux circulent, mais pas les humains, surtout pas les Subsahariens, cela est un paradoxe », a-t-elle dénoncé.
Dans son exposé, Martial Ze Belinga a affirmé que nous devons sortir de l’idéologie actuelle de la migration africaine. Une idéologie qui fait de la migration l’envahissement de l’Europe. Pour lui, la migration africaine ne peut pas être présentée comme une menace. Comme cause de la migration, il a mis l’accent sur les effets néfastes du changement climatique.
Pour Martial Ze Belinga, les solutions endogènes passeront par la décolonisation culturelle ou la décolonisation des savoirs, et par corriger la gouvernance locale.
Parlant des déterminants politiques et géopolitiques, le Pr Issa N’DIAYE a soutenu que les impasses dans lesquelles l’Afrique se trouve aujourd’hui sont les conséquences de la mauvaise gouvernance et de la corruption. Il a déclaré que 65% des ressources de l’Afrique sont pillées par les firmes internationales. Le conférencier a dénoncé les politiques néfastes qui sont imposées par l’extérieur. Pour sortir de l’impasse actuelle, le Pr Issa N’DIAYE a soutenu qu’il faudrait que les dirigeants africains revoient les modèles politiques imposés au Continent.
PAR MODIBO KONE
Source: info-matin