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Le Corridors Bamako- Kourémalé : la carte d’identité remplacée par le billet de 1000 f CFA

Les prélèvements illicites sur les corridors  Bamako-Dakar ou Bamako-Kourémalé reliant le Mali à la Guinée, sont devenus phénomènes anodins pour les usagers de ces tronçons.  Au poste de contrôle, les billets d’argent sont perçus par des agents de sécurité à la place des   pièces d’identification des passagers sans quittance de payement et les transporteurs supportent la lenteur de la procédure de contrôle.

Dans une cours (COUR) insalubre à la limite immonde,  démarcheurs, voyageurs, revendeuses de petits articles essayent de se frayer le passage.

Ici c’est « laguinée plasi » ou la place de la Guinée, en effet  dans une cour, stationnent les bus en partance pour la Guinée Conakry. Le billet de voyage acheté au guichet, le bus pour la frontière Mali/Guinée  avec ses passagers serrés comme des sardines dans leur boîte, emprunte le chemin vers la frontière Mali –Guinée située à 126km. La distance entre les deux points est estimée à 1h 42mn

Premier contrôle au poste de Sébénikoro situé à environ 600 mètres, l’agent de sécurité regarde à peine l’intérieur du véhicule pourtant  surchargé par ses passagers entassés les uns sur les autres avec des poulets entassés en dessous du siège arrière.

L’agent invite le conducteur du bus à le rejoindre  ce dernier  muni de son cahier (dossier du véhicule on suppose), le rejoint loin des regards avant de venir au volant de son car.

Le bus continue sa route  jusqu’à Samankoro   16 km de Bamako,  deuxième arrêt du bus, là encore le   chauffeur descend  du car pour aller s’entretenir avec les agents de sécurité avant de continuer son trajet  où des  km après il est arrêté  sur le route par deux motards.

Il s’agit des hommes habillés de tenue de la douane, là encore le  chauffeur sort pour échanger avec l’un des motards qui  l’oriente vers  celui  qui semble être le chef , toujours même procédure un échange entre agent et chauffeur, les passagers ne sont pas inquiétés.

Une tranquillité vite oubliée une fois ARRIVEE au poste de contrôle de la sortie de  Bamako allant à Kourémalé (Poste de contrôle frontalier  Mali-Guinée).

Au poste de contrôle du flux migratoire Bamako-Kourémalé (frontière Mali-Guinée),  tous les passagers sont priés  de descendre du car pour le contrôle des pièces  d’identité. Qui sont perçues par  un agent de police qui oriente ces derniers à aller s’identifier.

Les passagers,  sans pièces d’identité à jour ou munis de pièces d’autre nationalité (malienne)  prennent du temps à revenir vers le car. Selon certains témoignages ils sont contraints de payer la somme de 1000FCFA ou plus pour poursuivre le voyage.

 

« C’est comme ça si la personne n’est pas malienne, elle paye au moins 1000FCFA pour la carte d’identité et 1500FCFAfa  pour le carnet, c’est la procédure ici  » explique Awa, commerçante entre Bamako-Guinée.

Elle est appuyée par une ressortissant du Burkina- Faso « Nous sommes au  nombre de cinq personnes et nous avons  dû payer chacun 1500 FCFA. Au départ  l’agent nous avait demandé de payer chacun  3000 F CFA   mais après supplication nous avons chacun donné la somme de 1500FCFA  », s’est plaint un passager venant du Burkina-Faso.

Les passagers réticents à payer,  sont sommés par les autres passagers et le chauffeur du bus à vite s’acquitter pour ne pas les retarder.  Aussi la plupart de ceux interpellés payent  la somme pour  se tire d’affaire avec  1000F/ 1500 F CFA payé aux agents de sécurité.

Selon les explications d’un chef de poste  de Contrôle du flux migratoire, seuls les passagers sans pièce d’identité à jour sont verbalisés ‘conformément à la loi ‘ d’où les 1000 FCFA dont se plaignent certains passagers. Toujours selon ses dires  l’argent  perçu par les agents sont reversés dans la caisse de l’Etat moyennant  un reçu.

Sauf qu’aucun des passagers interviewés sur place n’étaient munis de pièce justificative et ils n’affirment que ce ne soit pas faute d’avoir réclamé.

« Vous imaginez-vous ?, on les a prié pour accepter ceux qu’on a donné. Nous savons que ça ne va pas dans  la caisse mais c’est comme ça surtout en  période de fête » témoignent les passagers contraints de donner de l’argent pour pouvoir remonter dans le car.

Une pratique décriée par les forces de sécurité malienne 

Selon un agent  de la gendarmerie nationale, la tracasserie routière se résume en trois points  à savoir  les perceptions illicites, les  barrières non tarifaires (postes de contrôle inopinés représentants des collectivités, représentants des transporteurs)  et le trajet (la lenteur au niveau des contrôles sur le trajet).

La police, la gendarmerie, la douane, le service des eaux et forêt et le service phytosanitaire représentent les différents agents au niveau des postes  de contrôle sur les différents  corridors conformément aux  textes de l’UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’ouest).

Le véhicule est soumis à un premier contrôle à la sortie de Bamako par les gendarmes  qui ont pour mission de délivrer une autorisation de voyager après vérification des marchandises et de l’état du véhicule, nous explique le représentant des forces de sécurité.  Le deuxième contrôle est effectué par la douane pour assurer le flux économique aussi elle s’assure juste de vérifier auprès du conducteur l’état des bagages et les pièces du véhicule. Et le dernier contrôle est effectué  les agents de la  police  qui contrôle   le flux migratoire, il s’agit là de   la vérification physique des entrées et sortie des passagers à la frontière Bamako/kourémalé.

De source sécuritaire, aucun agent des forces de sécurité  n’est autorisé à prendre de l’argent sans délivrer une quittance sur ces trajets.

« Malheureusement il nous parvient souvent échos des cas d’agents indisciplinés que nous sanctionnons bien sûr. Mais comme on le dit il n’y a pas de corrompu sans corrupteur cette pratique arrange plus les usagers que les agents. Beaucoup de véhicules sur le corridor ne sont pas en règle aussi les chauffeurs  préfèrent soudoyer  les agents, éviter les pénalités pour poursuivre  leur voyage », déplore ce gendarme.

Les autorités et les syndicats des transporteurs du Mali essayent de travailler en synergie pour  bouter la pratique sur les corridors

En effet, le  Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR) qui regroupe l’ensemble des syndicats des transporteurs du Mali a été mis  en place par le ministère des Transports et du désenclavement pour servir de trait d’union entre l’Etat et les transporteurs.

Pour Ousmane Kamissoko, transporteur et trésorier du CMTR,   l’axe Bamako/ Kourémalé à l’instar des  autres corridors, les transporteurs sont confrontés  à d’énormes difficultés dont les plus criardes restent  l’état désastreux des routes et la lenteur aux niveaux  des postes de contrôle, une pratique qui ralentie la rotation de transports et joue sur leur économie.  Ce qui d’ailleurs amène le CMRT à interpeler les décideurs car aux dires de Ousmane Kamissoko, le CMRT  conformément à sa mission, forme, sensibilise, informe et défend les transporteurs qui sont en règle vis-à-vis de l’Etat sur toutes les lignes.

Hadji Sacko, revendeur de voiture d’occasion soutient les propos avancés par Ousmane Kamissoko.

«  Je suis un habitué des voyages, depuis plus de 20ans je vais chercher des voitures à Lomé, au port de Dakar et maintenant en Guinée pour les gens. Même si tes papiers sont en règle les agents te forcent  à  payer car ils vont te faire retarder c’est pour éviter cela que beaucoup de chauffeurs préfèrent  donner un billet de 2000FCFA pour aller vite »

Bamako –Dakar, autre corridor, une pratique similaire où les 1000f cfa  font l’affaire des passagers et agents de sécurité

Bamako –Dakar est un trajet de 1269,17km (18h 59mn) si l’on ne calcule pas les arrêts qui rendent le voyage infernal.

Le paiement aux agents de contrôle  sans reçus  ou quittance est monnaie courante sur ce corridor où les  passagers décrient les retards induits aux arrêts et déplorent la dime versée de force aux agents.

« Je viens de payer doublement avant d’embarquer, j’avais négocié avec le chauffeur concernant mes bagages, j’ai payé cher et il était censé trouver une solution avec les agents de sécurité pour que je ne sois pas fatiguée. Tu as vu comme moi que sur les 5 contrôles du chemin j’ai été forcée de payer pour qu’ils ne saisissent pas mes pagnes ça ne fait même pas 50pagnes en tout »  se plaint ainsi X qui emprunte régulièrement cet axe.

« Je ne comprends PAS on m’a obligé à  payer 1000FCFA alors que j’ai un passeport CEDEAO, l’agent m’a dit que c’est seulement  valable au Sénégal  mais pas ici comme je suis Sénégalaise on m’a fait payer 1000FCFA ce n’est pas sérieux » vociférait une autre passagère mécontente

La rédaction

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