Bamako, 13 juin (AMAP) La nouvelle du décès du colonel Youssouf Traoré, président du parti dénommé Union des forces démocratiques pour le progrès (UFDP) a surpris plus d’un. Il s’est éteint dans la nuit de mardi à mercredi à la suite d’un accident de la circulation entre Bla et San (sa ville natale), dans la région de Ségou. Il venait de signer, seulement la semaine dernière, l’Accord politique de gouvernance au compte de sa formation politique. Un parti qu’il a créé à la faveur de l’avènement de la démocratie dans notre pays en 1992.
Le colonel Youssouf Traoré fut un membre influent du Comité militaire de libération nationale (CMLN). Membre des 14 militaires qui ont mis fin au régime du président Modibo Keïta en 1968, il était l’un des instigateurs de l’irruption des soldats sur la scène politique dans notre pays. Maillon très important du CMLN, il a contribué à asseoir le régime de son ami Moussa Traoré en participant à l’arrestation, en 1978, de Tiécoro Bagayoko, Kissima Doukara et Karim Dembélé, surnommés la «bande des trois».
Youssouf Traoré était considéré comme l’un des fidèles compagnons et complices du président de la République Moussa Traoré qu’il avait pratiqué de l’école militaire avant le coup d’Etat de 1968. Il fut tour à tour ministre de l’Information et de l’Éducation nationale.
Youssouf Traoré naquit le 2 octobre 1935 à San. Ce père de famille de 9 enfants fait partie des élèves officiers actifs, formés à l’école des officiers ressortissants des territoires d’Outre-Mer à Fréjus en France, et qui ont formé l’armée malienne après le départ du dernier soldat français en 1961. Il faisait partie des vaillants officiers et sous-officiers qui se sont mis à la disposition de leur pays après l’indépendance.
Son passage à la tête du ministère de l’Information reste encore dans les mémoires. La création du village Kibaru, avec l’aide de l’UNESCO, est à son crédit. Aujourd’hui direction technique de l’AMAP dédiée à la valorisation de nos langues nationales, cette structure édite le journal Kibaru publié en trois langues : bamanan, fulfuldé et soninké.
En janvier 1978, il a été nommé ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique. Membre du Conseil national et du Bureau exécutif central de l’UDPM, du Conseil supérieur du Plan de développement national, et du Conseil supérieur de la défense, il a été aussi président de la Commission nationale d’organisation des fêtes et des visites officielles.
Le défunt colonel était devenu par la force des choses, le deuxième homme fort du pays après l’arrestation de Kissima Doucara, Tiécoro Bagayoko, et de Charles Samba Sissoko. Mais son amitié avec Moussa Traoré volera en éclats à la suite d’une grève estudiantine. La position du colonel Youssouf Traoré tranchait nettement avec ce qu’aurait pu attendre de lui Moussa Traoré. Il sera traité en ennemi du parti et complice du mouvement estudiantin.
En mai 1981, il démissionne du gouvernement et du parti. Il prend alors le chemin de l’exil. De retour au pays, il crée sa formation politique et se fait élire député à San pendant la première législature (1992-1997) de la IIIè République. Depuis, le colonel Youssouf Traoré faisait partie des hommes politiques les plus respectés pour leur sens de l’éthique et de la défense de l’intérêt général. Que son âme repose en paix ! Amen.
YD (AMAP)