Le chargé des opérations militaires au ministère de la défense, le colonel Abdrahamane Baby a animé samedi un point de presse pour évoquer les aspects militaires et sécuritaires de l’accord préliminaire signé le 18 juin à Ouagadougou. Pour cet expert militaire ayant pris part aux discussions entre le gouvernement et les groupes armés touaregs : » Nulle part, il n’a été question de la réintégration des combattants « . Le conseiller militaire précise que l’accord préliminaire ne souffre d’aucune ambigüité sur ce point ajoutant à la limite que les ex-combattants bénéficieront d’une intégration socioéconomique dans le cadre de la DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) pour les amener à rompre avec le banditisme.
Une décision qui sera certainement accueillie avec soulagement par l’opinion publique malienne vivement opposée à l’idée d’un retour des déserteurs dans leurs corps d’origine. On se souvient qu’au tout début du conflit au nord du Mali, plusieurs dizaines de jeunes touaregs appartenant à divers corps de l’armée, à des services paramilitaires ont déserté pour rejoindre le maquis. Certains n’ont pas hésité à se dresser contre leurs frères d’armes au front ou à donner les positions de l’armée malienne à l’adversaire. Cette traitrise, un des facteurs parmi tant d’autres de la déroute de l’armée, a poussé l’opinion publique et au-delà certains responsables politiques et militaires à ne plus accepter les déserteurs dans l’armée malienne.
Les tenants de cette position veulent pour preuve les nombreuses réintégrations qui ont suivi les différentes rébellions touaregs que notre pays a connues et qui se sont toutes soldées par des désertions chaque fois que le fusil a tonné au nord. Lors du pacte national de 1992 signé à Alger, 2795 ex-combattants ont été intégrés soit 2315 repartis entre l’armée, la gendarmerie et la garde nationale. S’y ajoutent 150 policiers, 100 douaniers et 150 agents des eaux et forêts. En 1996, un nouveau contingent de 1 500 anciens combattants touaregs a été déversé dans les forces régulières maliennes après la dissolution, le 27 mars de la même année des mouvements armés. Sans oublier qu’en 2006, la plupart de ces combattants vont à nouveau prendre le chemin du maquis à la faveur de la rébellion d’Ibrahim Ag Bahanga sans être pour autant radiés de l’armée. Beaucoup reviendront après l’accord d’Alger. Le 17 janvier 2012, les mêmes réintégrés prennent des armes contre le pays qu’ils disent renier en s’imaginant dans une république fantomatique de l’Azawad. Il s’agit plus que jamais pour le gouvernement de mettre un terme à cet aller – retour.
Les représentants du gouvernement ont bien fait pour que la réintégration des traitres ne figure pas dans l’accord préliminaire.
Le colonel Baby a noté que l’accord préliminaire offre des flexibilités à l’armée qui fera son entrée à Kidal de façon graduelle, ce, en fonction des travaux de la commission mixte de sécurité qui est à pied d’œuvre depuis la signature de l’accord. A le croire, cet accord préserve les intérêts supérieurs du Mali et autorise dès la semaine prochaine le déploiement de la MINUSMA. Les groupes armés ne seront pas cantonnés avec leurs armes, celles-ci resteront sous le contrôle des Nations-Unies, a fait savoir le conférencier ajoutant que l’armée fera en sorte d’honorer ses engagements. Il a tenu à préciser que chacun doit jouer sa partition, que tout n’est pas de la responsabilité de l’armée, les politiques doivent aussi jouer la leur. De sources proches de la défense, le déploiement pourrait intervenir d’ici à la fin du mois.
Abdoulaye DIARRA
Source: L’Indépendant