A la surprise générale, en fin de semaine dernière, pendant que l’organe législatif de la transition tentait de donner une orientation politique claire à son mandat, son président, le colonel N’Diaw, d’un ton appuyé, a mis en garde certains membres affiliés de l’institution, cherchant, comme il le dénonce, « à décrier la présence militaire française au Mali ». Le CNT souffre-t-il d’un manque de cohésion à l’interne ?
Le communiqué, par lequel le président de la CNT, le colonel Malick N’Diaw, dénonce le comportement de « certains mouvements et regroupements au sein desquels militent quelques » uns de ses membres, est sans appel : le CNT ne saurait être un tremplin pour des motivations inavouées de la part de ses membres.
Voilà la mise en garde ferme de la part de celui qui veut que l’image de l’institution qu’il dirige ne soit pas dégradée du fait de certains de ses membres dont les motivations, inavouées sont ailleurs. Pour le président du CNT, le colonel N’Diaw, l’alerte vaut son pesant d’or, en ce sens qu’il nous a été donné de constater, comme beaucoup de nos concitoyens, que des membres attitrés du CNT, et non des moindres, se font échos de déclarations, pour le moins osées, visant à décrier la présence militaire de la France dans notre pays.
De tels propos malveillants, on le sait, simplement distillés par de simples citoyens, à l’encontre de la France, qui continue de payer le prix le plus cher par son engagement militaire au Mali et dans le Sahel, ne passent pas inaperçus. Et entonnés à grands renforts médiatiques par des membres d’un organe important, comme le CNT, pour manifestement dénoncer la présence militaire française, ils peuvent constituer un véritable tollé diplomatique dont les conséquences sont forcément désastreuses pour les relations entre les deux pays.
Prenant la mesure d’une telle déconvenue diplomatique, le président du CNT, le colonel Malick N’Diaw, est bien dans son rôle d’appeler les uns et les autres à leurs responsabilités vis-à-vis de l’institution à laquelle ils appartiennent, mais aussi à l’endroit de leur pays, dont la stabilité dépend en grande partie aujourd’hui, au-delà des discours de circonstance, de la présence, aux côtés des FAMa, des forces armées étrangères, dont les soldats français.
Etre membre d’une institution comme le CNT, qui doit constamment veiller sur sa crédibilité, pour jouer pleinement son rôle dans la conduite de la transition, exige du patron de cet organe sensible qu’il hausse le ton pour recadrer les manquements de certains des membres à l’orthodoxie parlementaire. Cette vigilance à toute épreuve, le colonel l’a fait observer en toute responsabilité en ciblant directement les membres du CNT qui s’adonnent à des déclarations à l’emporte-pièce contre la présence militaire française dans notre pays.
Il l’a si bien rappelé aux fauteurs de trouble qu’il leur a indiqué clairement qu’ils n’ont pas le droit d’user leur titre, en tant que membres du CNT, pour autre motif en dehors de leur mandat. Ce rappel à l’ordre est d’autant plus crucial que la diplomatie parlementaire, à l’heure actuelle, dans les relations entre les Etats, joue un rôle clef dans l’affermissement de la coopération sur toutes ses formes entre les Etats, au plan bilatéral que multilatéral.
Le Mali n’échappe pas à cette règle cardinale du jeu diplomatique international. Et de la même manière, la transition ne sera pas un refuge pour aucun de ses membres de se barricader derrière des artifices pour se livrer à des gestes inappropriés.
En un moment crucial, où le pays est à la recherche de la paix et de la stabilité, nécessaires à son progrès économique, des membres du CNT ne peuvent pas aller, au-delà de leur mandat, pour fustiger publiquement la présence militaire d’un partenaire stratégique comme la France, qui s’illustre, chaque jour que Dieu fait, dans la guerre implacable contre les terroristes.
Pour cela, le président du CNT, en toute responsabilité, prend à témoin l’opinion publique nationale, et internationale, comme quoi les déclarations des membres du CNT contre une telle présence militaire n’engagent que leurs propres auteurs et ne sauraient en aucune manière refléter la position officielle de la respectueuse institution.
De la même manière, ces derniers sont clairement appelés à respecter le sens de leur mandat au sein de cette institution qui ne saurait nullement être assimilé à une quelconque expression de dessein personnel et inavoué. Il est désormais établi que le CNT ne peut tolérer ce genre de manifestations inappropriées de la part de ses membres, lesquels, pour le prestige même de leur institution, doivent strictement se garder d’user leur titre pour d’autres motifs en dehors de leur mandat expresse.
Point de désordre au sein du CNT. Tel est le sens de l’appel du président du CNT, le colonel Malick N’Diaw, qui entend par tous les moyens assurer le respect scrupuleux de l’image de marque de l’institution qu’il dirige, aussi bien à l’interne qu’à l’extérieur.
Même si le communiqué ne le laisse pas entendre clairement, il est évident, selon plusieurs avis éclairés, que le président du CNT ne saurait se contenter, pendant longtemps, de déclaration de condamnation des agissements de certains membres de l’institution qui jurent avec l’orthodoxie parlementaire. Il importe alors qu’il œuvre à agir dans le sens de la sanction exemplaire pour prévenir, dit-on, de tels agissements individuels, visant à discréditer le CNT.
Oumar KONATE
Source: La Preuve