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Le 1er RHP au Mali : «L’ennemi s’est dilué au milieu de la population»

Depuis le début du mois d’octobre dernier, 150 hommes du 2e escadron du 1er RHP sont déployés au Mali, à Gao. Le commandant de ce détachement, le capitaine D., détaille cette mission et nous décrit la situation sur place.

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Capitaine, détaillez-nous votre mission sur le théâtre malien…

L’escadron a été projeté, début octobre, au Mali, soit environ 150 personnels engagés (1), en tant qu’escadron d’aide à l’engagement au sein du groupement tactique Korrigan. Nos missions sont simples : sécuriser la base opérationnelle de Gao, patrouiller dans la ville et sa périphérie et mener des opérations ponctuelles dans des environnements plus éloignés, dans le désert ou des régions plus lointaines.

Quel est l’accueil de la population ?

Il est très favorable et nous avons un fort crédit. Les Maliens sont sensibles à l’action de la force française. La dynamique est positive vers une stabilisation du pays. Nous menons des opérations auprès de la population. Dernièrement, nous avons récupéré des biens dans des camps terroristes, issus de pillages, que nous avons redistribués à la population.

Au tiers de votre mandat de quatre mois, quel est l’état des troupes ?

L’état d’esprit est excellent, malgré des conditions météos particulièrement rudes. Bien que ce soit la saison fraîche, on a régulièrement 45° à la mi-journée au soleil. Il y a un vent chaud, très abrasif pour les hommes et le matériel. On adapte nos horaires et on s’astreint à boire 10 l d’eau par jour. C’est un dispositif de vie très léger, sous tente, au pied de la plateforme aéroportuaire. On se nourrit essentiellement de rations. C’est un quotidien très rustique, qui correspond à la mentalité des hussards parachutiste.

Et au point de vue opérationnel ?

Le théâtre est passé d’un conflit ouvert à des missions de renseignement qui n’excluent pas d’actions violentes. Nous sommes dans une réversibilité constante. On peut patrouiller en béret, en discutant avec la population et remettre le casque pour réagir à une attaque.

La reconstruction progresse-t-elle ?

Dès qu’on peut intervenir au travers d’actions civilo-militaires, nous le faisons. Le meilleur marqueur de cette progression, c’est le processus démocratique qui est enclenché. Après les présidentielles, les législatives mobilisent. On est proche d’un retour à la normale, mais tout ne se fait pas en un mois.

Sur le plan militaire, quelle est la situation ?

L’ennemi est très affaibli mais il ne s’est pas évaporé. Les djihadistes ont bien compris qu’en face-à-face, ils n’auraient pas le dessus. Ils se sont dilués dans la population pour se reconstruire et attendre la fenêtre afin de frapper. Ils profitent également de la porosité des frontières. La menace est très présente et l’on intervient en appui des forces maliennes.

Justement, quel est leur niveau ?

Les forces maliennes se structurent et bénéficient de l’accompagnement européen. Leurs militaires sont très attentifs aux conseils. Le destin du pays est entre leurs mains.

Le sentiment d’insécurité s’est-il accru avec l’exécution des journalistes de «RFI» ?

Des services spéciaux ont été déployés pour mener l’enquête vers Kidal, à 250 km au nord de Gao. Ça nous affecte en tant que ressortissants français, comme ça a peiné les Maliens. On a ressenti plus d’attention de leur part. Dans le fonctionnement courant, on s’est adapté. Ça n’a pas remis en cause nos missions, d’autant que globalement, le sentiment de sécurité s’accroît. Mais on n’est pas dupe. L’ennemi peut surgir là où on ne l’attend pas. C’est au moment où l’on baissera la garde qu’il nous infligera des coups. C’est pour ça qu’on garde une posture rigoureuse, en s’appuyant sur les forces maliennes qui connaissent leur territoire.

Un petit mot pour la Bigorre ?

Oui, d’abord, une pensée aux familles qui préparent Noël sans leur mari, leur compagnon, leur papa ou leur épouse. Une pensée également à nos frères d’armes du régiment qui nous regardent. Et puis, un mot pour la Bigorre qui ne manque pas de nous témoigner ses marques d’affection.

(1) Auxquels s’ajoutent un officier et un sous-officier au centre opérationnel et un sous-officier optronique. Le détachement du 1er RHP compte trois femmes et une trentaine d’hommes déjà déployés au Mali lors du lancement de l’opération Serval, en début d’année.

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