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L’armée du Niger frappée par l’attaque jihadiste la plus meurtrière dans le pays

L’armée nigérienne a subi mardi ses plus lourdes pertes depuis qu’elle est confrontée au défi jihadiste lors de l’attaque du camp d’Inates, dans l’Ouest, qui a fait 71 morts et entraîné le report d’un sommet entre la France et les pays du Sahel.


“Malheureusement, on déplore le bilan suivant: 71 militaires tués, 12 blessés, des portés disparus, et un nombre important de terroristes neutralisés”, selon un communiqué du ministère de la Défense, lu à la télévision nationale.

“Les combats”, qui ont duré trois heures, ont été “d’une rare violence combinant des tirs d’artillerie et l’emploi de véhicules kamikazes par l’ennemi”, a ajouté le ministère, estimant le nombre de “terroristes lourdement armés” à “plusieurs centaines”.

Un précédent bilan de source sécuritaire faisait état de plus de 60 morts, précisant que “les terroristes ont pilonné le camp à l’aide d’obus”, et que beaucoup de victimes étaient décédées dans des explosions de dépôts de munitions et de carburant.

En accord avec son homologue nigérien Mahamadou Issoufou, le président français Emmanuel Macron a annoncé le report au “début de l’année 2020” d’un sommet avec les dirigeants des cinq pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et Mauritanie) initialement prévu le 16 décembre.

Ce sommet doit avoir lieu à Pau, ville du sud-ouest de la France où étaient basés la majorité des 13 soldats français décédés le 25 novembre dans un accident d’hélicoptères au Mali.

M. Macron avait annoncé le 4 décembre qu’il avait convié les présidents sahéliens à cette réunion pour qu’ils “clarifient” leur position sur la présence militaire française au Sahel, de plus en plus contestée par leurs opinions publiques.

Il avait souligné qu’il attendait d’eux qu’ils “assument” publiquement le fait que les soldats français sont au Sahel à la demande des pays concernés, et non pas pour des “visées néocoloniales”.

Faute de quoi, avait-il indiqué, il en tirerait toutes les conséquences. L’Elysée a précisé mercredi que toutes les options étaient sur la table, y compris un retrait des 4.500 hommes des troupes française de la force Barkhane, qui depuis quatre ans luttent contre les groupes jihadistes au Sahel.

Une partie de l’opinion publique sahélienne attribue la dégradation sécuritaire à la présence même des troupes étrangères. En novembre, l’état-major burkinabè avait même mis en garde les avions français qui survoleraient intempestivement son territoire.

– Contrebande et trafics –

Le président nigérien Mahamadou Issoufou a interrompu sa participation à une conférence internationale en Egypte pour rentrer à Niamey, où il présidera jeudi une réunion du Conseil national de sécurité, a tweeté la présidence.

L’attaque d’Inates est la plus meurtrière depuis le début de l’offensive jihadiste au Niger, en 2015. Au-delà de ce pays, c’est tout le Sahel – en particulier le Mali, le Niger et le Burkina –, qui est visé par les assauts de plus en plus audacieux de groupes islamistes armés, en dépit de la présence des militaires français de la force antiterroriste Barkhane.

Le Mali a notamment été frappé par un automne sanglant, lors duquel plus de 140 soldats ont été tués, provoquant un véritable traumatisme.

Le Burkina avait perdu 24 militaires en août, dans un assaut contre la base de Koutougou, également près de la frontière malienne.

Inates se situe près de la frontière avec le Mali, au coeur d’une région en proie à la contrebande et aux trafics. La base militaire avait déjà été la cible le 1er juillet d’une attaque, revendiquée par le groupe Etat islamique, dans laquelle 18 soldats nigériens avaient péri.

Mardi, le conseil des ministres nigérien avait prorogé pour une période de trois mois l’état d’urgence décrété depuis 2017 dans plusieurs départements pour lutter contre les attaques jihadistes.

Cette mesure accorde des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité sur les théâtres des opérations, dont celui d’ordonner des perquisitions de nuit comme de jour dans un domicile. En outre, elle limite les déplacements dans les espaces concernés.

Depuis octobre, il est aussi formellement interdit aux organisations humanitaires de se rendre dans certaines zones sans escorte militaire.

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