Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a procédé à Ségou au lancement officiel de la campagne agricole 2017-2018 en donnant le premier coup de labour sur un tracteur. L’évènement s’est déroulé en présence des membres du gouvernement, des directeurs nationaux des services techniques, du président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola et de nombreux paysans venus de toutes les Régions du pays.
Lors de cette cérémonie nous avons retenu cette phrase du discours du président «…l’État se tiendra à vos côtés parce que vous le méritez… », certainement beaucoup parmi vous l’ont aussi retenu. C’est une phrase qui traduit la volonté et l’engagement d’El Hajj Ibrahim Boubacar à s’investir personnellement pour la défense de la cause des paysans maliens. Quelle volonté ? Quel engagement ? Quand on sait que ce sont les entreprises privées qui sont à l’origine de l’accaparement illégal des terres appartenant souvent à ces paysans ou ces citoyens démunis mais toujours avec la complicité de l’État. En effet, l’État a mis en place un système de baux emphytéotiques. Ce sont des baux à long termes renouvelables. Donc ce sont les autorités nationales qui s’accaparent d’abord les terres, sous prétexte que la terre appartient à l’État. Ensuite, ces autorités redistribuent les terres à des opérateurs économiques, des entreprises privées, des agences immobilières… Il arrive même que les représentants de ces autorités nationales s’approprient eux-mêmes ces terres. Or, sur ces terres, il y a souvent des petits agriculteurs qui travaillent là depuis des décennies ! Coutumièrement, ces terres sont leur lieu de travail et leur source de vie. Et la plupart du temps, ils n’ont pas de titre de propriété, car le Mali n’a pas atteint ce niveau en termes de politique foncière. Cela dit, le droit coutumier existe depuis le temps colonial, il a même été ratifié en 1987 par l’ex-président du Mali, le Général Moussa Traoré. Mais il n’est jamais respecté, parce qu’un paysan ne vaut rien face à une agence immobilière ou à un nanti. On dit aux paysans qu’ils ont tort et que la terre appartient à l’État. Et la justice leur donne rarement raison.
Expropriés dans la violence des champs qu’ils cultivent depuis parfois plusieurs générations, ils se retrouvent sans ressources et, souvent, sans recours possible. Face à eux, des autorités qui affirment agir légalement au nom de l’État, et des opérateurs économiques qui pèsent davantage que les chefs de village.
Monsieur le « kankeletigui », du discours politique à la réalité du terrain, il n’y a-t-il pas un énorme décalage ?
Dans nos cultures ancestrales cet écart entre l’acte et la parole ne traduit-il pas un manque de respect ou de considération à l’égard des pauvres paysans ?
La Rédaction
Par Le Démocrate