Créer en 2015 pour donner un coup accélérateur à la sécurité alimentaire au Mali, l’Agence d’Aménagement des Terres et des Fournitures d’Irrigation en Eau (ATI) est en passe d’atteindre sa vitesse de croisière. Avec un objectif d’aménagement de plus 200 000ha couplé à des projets de mise en place des Nouveaux Villages Agricoles (NVA), l’ATI entend relever le défi. Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder vendredi, le Président Directeur Général de l’ATI, Lamissa Diakité, un agroéconomiste qui draine derrière lui 38 années d’expérience dans le domaine de la recherche agricole, promet trois ans pour que le Mali soit un pays émergent dans le domaine de l’agriculture. Lisez !
Le Sursaut : Pouvez-vous nous parler du contexte de création de l’Agence d’aménagements des terres et de fourniture de l’eau d’irrigation ?
Lamissa Diakité : Quand on parle de l’agriculture au Mali, ça fait trembler. Pourquoi ? par ce que le problème de pluie s’y pose. Tout est lié à la pluviométrie. Est-ce qu’on va toujours rester comme ça, sachant que les isohyètes se déplacent d’année en année. La partie pluvieuse le devient de moins en moins. Alors qu’il faut continuer à produire.
Au Mali il existe plus de 2 200 000 ha de terres aménageables. Dans ce disponible, plus de 20% n’ont pas encore été aménagés depuis l’indépendance. C’est pour contribuer à l’augmentation du rythme du taux d’aménagement, que le président de la République animé du souci de la sécurité alimentaire a créé l’ATI.
En plus de la sécurité alimentaire durable, l’ATI a pour objectif de contribuer à la réduction de la pauvreté à travers l’amélioration de la production des producteurs.
Si les gens arrivent à produire suffisamment, ils dégagent des surplus. Ces surplus qui font des revenus supplémentaires, il faut les lier au marché.
En termes d’aménagement des terres, que faut-il retenir en ce jour ?
Lamissa Diakité : Nous sommes en 3ème années d’exécution. Nous avons pu avoir des accords de financement avec des partenaires par rapport à un certain nombre de projets d’irrigation. Nous sommes en train de préparer la réalisation des aménagements. Car, pour réaliser des aménagements, il faut faire des études de faisabilité qui ne prennent pas moins d’un an. Nous sommes en deuxième campagne proprement dite sur le terrain. Nous avons un projet qui sera mis en vigueur d’ici la fin de ce mois. Nous aurons les financements en Août pour commencer les travaux.
Nous avons un objectif d’aménagement de plus de 20 000 ha. Le premier projet est dans les 3 200 ha, le second dans les 9 000ha. Nous allons faire des études de faisabilité pour 20 000 ha. Sur ces 20 000ha la banque s’engage au moins à prendre 10 000 ha
Quel est l’état du projet de mise en place des nouveaux villages agricoles (NVA) ?
L.D : la mise en place des nouveaux villages nous a été confiée par le ministre de l’Agriculture. Par rapport à ces nouveaux villages, nous avons 3 200ha dans la zone de l’office du Niger en cours d’aménagement.
Nous comptons aussi, mettre en place dans la zone de Manantali deux Nouveaux Villages Agricoles ‘’NVA’’. Nous sommes en train de passer les marchés et 6 bureaux ont été retenus pour faire les études de faisabilité. Ce qui est sûr ces deux NVA ne feront pas moins de 8000 ha. Il en est de même pour Sélingué. Il y a un partenaire auquel, nous avons confié des études de faisabilité d’un certains nombre de villages. La plupart de ces projets vont démarrer en 2019.
En termes de mise en valeur des terres, il y’a un certain nombre de spéculations que nous recommandons, pas seulement sur le riz. Il y’a, ce qu’on appelle l’irrigation commerciale. Nous sommes en train de chercher à faire la promotion de l’irrigation commerciale.
Pour pouvoir produire toute l’année, on ne va pas produire seulement le riz. On va faire la diversification, en faisant des cultures diversifiées. Comme le maïs, les cultures maraichères avec la pomme de terre et le sésame. Nous allons introduire beaucoup d’autres spéculations que les gens ne connaissent pas. Nous sommes chargés aussi d’introduire les spéculations commerciales dans les différents systèmes irrigués.
Est-ce que les jeunes et les femmes, considérés comme les couches les plus vulnérables seront pris en compte dans le processus de distribution des parcelles de vos NVA ?
L.D : Pour le cas de l’Office du Niger, nous avons 37% des aménagements qui seront réservés aux femmes et aux jeunes qui ont de l’expérience et qui le veulent très bien. Par ce que, nous avons aussi la mauvaise expérience de l’installation des jeunes dans la zone de l’office. Les jeunes agronomes qu’on avait bien voulu installer ont tous abandonné les lieux après. Pourquoi ? par ce que le marché ne suit pas, l’équipement n’est pas adéquat et l’encadrement technique manque.
Donc, l’ATI se propose d’assurer l’encadrement. C’est pour cela au sein de l’ATI nous avons des spécialistes en vulgarisation. Nous n’allons pas aménager pour aménager, mais nous allons suivre les gens dans la mise en valeur pour assurer un bon résultat.
Qu’avez-vous envisagé pour la liaison entre la zone de production et le marché ?
L.D : Si j’ai parlé d’amélioration de productions, il faut y dégager le surplus avec lequel il faut faire une liaison avec le marché. Nous allons organiser les producteurs en associations coopératives afin qu’ils puissent rencontrer les coopératives céréalières. Il y’a beaucoup d’échecs car ces schémas manquaient.
Dans nos schémas d’aménagement, nous avons toujours fait des voies pour lier les champs et les villages aux marchés.
Que prévoyez-vous pour les zones arides ?
Nous avons dans un nouveau projet prévu la mise en eau de la vallée du serpent. La vallée du serpent se trouve à partir de la boucle du Baouelen qui descend jusqu’au niveau de Koulikoro. Ce projet concerne aussi la région de Ségou et de Kayes. Un autre projet pour ces zones arides concerne l’aménagement des bas-fonds. Dans ces zones, la population n’y est pas maintenant mais nous allons les faire venir. Nous ferons ces aménagements pour le repeuplement de ces zones arides.
Entretien réalisé par Moïse Keïta
Source: Le Sursaut