Sur la base du rapport de force sur le terrain entre les 24 candidats inscrits sur la liste et le taux de retrait des cartes d’électeur biométriques (seule pièce de vote) à moins d’une semaine du scrutin, on peut d’ores et déjà rejeter l’hypothèse d’une éventuelle victoire dès le 1ère tour ou ‘’ Takokelen’’. Sans aucun doute le scrutin du 29 juillet connaitra un second tour. Cependant, comme vécu en 2013, le candidat de l’URD et de la plateforme ‘’ Ensemble Restaurons l’Espoir’’ Soumaïla Cissé, non moins chef de file de l’opposition malienne est fortement pressenti pour rediscuter dans un duel ardu, les clés de Koulouba, avec le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, candidat de la plateforme ‘’Ensemble pour le Mali’’.
Ainsi, que proposent-ils en termes de solutions aux maux relatifs à la restauration de la paix, de la sécurité, de la réconciliation nationale, de la cohésion sociale ainsi que de la promotion de l’emploi des jeunes dans leur projet de société respectif. Analyse comparative !
En 2013, la résolution de la crise du nord était au centre de toutes les préoccupations au Mali. A cet effet, les compétences et les stratégies des candidats dans la gestion et la résolution de cette crise ont été des vecteurs extrêmement importants pour guider les électeurs maliens dans leur choix. Si cela ne semble pas être le cas cette année, les urgences du moment actuel, obligent les Maliens de porter un regard sur les projets de société des candidats, surtout sur les points relatifs à la prise en charge de la sécurité au nord et au centre du pays ainsi que la restauration de la paix.
Président sortant, candidat à sa propre succession, le projet de société d’Ibrahim Boubacar Keïta dénommé « Notre Grand Mali Avance » est structuré autour de cinq axes, déclinés en défis et actions.
Les recettes du ‘’Mandé Massa’’ !
En soixantaine de pages, le candidat aborde dès le premier axe, ses actions à entreprendre pour la restauration de la paix, la sécurité, la défense, la réconciliation nationale et la cohésion sociale.
En termes de sécurité, IBK envisage le renforcement des effectifs en nombre et en qualité par le recrutement de plusieurs milliers de militaires et la promotion des valeurs militaires. De même que, l’acquisition de moyens complémentaires dans le cadre de l’optimisation des moyens opérationnels et la recherche de moyens opérationnels adaptés à la nouvelle configuration des menaces. S’y ajoutent la poursuite de la mise en œuvre de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM N°008 du 05 Mars 2015 et celle relative à la sécurité intérieure LPSI N°029 du 14 juillet) en mettant en place un Conseil supérieur de crise auprès du président de la République.
En plus de ceux-ci, le candidat de l’EPM ambitionne de mettre un accent particulier sur l’optimisation de la sécurité territoriale de façon rationnelle, le renforcement des capacités opérationnelles des services de renseignement, la poursuite du plan intégré de sécurisation des régions du Centre ainsi que la création d’unités de forces spéciales au niveau des capitales régionales.
Quant aux actions concernant la défense, IBK compte assurer le maillage cohérent du territoire à travers l’optimisation de l’accompagnement des forces partenaires (MINUSMA-Barkhane-Force Conjointe) et l’intensification des opérations au Centre et au Nord du Mali.
Les autres actions envisagées par lui, s’inscrivent respectivement dans le cadre de l’amélioration des capacités opérationnelles, le renforcement du soutien logistique ainsi que l’amélioration du cadre de vie et de travail du personnel et du commandement.
Pour la paix et la cohésion sociale, le président sortant projette de renforcer le cadre institutionnel favorable à la cohésion sociale par une prise en charge (psychosociale) des jeunes déradicalisés et la promotion de l’intégration et l’insertion des couches sociales vulnérables sur l’ensemble du territoire national.
Dans ce même volet, IBK entend œuvrer davantage à promouvoir le dialogue social et impliquer les leaders d’opinion et la jeunesse par l’instauration du dialogue Etat-communautés avec la consolidation et le renforcement des capacités des missions d’appui à la réconciliation et à la paix.
Soumaïla Cissé sur la même longueur d’onde !
« Il est hors de question que la sécurité du pays repose durablement sur des dispositifs extérieurs, quand bien même ceux-ci seraient mis en place par les Nations Unies ou des pays amis. Il en va de la souveraineté » tel est l’analyse du candidat Soumaïla Cissé pour aborder la question de la sécurité dans son projet de société.
Un Projet bâtit sur 5 piliers et intitulé : ‘’ Ensemble Restaurons l’Espoir’’. Il traite la question de la restauration de la paix, la sécurité et l’autorité de l’Etat à travers quatre dimensions.
Dans ses mesures principales pour atteindre la 1ère dimension titrée ‘’ Modernisons et Remobilisons les Forces Armées et de Sécurité’’ le candidat de l’URD et de la plateforme d’alliance ‘’ Ensemble Restaurons l’Espoir’’ envisage la création de Brigades d’Intervention Rapide (BIR), l’amélioration du budget de l’armée et l’accélération de la réforme du secteur de la sécurité. S’y ajoutent, le renforcement de la gouvernance des forces armées et de sécurité ainsi que le renforcement de l’équipement militaire adapté aux types de menace.
Pour Soumaïla Cissé, la modernisation et la remobilisation des forces armées et de sécurité passent également entre autres, par le renforcement de la discipline au sein des personnels, l’affectation de ressources budgétaires supplémentaires pour améliorer les conditions de vie des hommes de rang et la mise en place d’un hôpital militaire et de service de transport d’urgence des blessés au combat.
A la différence de son ‘’concurrent’’, Soumaïla Cissé après avoir établit le constat que la faible présence de l’Etat ainsi que ses défaillances politiques, économique et administrative des dernières années ont crée un terreau favorable à la prolifération de divers groupes armés et au développement du banditisme, préconise de fortes mesures pour ‘’Redéployer l’Etat sur l’Ensemble du territoire au Service des Citoyens’’.
Pour s’y prendre, le chef de file de l’opposition compte entreprendre entre autres mesures, la mise en place d’un programme vigoureux de lutte contre le trafic de drogues, la mise en œuvre d’un plan coordonnée de redéploiement des forces armées et de sécurité au Nord et au Centre dans le cadre d’un plan global de sécurisation du territoire, la mise en place d’un plan sécurisé de redéploiement de l’Administration et des projets de développement dans le Centre et le Nord avec l’implication des élus et des populations ainsi que la mise en place d’un plan ambitieux d’amélioration des conditions de travail et de vie affectés dans les régions.
Dans le cadre de la lutte contre l’impunité et les violations des droits de l’homme, inscrit au 3ème point de son premier pilier, le candidat Soumaïla Cissé projette d’élargir la compétence du pôle judiciaire « antiterrorisme » aux crimes de guerre, diligenter l’instruction dans les procédures judiciaires en cours concernant les crimes graves perpétrés dans le contexte de la crise, en particulier ceux relatifs aux violences sexuelles. D’autres mesures comme l’adoption et la mise en œuvre d’une loi de réparation en faveur des victimes et leur prise en charge immédiate, sont énoncées.
Quant au 4ème et dernier point de son premier pilier, il est relatif à la réconciliation nationale. Sur ce chapitre ‘’ Soumi Champion’’ met l’accent sur, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, assurer le traitement diligent aux recommandations de la Commission Justice et Réconciliation (CVJR), la prise en compte des diversités communautaires et des diversités régionales dans l’élaboration des politiques publiques.
Absence de propositions concrètes de part et d’autre !
A l’analyse des propositions de ces deux candidats favoris, il ressort des manquements graves tendant à la restauration de la souveraineté du Mali. Aucun de ces deux candidats ne propose concrètement avec un délai précis le retour des régions du Nord, notamment Kidal dans le giron de la République du Mali. Idem pour la fin de la tutelle de la Communauté Internationale sous laquelle le Mali est plongé. Il n’est pas exagéré d’affirmer que l’atteinte du bout du tunnel pour notre pays n’est pas pour demain. Que Dieu sauve le Mali.
La Rédaction
Source: Le Sursaut