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L’affaire de démolition de Bolibana dépasse de loin un simple litige foncier : Cri de cœur de la famille Diakité

La famille Diakité s’est encore  réunie pour  une énième fois, en vue de trouver les voies et moyens permettant de  restaurer cette ‘’injustice’’ qui vise à confisquer leur patrimoine domanial qu’elle possède depuis près de 67 ans.  Ce mardi 20 août 2019, elle était face à la presse pour partager avec cette dernière, les récentes  évolutions dans  cette affaire combien de fois complexe. Les héritiers du feu Ba Sidiki Diakité ont promis d’employer tous les  moyens de recours possibles  pour être remis dans leur droit.

 

La famille Diakité n’arrive pas, jusqu’à présent,  à  comprendre tout le paradoxe qui se  cache  dans ce litige  qui l’oppose à Alfousseyni Oumar Maïga, à la suite de l’achat d’un domaine  avec Fatoumata Kelly, héritière  de la propriété  en litige. Il s’agit d’une partie d’un  même domaine partagé équitablement  entre la famille  Diakité (Ba Sidiki Diakité et sa sœur) et la famille Kelly (les enfants de la demi-sœur de Ba Sidiki Diakité), par leurs parents communs  Ba Niamoye  Touré et son époux Issa Touré, bien avant les indépendances. Selon Bani Diakité, un des héritiers  de  feu Ba Sidiki Diakité, leur Papa  a  acquis un permis  pour sa parcelle en   1952, et en 2004,  un titre foncier global du domaine, enregistré Tf numéro 2001/commune du district de Bamako, avec les numéros 224 pour les Kelly et 224 bis pour la famille Diakité, avec Maguiraga. Deux parcelles sur lesquelles vivaient paisiblement les deux familles respectives, du moins, jusqu’à la vente par  Fatoumata  Kelly, vers 2008, de  la  parcelle (numéro 224),   après le décès  de leur PAPA, le vieux Kelly. Au lieu que le service des domaines fasse une expertise pour délimiter les deux lots du même titre global, la famille Diakité s’est  surprise  de voir le nouveau propriétaire Alfousseyni Oumar Maïga,  réclamé au nom de son fils, Mohamed Lamine Maïga  1/3 de sa parcelle qui se trouverait dans  la famille Diakité.   N’y étant pas parvenu, monsieur Maïga  tire l’affaire au niveau du tribunal.  C’est le début des soucis.

Transformation du titre en permis

 En 2011, selon Bani Diakité, le titre du vieux Diakité est reconverti en permis sur la base de deux jugements différents de la  même affaire, le même jour  (jugement Numéro 240) et   au  même  tribunal  par des juges différents.  Sans que soit représentée la famille Diakité. Ainsi, le jugement sur lequel se base le nouveau propriétaire, est fait, selon les frères Diakité,  sur la base d’un croquis  sur une feuille A4, sans signature et sans cachet appelé, « croquis  de partage de l’ilot 114 ». Une décision qui a autorisé finalement   la mise sous astreinte de la famille Diakité, selon Bani Diakité,  en raison de 10.000F/jour, pour  les années d’occupation de cet espace (1/3 que réclame M. Maïga). Et ensuite de   la  vente aux enchères  et le rachat du domaine de la famille  Diakité par le même M. Maïga. Cela aussi, sans aviser préalablement les locateurs du domicile, par  le bureau du commissaire-priseur Zoumana N’Tji.

L’inexistence des données de M. Maïga dans les archives du Cadastre 

 Les frères Diakité ont déclaré  que les renseignements menés  au niveau des services techniques du   domaine  foncier ont  tous  indiqué l’inexistence des données dont  dispose M. Maïga, sur la base desquelles est fait le jugement.  La directrice nationale des domaines, Mme Sy Hawa Diallo, à l’époque, a déclaré  selon Bani, que le titre foncier du domaine litigieux était  toujours au  nom du feu Ba Sidiki Diakité.  Et que l’institut géographique du Mali (IGM) avait également  déclaré que les ilots qui figurent sur  les documents de justice n’existaient   pas dans les archives du Cadastre.

Les déclarations des responsables des services des domaines rejetées par la justice 

 Après les différentes démarches au niveau des départements en charge de la gestion du foncier, selon Bani,  toutes les déclarations  faites par les directeurs des services en charge du foncier, jointes au dossier d’appel des héritiers du feu Ba Sidiki Diakité ont été rejetées par la justice, ainsi que le pourvoi d’ordre du ministre de la  Justice de transition Malick Coulibaly. Pis, M. Alfousseyni Maiga a pu se procurer, au-delà de tout ça, un titre foncier (le TF numéro 508/commune III du district de Bamako, sans  aucune mise à jour de l’ancien, selon Bani, par un cabinet d’expertise.

La maison entièrement démolie sous une forte  protection des  forces de l’ordre 

 En cette saison pluvieuse, la décision de justice, favorable à Alfousseyni Maiga, a entièrement démoli la famille Diakité, mettant au-dehors  les femmes et les enfants qui dorment  désormais  à ciel ouvert, à même le sol.

Fatoumata redéfinit les limites de la parcelle vendue  

 Dans le cadre de trouver un dénouement favorable à  cette crise qui s’étend dans le temps, une délégation composée de notabilités  du quartier, dont l’Imam Boua Koureichi, s’est   rendue à Moribabougou, où réside  Fatoumata Kelly, héritière de la famille Kelly, ayant vendu la parcelle à M. Alhousseyni Maiga et son fils. L’objectif était, selon l’héritier de  la famille Diakité, que la concernée Fatoumata  intervienne  pour départager le nouveau propriétaire de sa  concession et la famille Diakité voisine. La note de l’huissier de justice faite pour la circonstance, affiche   que Fatoumata Kelly, 70 ans à l’heure actuelle a indiqué n’avoir jamais vendu un seul mètre de la concession de la famille Diakité, qu’elle considère d’ailleurs comme la sienne. Dans cette note, Fatoumata Kelly a  également bien  indiqué les limites de la propriété qu’elle a vendue  à M. Maiga. Elle a dit que les limites   sont bien visibles  par les murs d’un soubassement qui séparent les deux parcelles.

Alfousseyni ne veut-il pas voir la réalité ?

 Alhousseyni Oumar Maïga, ce délégué financier au ministère des Affaires étrangères et ancien contrôleur financier, aux services  respectifs  de l’ORTM, du ministère de la Défense et de la Santé,  veut coute que coute avoir cette partie de la parcelle qu’il réclame, oubliant que les anciens quartiers de Bamako sont fondés sur la base de la  réhabilitation. Une procédure différente du morcellement parcellaire actuel, dans lequel, toutes les dimensions des parcelles d’un quartier sont quasiment identiques. Ou du moins, refuse-t-il d’accepter la vérité, puisque, selon les frères Diakité, en 2003 lors de sa demande d’autorisation de construire, les limites de la même parcelle étaient bien indiquées sans erreur sur ses dossiers.

Naissance d’un nouveau front de défense 

 La jeunesse du quartier de Bolibana et environs regroupés  au sein d’un  le nouveau  Front des jeunes de Bamako pour la défense des héritiers du feu Sidiki Diakité n’entend  pas croiser les bras. Elle estime que ceci est un phénomène  appellé ‘’ jantrification’’,  une méthode utilisée, selon elle, par les hommes riches, en vue de se procurer tous les  espaces juteux  du centre-ville en  obligeant les propriétaires pauvres   à aller dans les périphéries. Ce regroupement de jeunes  contre les spéculations foncières s’est engagé  à  jouer toute sa partition pour restaurer justice. Le nouveau  front  a aussi promis de s’engager résolument contre  toutes les situations injustes similaires à Bamako, au-delà  de celui de la famille Diakité. Il prévoit un sit-in dans la famille démolie du feu Ba Sidiki Diakité,  demain  samedi.

Une correspondance au niveau de toutes les institutions du Mali 

 Les frères Diakité désespérés de cette décision de la justice malienne, ont  envoyé en début du mois d’août, une correspondance  à toutes les institutions du Mali, y compris au Haut conseil islamique et chez l’archevêque de Bamako. L’objectif de cette correspondance est d’interpeler les plus hautes autorités du Mali à voir de plus près,  cette situation préoccupante. Les frères Diakité ont  aussi appelé les tenants du pouvoir à s’impliquer davantage  en faveur de la justice, dans un pays qui souffre déjà de multiples crises.

ISSA DJIGUIBA

Source : Le Pays

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