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L’absurde et dangereux gâchis du Nord du Mali

Tout est mal pensé et mal mis en œuvre dans les affaires du Nord-Mali. Violant les accords de paix de Kidal (23 mai 2014), conclus sous les auspices du Président mauritanien, des unités de l’armée malienne (car la milice GATIA est, en réalité, un corps franc de l’armée composé de Touaregs rémunérés) ont attaqué Ménaka le 28 avril. Ce qui a été constaté par la MINUSMA dans ses communiqués officiels. Les éléments de défense des populations du Nord-Mali (Azawad), la CMA (Maures, Songhoïs, Peuls, Touaregs) ont – ce qui était prévisible – lancé des ripostes vers Léré et Tombouctou.

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Tout ceci a été provoqué par les milieux ultras de Bamako qui ne supportent pas que les populations du Nord se rebellent. Or, cette révolte est si ancienne que le pouvoir devrait en rechercher les causes et tenter d’y remédier en répondant aux revendications des populations, lorsqu’elles sont fondées, et en recherchant la réconciliation nationale. Le dernier prétexte pour ce retour de flamme et de haine est la conséquence des débats au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. On connaît mieux les conditions dans lesquelles le Conseil de sécurité des Nations unies, lors de sa réunion du 9 avril dernier, s’est fourvoyé et discrédité en intimant aux organisations représentatives des populations du Nord-Mali de parapher l’«accord de paix» proposé à la signature lors des négociations d’Alger. Des menaces de sanctions dirigées contre les chefs des mouvements azawadiens ont été suggérées, telles, en particulier, des interdictions de voyager, ce qui ne va pas dynamiser les négociations à Alger ou ailleurs.

Faut-il donc rappeler au Conseil de sécurité que les règles les plus élémentaires, tant de la diplomatie que du droit, sont qu’un accord n’est juridiquement valable que s’il est obtenu librement, et qu’il n’est mis à la signature que si toutes les parties en sont d’accord ? Or, les discussions d’Alger se sont déroulées à l’opposé de ces principes fondamentaux et, de surcroît, la simple application des règles légales maliennes sur la décentralisation a été refusée aux populations du Nord.

Faut-il rappeler au gouvernement de Bamako que ses populations du Nord demandent simplement l’application des règles démocratiques, des droits de l’homme et du droit malien ?

Faut-il rappeler à la France et aux pays européens que le feu qui couve sous nos pieds alimente la mort, la misère, le terrorisme et le tsunami des réfugiés ? Que la situation qui en résultera sera inévitablement et directement la cause de l’aggravation de la situation politique au Mali, et de celle du sort des populations abandonnées au Nord. Et donc, par-delà, de toute l’Afrique de l’Ouest, du Nord-Cameroun, jusqu’aux rives des Syrtes, puis à celles du sud de l’Europe. Le Nord-Mali est le corridor du terrorisme : il peut et doit en devenir le verrou.

Le processus d’Alger est mort-né. Il est vital, pour l’Afrique et l’Europe, qu’une nouvelle négociation reprenne, ailleurs, sur des bases de la plus grande loyauté, du respect et du consensus mutuels. Et surtout, enfin, selon les principes fondamentaux du droit international et du droit malien.

Le 6 mai à Ouagadougou, les organisations du Nord-Mali (Azawad) ont reçu en délégation le représentant spécial de l’Union européenne pour le Mali, mais le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU (RSSG) pour le Mali, responsable de la MINUSMA, ne s’est pas déplacé. Or, il s’agissait, une fois encore, de contraindre la coordination du Nord à signer le diktat d’Alger lors d’une prochaine réunion à Bamako, le 15 mai prochain, sans retoucher un texte non négocié. Le tout sous la menace de déclarer « forces hostiles à la paix » les organisations revendicatrices. La France couvre-t-elle ce déni du droit et ce dangereux gâchis ?

Henri Temple

Source: bvoltaire.fr

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