La prise du pouvoir d’Etat par les armes est d’une autre époque. Plus jamais d’hommes en armes à la tête d’un Etat, surtout en Afrique de l’ouest. Deux exemples en sont la parfaite illustration. En effet le 22 mars dernier, à quelques mois de l’élection présidentielle au Mali, le Président élu, Amadou Toumani Touré, est renversé par un coup d’Etat. Le capitaine Sanogo se présente, alors, comme l’homme fort du pays.
Il s’empare du pouvoir et devient président du Comité national pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’État (CNRDRE). Malheureusement, pour lui, il n’aura pas le temps de savourer sa victoire. Sous la pression de la communauté internationale et de la CEDEAO, le capitaine est contraint à lâcher le pouvoir. Il rétablit les institutions démocratiques qui prévoient que l’intérim de la présidence de la République revienne au président de l’Assemblée nationale. Dioncounda Traoré devient le président par intérim du Mali. Le pouvoir d’Amadou Haya Sanogo n’aura duré que 20 petits jours. Plus grave, depuis le 27 novembre dernier, l’homme fort de Bamako est arrêté et écroué dans la capitale malienne. Entre temps, une élection présidentielle est organisée au Mali. Elle a porté à la tête du pays Ibrahim Boubacar Keita. Autre date et autre pays. On prend les même, hommes en treillis et on recommence. Le 12 avril, c’est au tour de la Guinée-Bissau d’être secoué par un coup d’Etat. Entre les deux tours de l’élection présidentielle, des hommes en armes s’emparent du pouvoir. Comme au Mali, ils sont contraints sous la pression de la communauté internationale et toujours de la CEDAO de quitter le pouvoir. On le voit, plus que jamais les coups d’Etat ne sont plus à l’ordre du jour. La Côte d’Ivoire ne saurait faire acception de cette nouvelle dynamique qui veut que seule la voie des urnes soit le moyen de désignation des autorités devant présidés aux destinées de leur peuple. Et la communauté internationale ne saurait cautionner une telle forfaiture dans un pays, comme la Côte d’Ivoire, où elle s’est beaucoup investie. Qui ne se souvient de son implication dans l’organisation de la présidentielle de 2010. Une élection qualifiée de la plus chère au monde, ayant engloutie plus 120 milliards de FCFA et qui a vu l’implication de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dans son organisation. Au point où, en accord avec toutes les parties, il a été décidé que l’ONUCI certifie les résultats de l’élection présidentielle. Ce qui a été fait par Young-Jin Choi alors représentant spécial du secrétaire général de l’ONU. Après une telle implication, on voit mal la communauté internationale retourner sa veste et faire la promotion d’un coup d’Etat au pays d’Houphouët-Boigny. Il faut donc inviter les uns et les autres à réfléchir et réviser leurs noirs desseins. Car désormais, pour parvenir au pouvoir, aucune autre issue, en dehors des urnes, n’est envisageable.
Thiery Latt