Les groupes terroristes ont à nouveau fait la une des informations dernièrement en attaquant le camp militaire nigérien d’Inatès. Il est inutile de faire couler encore plus de sang et d’encre à ce sujet ; la défaite est consommée pour les armées africaines face à ces combattants terroristes, aguerris et déterminés. Le sujet a été suffisamment analysé, débattu, extrapolé, parfois déformé.
Ce qui mériterait en revanche d’être sérieusement clarifié, ce sont les protagonistes de cette attaque. L’Etat Islamique a revendiqué sa victoire rapidement. Mais dans le même temps, sur les réseaux sociaux, d’autres informations sont apparues. En effet, la participation du JNIM et la présence de combattants du HCUA sont évoquées. Parle-t-on des mêmes personnes ? Faut-il imaginer que le JNIM a prêté main forte à l’EIGS ?
Ceci est plausible voire probable. Par le passé déjà, des combattants du JNIM sont venus renforcer l’EIGS avant de partager le butin à l’issue de leur forfait. Les deux groupes terroristes sont gagnants mais c’est l’EIGS qui s’arroge la victoire. Ainsi, malgré des dissensions, cela prouve que les terroristes sont capables de les mettre de côté pour des intérêts purement prédateurs comme celui consistant à se nourrir sur les forces de sécurité pour piller leurs ressources en armements, véhicules et nourriture… Peut-être même l’intérêt suprême étant de prouver leur capacité de nuisance aux yeux du plus grand nombre.
Cette complicité entre les groupes terroristes démontre indirectement que l’EIGS ne peut être à la hauteur de ses ambitions malsaines sans l’aide du JNIM. Il semblerait finalement qu’à chaque attaque, l’EIGS ait eu besoin du soutien de son adversaire. Ce besoin remet en cause la puissance du groupe terroriste et sa capacité à mener seul des attaques.
Quant au JNIM, s’il accepte de participer aux actes de prédation de l’EIGS, c’est qu’il ne peut se permettre de refuser. Ainsi pour « faire son marché » en matériels et munitions, le JNIM met de côté ses principes religieux et politiques et n’hésite pas à s’allier à son adversaire. In fine, le JNIM vend ses services contre rémunération, financière et matérielle. Comment le JNIM justement peut-il se permettre de prétendre défendre l’idéal d’un Islam traditionnel protecteur de la population lorsque l’on se soumet aux désirs et délires de l’Etat Islamique ?
Car si la vérité rougit l’œil, il ne faut pas oublier les autres sens : « L’homme mourant n’a pas d’oreille » !
Mamadou Bare
Malivox