Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

La République en pleine zone de turbulence

Le compte à rebours de la restauration du Mali est lancé depuis un certain 25 septembre 2020, date d’investiture du Président de la Transition, marquant également le début de la période de transition de 18 mois tel que prévu par la Charte et l’accord conclu entre les nouvelles autorités et la Conférence des chefs d’Etat de la CEDEAO. Le pari est à haut risque et les plus dubitatifs diront qu’il s’agit d’attraper les étoiles ou de chercher le mouton à cinq pattes. Près de 6 mois après le début de cette transition, un constat fait désormais consensus : le miracle n’a pas eu lieu, le Mali kura devient chaque jour un peu plus chimérique. Entre offuscation de la population et confiscation du pouvoir qui s’absolutise, la confiance entre gouvernants et gouvernés est atomisée par un cynisme froid de mépris. Et pour cause !

L’Administration se militarise à un rythme scandaleux pour un pays qui est en guerre et qui est devenu le point de convergence de toutes les armées et polices du monde au nom de la solidarité universelle. Pis, cette militarisation, depuis quelques semaines, s’exporte dans ports maritimes. L’entrisme systématique pratiqué par les hommes en kaki devient immonde. Les protestations élevées çà et là n’y font rien. Pour le moment en tout cas !
En outre, s’il y a un terrain sur lequel les nouvelles autorités alimentaient tous les fantasmes, c’est bien celui de la sécurisation des personnes et des biens. Loin de toute candeur, les déclarations tonitruantes des nouveaux oracles inclinaient à un tel optimisme. Le Commandant de bord déclarait, lors de sa prestation de serment : « leur sanctuaire (NDLR : celui des terroristes) s’élargit au détriment de la sécurité nationale. Les demi-victoires ne suffisent plus pour les vaincre. Nous devons gagner totalement et durablement. Pour cela, il faut certes une gestion politique là où celle-ci est nécessaire mais il est important de se doter de moyens les plus dissuasifs possible à travers une armée aguerrie, matériellement soutenue et moralement prête ».
Mais, six mois après le début de la Transition, il faut transiger avec les jihadistes pour un répit d’un mois ; il faut se résoudre à laisser la souveraineté de certaines parties du territoire national à des jihadistes qui y exercent un règne sans partage au vu et au su de tout le monde.
Quid des réformes politiques ? Alors que le Dialogue National Inclusif recommande la mise en place d’un organe unique de gestion des élections et que la Transition s’est inscrite dans la dynamique de ce DNI, le Premier ministre annonce gaillardement qu’il faut mettre une croix sur cette innovation qui, soit dit au passage, fait partie des recommandations maintes fois exprimées par les missions d’observation électorale de la CEDEAO. Conséquence : une guérilla politique se met en place.
Sur le front de l’école, les syndicats d’enseignants, nonobstant les belles promesses des autorités de la Transition, n’ont jamais baissé véritablement la garde. Ce, alors que dans plusieurs autres secteurs, l’on assiste à des grèves perlées qui traduisent un malaise social.
Loin de toute rhétorique périlleuse, il y a bien une situation qui laisse poindre un cocktail explosif de frustrations qui provoque une césure ontologique entre le peuple et les autorités, rétrécit les ambitions pour le Mali.
Le challenge pour les autorités de la Transition est de rétablir leur crédibilité, parce que la confiance de la population, dans sa franche importante, a été sérieusement entamée. Il est difficile de croire des gens pour qui les promesses ne sont que des baudruches qui éclatent au premier coup de vent, pardon à la première occasion mielleuse.
Dans la logique de sombrer de Charybde en Scylla, avec les applaudissements des rentiers politiques et leur médiocrité subventionnée, l’espoir d’un changement en profondeur est enterré sous des pelletées de vulgarité. Ils se prosternent avec une platitude de valet devant le nouvel homme fort à qui ils font croire le miracle d’une élection à la présidence. Que trouver un intelligent ayant le petit doigt sur la couture du pantalon parmi cette bande de zélateurs ! Décidément, le Colonel d’aviation est en pleine turbulence. Il gagnerait à tenir fermement les manettes pour que son coucou ne se crashe pas et pour le salut de la Transition. Il est encore possible de corriger le cap.

PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance