Un atelier a été organisé à Bamako par la MINUSMA les 5 et 6 octobre 2022 pour favoriser l’autonomisation des femmes par la prise de parole en public.
Il avait pour objectif spécifique de permettre aux femmes de mieux faire entendre leur voix, par l’appropriation des techniques de la prise de parole en public et des codes du langage non verbal.
Réunissant 85 femmes et des jeunes filles leaders mais aussi des hommes œuvrant à la mise en œuvre de la politique nationale du genre ont pris part à cette initiative novatrice.
Comprendre que la prise de parole va au-delà des mots
Durant deux jours, au cours de séances de partage d’expériences, les savoirs et techniques pouvant améliorer la prise de parole des femmes en public ont été passés en revue. Les intervenants ont ainsi montré de façon détaillée comment la voix et le corps contribuent à accroitre ou non l’influence de celle qui s’exprime, en la plaçant ou non, dans le bon rôle. Plus encore, ces présentations ont abordé la détection des comportements féminins non verbaux (et en particulier vocaux) qui portent préjudice et comment ces derniers enferment les femmes dans des rôles qui les empêchent de s’affirmer.
Comprendre les origines de ces comportements et acquérir des outils pour reconditionner le rapport des femmes à la prise de parole et au leadership, l’appropriation des règles de la prise de parole en public ou encore, la formulation d’une intention sous-jacente au message, qui lui donnera plus de force ont également été abordés.
Des outils simples et concrets pour maîtriser le langage non verbal (corps et voix), afin de mieux gérer l’image renvoyée, mais aussi captiver l’auditoire et l’influencer ont également été exposé au bénéfice des participant(e)s. Pour Samantha BUONVINO, Cheffe de l’unité genre de la MINUSMA :
« cet atelier est une illustration des nombreuses actions par lesquelles la MINUSMA contribue au renforcement du rôle des femmes du Mali dans les processus de paix et de transition. Les femmes et les filles étant des actrices incontournables pour surmonter les plus grands défis auxquels elles sont confrontées, les exclure signifie faire échouer un processus de paix durable et représentatif. Pour Mme BUONVINO, les femmes autant que les hommes, doivent être entendues, valorisées et appréciées dans l’ensemble de la société, pour que leurs voix puissent refléter entièrement et fidèlement leurs perspectives contribuant à une vision de paix inclusive, représentative et durable ».
Bousculer l’usage pour la bonne cause…
Des femmes mais aussi des hommes, personnalités possédant une expertise avérée dans leurs fonctions et domaines d’activité respectifs, ont été choisies pour exposer ces différents thèmes. Parmi elles l’ancienne ministre de la Promotion de la femme et présidente de WILDAF (réseau d’associations et d’ONG de promotion et de protection des droits des femmes au Mali) Bintou Founé SAMAKÉ BOUARÉ.
Dès l’entame de son propos, la militante rappelle : « Dans notre société, en tant que femme, parler en public n’est pas une tradition ou une coutume chez nous. La femme ne doit même pas élever la voix ».
Pour Zeinaba MAÏGA, c’est ce fait de société dont il faut tenir compte pour mieux le contourner. L’animatrice d’émissions TV, activiste, membre de plusieurs associations dont le Conseil Consultatif National des enfants et jeunes du mali (CCNEJ), renchéri et explique : « Les femmes ont tendance à se taire sur leurs propres problèmes par peur de s’exprimer. Alors que lorsque l’on s’exprime, on tue une anomalie en nous-même. Donc j’encourage la prise de parole en public, » ajoute la plus jeune des panelistes, avant de se montrer reconnaissante du choix porté sur elle car dit-elle : « Ce matin, en m’exprimant devant ces personnes, j’ai acquis une autre expérience. Ce n’est pas en restant à la maison ou à l’école en apprenant les techniques de prise de parole en public qu’on va savoir parler en public. C’est en se mettant à l’exercice, en public que l’on peut y arriver (…) C’est vraiment important qu’une femme prenne la parole. On ne doit vraiment pas se taire sur certaines situations. Parfois, il faut prendre la parole pour dénoncer, il faut parler pour sensibiliser, il faut parler pour plaider une cause, » a martelé la jeune femme.
« On nous a appris des techniques qui dans l’avenir vont nous servir, notamment comment bien préciser ce que l’on a à dire, surtout les messages clefs. Il faut une préparation en amont, connaitre les cibles et le public face auxquels on va parler… » explique l’une des participantes, Niania SENE SANOGO, chargée de programme du Réseau pour l’émergence des jeunes femmes. Pour elle, c’est l’objectif même de l’atelier qui doit aussi être souligné : « Pour se faire comprendre, il faut que toi-même tu t’exprimes en tant que personne concernée. Ces problèmes, se sont nous qui les vivons. Si une autre personne le dit à notre place, ce ne sera jamais aussi juste que si nous, principales intéressées qui vivons ces problèmes, le disions. Il est très important que nous femmes on parvienne à comprendre cela pour faire part des difficultés et des besoins prioritaires que nous avons ».
Outre ces savoirs et techniques, « j’ai appris à avoir confiance en moi » souligne de son côté Nadia TAMAGUITE Ag MOHAMED de la Plateforme, groupe signataire de l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali, pour qui cela est fondamental.
De la théorie à la pratique
La première journée de formation a été consacrée au fait de discerner les méthodes de construction d’un discours et maîtriser sa déclamation. Pour concrétiser ces savoirs acquis la veille, le deuxième jour a été mis à profit pour mener des exercices pratiques sous forme de travaux de groupe. Ces mises en situation ont fait intervenir des techniques de formation et de coaching reconnues en la matière pour une formation spécifique à la subjectivité des femmes. Une approche qui assure leur implication effective.
Source : MINUSMA