L’arbitraire, la sélectivité et l’affairisme dans l’affectation des fréquences et autorisations d’émettre sont d’une évidence à crever l’écran. Quoiqu’un détail voire une goutte d’eau dans l’océan de boue où pataugent les médias maliens depuis l’avènement de cette Transition, les pratiques n’ont pas laissé indifférente Maison de la Presse. Son président est ainsi monté au créneau pour dénoncer et prendre à témoin l’opinion les méthode bancales d’une instance de régulation dont on ne saurait attendre meilleure posture, pour n’avoir jamais raté l’occasion de mériter son confort par une ostensible et extrême obéissance aux princes du jour. En clair, la HAC grassement rémunérée sur la bête, ne déroge point à sa tradition et à sa constance dans le rôle de bouclier des autorités, aux dépens de sa vocation de boussole de l’espace médiatique.
C’est au nom de cette besogne perverse, en effet, que les intérêts existentiels de la corporation sont constamment éclipsés et relégués, en dépit de la forte présence de confrères au sein de cet organe de régulation et au gré de velléités liberticides désinhibées à défier toute décence en atteintes et désacralisation des acquis démocratiques obtenus au prix de tant de sacrifices. Le retour du délit d’opinion et du règne de la chape de plomb, la culture de la répression et de l’autocensure, les privations de liberté tous azimuts sont redevenus monnaie courante au Mali et triomphent majestueusement d’une profession capitularde, désarçonnée et en perte criante de repères. Les profondeurs du mal qui l’affecte sont insondables, mais ses symptômes sont constamment apparus en surface par l’étonnante déficience de «réflexe grégaire» devant les multiples intentions d’épuration et de sélection des espèces médiatiques selon leur degré d’allégeance et de résistance à la tyrannie.
Si ces velléités tyranniques ont jusqu’ici prospéré c’est justement parce que des brèches ont été malencontreusement ouvertes par les organisations médiatiques, en l’occurrence la faîtière, qui a failli à sa mission en s’y prenant par des calculs inopérants, la compromission et la légèreté là où la fermeté et la loyauté aux principes intangibles étaient préférables. Il convient par conséquent de nuancer les mérites de la Maison de la Presse dont l’audace, l’entrain et l’engagement ne se manifestent avec la détermination requise qu’en fonction des circonstances – et ne paraissent inspirées que des affinités associatives de son président. En tout cas, sa posture ne parait guère plus enviable que celle de la HAC lorsqu’elle ses bruyantes dénonciations de la maldonne dans l’attribution de fréquences tranchent avec une docilité évidente sur les fermetures d’organes médiatiques, les restrictions d’accès à l’informations et même les privations de liberté.
En percevant les enjeux de la corporation par plus d’intérêt pour les vecteurs et supports de l’information audiovisuelle, la Maison de la Presse sacrifie plutôt à un mandat impératif vis-à-vis de ses origines associatives.
Source: Le Témoin