C’est la Minusma qui répète à souhait que sa mission consistait en une et une seule occupation : assurer la protection des populations civiles. Mais comment protéger les enfants d’une famille directement en ignorant le chef de famille ? Agir sur les intérêts des citoyens en dehors du cadre de l’Etat doit poser problème, car cela décrédibilise les plus hauts responsables, les rend inutile et mine les assises de l’Etat.
C’est le problème dans lequel l’Etat malien se retrouve – il est rendu impuissant, spectateur et mendiant pour sa propre sécurité- et cela est fait exprès. Mais, ces questions sont d’ordre général et il sied de retourner à nos moutons : l’après tuerie de Gao perpétrée par les casques bleus de l’Onu qui a plongé les Maliens dans un désarroi profond et transformé la suspicion envers la Minusma en haine farouche- d’aucun demande désormais qu’elle « dégage » du Mali.
Le crime a eu lieu le 26 dernier lorsque, sonné par la révélation de l’accord secret que la Minusma avait signé avec le Mnla pour « dégager Tabankort en vue de le livrer aux Touaregs de Kidal qui l’attaquaient depuis des semaines, les jeunes de Gao s’étaient rendu au camp de la Minusma pour manifester leur incompréhension. Un témoin oculaire explique : c’est par ces réactions inappropriées que les éléments de la Minusma ont énervé les manifestants qui ont réagi à leur tour.
« Quelques jours plutôt, les mêmes jeunes étaient partis au même endroit pour manifester leur soutien en faveur de la même Minusma par rapport à ce qui est leur arrivée à Kidal », a dit Almahady Cissé, président du collectif Cri de Cœur.
Le Collectif Cri de Cœur qui avait invité le peuple de Bamako, ce 1er février, pour échanger sur les suites de la tuerie de Gao et émettre une déclaration, se cale ainsi sur la position de bien de Maliens qui ne mettent pas en cause la présence de la Minusma au Mali mais son mandat. Le Collectif demande ainsi l’ouverture d’une « enquête pour situer les responsabilités » et les poursuivre en justice.
Mais en attendant et dans l’urgence, il demande la prise en charge des blessés et l’indemnisation des familles des victimes. Ces victimes, dont la liste définitive a été communiquée au Collectif Cri de Cœur ce même dimanche 1er février du mois, sont au nombre de 20- tous des jeunes et des scolaires : 4 tués par balles (de la Minusma) et 16 blessés. Parmi eux – les blessés – Alassane Touré.
Alassane Touré est gravement blessé car il a reçu une balle dans la tête. Cette balle loge encore dans la tête de la victime au moment où l’on met sous presse. Alassane est hospitalisé à Gao où les médecins ne sont pas outillés pour extraire la balle de sa tête. Dans le grand désarroi de sa famille et des siens et de la population de Gao. Alassane attend mais on ne sait quoi et on ne sait jusqu’à quand.
IBK a dépêché deux ministres qui ont bien préparé le terrain pour lui : ils ont largement écouté tous ceux qui avaient quelque chose sur le cœur. Il est allé donner un peu d’argent et dire aux Gaois que la Minusma, c’était nous et qu’il fallait savoir raison garder. Le Collectif préconise la prise en charge et l’évacuation d’Alassane Touré pour recevoir les soins appropriés. La Minusma qui n’a pas reconnu les faits et qui n’a présenté aucune excuse se sent-elle concerner par cette attente ?
Amadou Tall
Le Matin