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A la loupe : Mensonges parlementaires

Les députés du parti présidentiel, le RPM, tentent désespérément tout et plus pour blanchir et innocenter leur chef dans le naufrage général qui touche le Mali. Ainsi, ce n’est pas sous «la clairvoyante direction » du président Ibrahim Boubacar Kéita que le pays est en train de couler sous les effets dévastateurs des malversations et de la mauvaise gouvernance, mais par la faute de chef du gouvernement, Moussa Mara qui est devenu aujourd’hui plus que jamais l’homme à abattre. Mais ces élus avocats du diable ne répondent pas à certaines questions dont celles-ci : qui a nommé Moussa Mara Premier ministre, sous les ordres de qui travaille-t-il ? La réponse : Ibrahim Boubacar Kéita, président élu par plébiscite de la République. Il est difficile de faire croire même au citoyen le plus naïf de ce pays en déconfiture, que le Premier ministre est seul fautif, lui qui ne prend jamais aucune décision sans que cela ne soit « la volonté, la vision, l’instruction » du chef de l’Etat.

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Si le Premier ministre est seul coupable de cette chienlit, comme le prétendent les députés du RPM, c’est que le président de la République devrait démissionner aussitôt car il aurait été élu pour être dirigé au lieu de diriger. On le soupçonnait d’avoir nommé Moussa Mara parce que lui-même n’aurait pas de véritable projet de société et que le président de Yelema en avait un solide, mais de là à laisser celui-ci agir selon son gré est une thèse indéfendable. Ces députés gagneraient beaucoup à être honnêtes avec le peuple. S’ils ne savent pas exactement –pas plus que le commun des mortels- ce qui s’est passé avec cette histoire de mauvais marchés d’achat d’avion présidentiel et d’équipements militaires, il est sûr qu’ils savent que leur président n’est pas blanc comme neige. Par conséquent, tout comme la ministre de l’économie et des finances, son collègue en charge de la communication, l’ancien ministre de la défense, le président Ibrahim Boubacar Kéita doit répondre de « ces pratiques d’une autre époque,  au moment où le pays se bat pour son unité, son intégrité territoriale et la réconciliation de toutes ses filles et de tous ses fils pour lui permettre de reprendre sa place d’antan dans le concert des nations …», selon le bon mots de ces députés flagorneurs et courtisans de la basse-cour.

 

Le président aussi

Le Premier ministre aussi doit répondre, de cela mais aussi de sa contreperformance au sommet de l’Etat et de beaucoup d’autres choses. Notamment certaines incohérences dans certains de ses propos et actes. Après le désastre du 21 mai dernier, suite à son voyage tout de même légitime et brave en huitième région, le Premier ministre avait convoqué les patrons de presse pour leur dire, la main sur le cœur, que l’ordre d’attaquer le gouvernorat de Kidal ne venait pas du pouvoir politique. Ce qui incriminait, dans l’imagerie populaire, ipso facto la hiérarchie militaire. Et pourtant, c’est un homme politique qui sera limogé. Ministre de la défense, il est vrai, mais Soumeylou Boubèye Maïga est avant un acteur politique majeur de ce pays. Lors de ces mêmes événements, deuxième incohérence, c’est Moussa Mara qui fanfaronnait en affirmant, toujours la main sur le cœur, que les Forces armées maliennes (Fama) pouvaient venir à bout de n’importe quelle rébellion. Quelques mois plus tard, après que les Fama eussent bénéficié d’encore plus de formation et d’entrainement grâce à l’Europe, c’est ce même Moussa Mara qui, dans une sortie médiatique internationale dont les bénéfices douteux sont toujours incertains, avec son traditionnel air hautain et méprisant dénigrait les militaires maliens qui détalent au moindre coup de feu. Apparemment, « la montée en puissance » des Fama n’était que du bluff.

 

Sur le plan politique, il tenait coûte que coûte à prendre la présidence de la mouvance présidentielle alors qu’il ne compte qu’un seul député à l’Assemblée nationale.

Ses incohérences les plus notables sont relatives à la gestion des finances publiques. Présenté comme un brillant expert-comptable évoluant dans tout le monde et même au delà, le Premier ministre a affirmé devant la représentation nationale que des marchés publics incriminés s’étaient déroulés dans les règles de l’art.

 

 

L’expert-conteur

De quel art parlait-il donc? De l’art de profiter du ‘’secret défense’’ pour acheter des chaussettes en les surfacturant ou de celui de passer des marchés de gré à gré avec des fournisseurs non solvables ? On ne peut pas être un brillant expert-comptable et ne pas se rendre compte de surfacturations portant sur des dizaines de milliards de F Cfa pour des caisses  publiques quasiment vides. Peut-être que le brillant gestionnaire l’extrême pauvreté de ces caisses. Du moins, on est tenté de le croire parce que c’est encore ce même Moussa Mara qui, dans une interview accordée à votre journal, affirmait que même sans les prêts des bailleurs de fonds, le Mali avait les moyens de subvenir à ses besoins salariaux jusqu’à la fin de l’année. A ce jour, des fonctionnaires n’ont pas encore perçu leur salaire d’octobre, des retraités sont sans pension, des fournisseurs de l’Etat attendent encore le règlement de leurs factures.

 

Le brillant expert-comptable ne parvient même pas à payer ses propres collaborateurs a fortiori ceux de ses ministres. D’ailleurs, à part certains ministres RPM, les membres du gouvernement sont sans salaire depuis plus de cinq mois. Pour le budget de fonctionnement, on n’en parle même pas : ils sont obligés d’emprunter ou de quémander pour faire tourner leur département, surveillé par l’expert-conteur.

Mais la cause de l’extrême pauvreté de l’Etat est connue : la mauvaise gouvernance. Dont la faute n’incombe pas au seul Premier ministre mais aussi au président de la République et à certains membres de son entourage. N’en déplaise à ces menteurs parlementaires, laudateurs et courtisans de la basse-cour.

 

Cheick TANDINA

 

SOURCE: Le Prétoire  du   3 nov 2014.
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