La question de la civilisation est une problématique essentielle dans la plupart des sociétés modernes où la civilisation renverrait à une méconnaissance de soi. Nous ne sommes civilisés que lorsque nous nous comportons comme l’autre. Cela constitue une conséquence notable de la guerre engagée contre nos valeurs et se poursuivant sous d’autres formes.
Le terme civilisation est un concept qui effraie plus d’un dans nos sociétés modernes. Être un homme civilisé dans ces sociétés modernes, c’est se priver de soi pour tenter d’embrasser l’autre. Cet autrui dont l’objectif n’est autre que de nous écraser en mille morceaux pour réussir sa mission sanguinaire. Cette civilisation, au sujet de laquelle on n’a jamais cessé de nous rabattre les oreilles depuis les temps coloniaux jusqu’à nos jours, n’est-elle pas plutôt une technique d’exploitation et d’anéantissement programmé par les sociétés les plus avancées vis-à-vis des moins avancées ?
Nous savons qu’en arrivant chez nous, le colon, à travers ses missionnaires ecclésiastiques, n’avait d’autres mots sur ses lèvres que : civiliser les peuples noirs baignés dans l’obscurantisme, disaient-ils. Ils nous ont fait renoncer à ce qui était le spécifiquement africain et qui faisait notre valeur, notre force. Le noir s’est laissé dépouiller de toutes ces valeurs auxquelles le maître prend possession.
Cette technique n’a jamais été abandonnée par l’autre. Elle a juste changé de visage. À la manière directe a succédé la guerre par proxy. À travers les médias télévisés surtout, ils font attirer nos enfants vers des valeurs n’ayant rien à voir avec leur quotidien pour les empêcher de pouvoir se ressourcer et ainsi semer au fond de leur cœur l’envie de devenir l’autre. Dépourvus d’une grande rationalité, ceux-ci ne sont pas en mesure de comprendre que ces nouvelles manières ne sont que des techniques de déperdition. La raison faisant l’humanité, une fois que nous nous emparons d’elle, l’être n’est plus en mesure de voir clair. Il se voit balloter par le vent. Étant privé de sa propre langue et n’ayant pas accès à celle de l’autre, ces enfants sont incapables de se comprendre entre eux a posteriori comprendre ce que disent les autres. L’avènement des nouvelles technologies a été un moyen salutaire pour s’assurer de la réussite de cette mission destructrice.
Le Malien est devenu un être égaré
C’est la raison pour laquelle nous voyons que les sociétés maliennes sont très culturellement riches, mais également très pauvres sur le même plan parce que dépourvues de toutes leurs valeurs. Le Malien ne s’y connaît plus. Il est devenu un être égaré ou plutôt un acculturé qui ne sait que se plaire dans le manteau de l’autre. Cet autre qui ne l’a jamais apprécié et qui ne l’aimera jamais en dehors de ce rapport d’exploitation. Où sont passées la gérontocratie, les valeurs d’hospitalité, les grandes familles qui caractérisaient nos sociétés d’antan ? Comment sont gérés les mariages, l’éducation des enfants ? Tout a été bafoué en laissant à la place des valeurs complètement inversées. Preuve que la guerre par proxy contre nos civilisations est parfaitement réussie. La vraie civilisation aujourd’hui dans nos sociétés est de se laisser perdre dans l’inconnue en s’oubliant soi-même. Quelle société dégénérée !
Fousseni Togola
Source: Le Pays