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« La Grèce est une mine inépuisable d’enseignements pour l’Afrique » dixit Aminata Dramane Traoré

Le Débat économique, initié par l’association Le Forum de la Presse et animé par notre confrère Issa Fakaba Sissoko de la Radio Tamanis, a reçu pour son deuxième numéro les universitaires Aminata Dramane Traoré et Oumar Bouaré pour répondre à la question : « Quel modèle économique pour le Mali après la crise ? » Contrairement au premier numéro qui a été un débat très houleux, les deux invités du samedi dernier se sont montrés très courtois l’un envers l’autre. Ce qui relève de la surprise.

 

Les deux invités Aminata Dramane Traoré, ancien Ministre de la Culture et militante altermondialiste, Présidente du« Forum pour un autre Mali » et le Pr. Oumar Bouaré, économiste et universitaire, Directeur du Centre de recherche en Sciences économique et sociales, ont été très persuasifs sur le sujet.

L’éloquence et à la poigne de Aminata Dramane Traoré, une bête des face-à-face,  n’ont laissé personne indifférent dans la salle. Pluridisciplinaire, la militante altermondialiste et écrivain  a surfé sur l’actualité politico-économique mondiale (dont la plus saisissante reste le cas grec) pour critiquer le modèle économique du Mali et de l’Afrique. Le Professeur Bouaré, très posé et pondéré, défend de son côté ses idées sur les différents modèles économiques que le Mali a connus de l’indépendance à nos jours.

Pour l’altermondialiste, traiter du modèle économique du Mali reviendrait à le transposer à celui des autres pays africains ayant accédé à l’indépendance dans les mêmes contextes. Il s’agit pour Aminata Dramane Traoré d’un modèle économique imposé par l’Occident, aujourd’hui prisonnier du diktat des banques. Elle cite pour l’exemple, le cas grec. Le pays d’Alexis Tsipras souffre aujourd’hui de la rigueur budgétaire que lui imposent ses créanciers occidentaux. Tout comme le projet économique du Président Modibo Kéita gênait les grands d’alors, l’histoire de la dette grecque est « dramatique » et la « liste des victimes du système est très longue », compare Aminata Dramane Traoré, prenant à témoin Lumumba, Nkrumah et Sankara.

En clair, pour Aminata Dramane Traoré, ce sont les banques qui contrôlent le monde et ce sont elles qui dictent leurs lois aux dirigeants de l’Europe. Parlant justement du cas grec, Aminata Dramane Traoré pense que François Hollande n’est pour rien dans cette guerre économique contre la Grèce. Le Président français aurait pu être à la place de Tsipras, argue-t-elle. « La Grèce est une mine inépuisable d’enseignements pour l’Afrique. Les socialistes ne sont plus vraiment loin des libéraux et cette crise constitue un tournant… », poursuit-elle. Un avis que ne partage pas le Pr. Bouaré, plutôt libéral. Le choix de modèle économique du Mali est la conséquence de la mauvaise gouvernance. Les institutions financières de Bretton Woods n’interviennent que par ce qu’elles sont sollicitées par les pays concernés, pense-t-il.

Remontant à la période des indépendances, Aminata Dramane Traoré estime que nous ne sommes toujours pas dans un schéma de développement tant le modèle économique post-période socialiste « a produit des inégalités et des guerres. » Elle appelle le Mali et l’Afrique à revaloriser et à consommer les produits locaux.

La guerre au Mali étant la trame du débat, Aminata Dramane Traoré et le Pr. Bouaré ont donné leur point de vue sur l’intervention militaire française en Afrique et donc, au Mali.

Pour la Présidente du Forum pour un autre Mali, qui a toujours vu d’un mauvais œil toute intervention étrangère dans son pays, « la France n’est intervenue au Mali que parce qu’elle avait besoin de l’aéroport de Tessalit. La France n’était pas venue nous sauver. Il s’agissait pour le pays de François Hollande de se repositionner face à la Chine,  devenue un partenaire privilégié de plusieurs pays d’Afrique et de la sous-région ». Elle qualifie cette politique française de la « diplomatie offensive. »

Le Professeur Bouaré est, quant à lui, moins critique vis-à-vis de l’intervention de la France au Mali. Le Directeur du Centre de recherche en Sciences économique et sociales, est catégorique : « les terroristes seraient venus jusqu’à Bamako, le Mali serait entièrement sous le contrôle des jihadistes. Le peuple malien doit se montrer plutôt reconnaissant envers la France et la communauté internationale. », commente-t-il en substance.

Dans le fond, les deux invités se rejoignent sur le modèle économique à bâtir pour le Mali. L’on retient pour l’essentiel qu’il faudrait plutôt aller vers une économie qui mette en valeur les ressources locales. De toutes les façons, il est très difficile voire impossible d’imaginer une théorique économique indépendante des autres aujourd’hui. Le monde étant devenu un village planétaire.

Les débats se sont déroulés dans la salle de conférence de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, où se sont déplacés de nombreuses personnalités du monde de l’économie et des finances et des journalistes de la presse privée malienne.

Boniface Dembélé

 

source : L’Enquêteur

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