La gestion calamiteuse du désastre énergétique, en cette année 2021, révèle le visage hideux d’un gouvernement de transition heurté à une ribambelle de problèmes en chaîne, et forcément sur la sellette… Sur le chantier énergétique, en particulier, l’exécutif s’est résigné au statu quo, faute prétendument de moyens suffisants, mais certainement de volonté politique. De quoi donner trop le seum aux Maliens qui ont décidé, conformément à leur droit constitutionnel, de crier leur exaspération face aux coupures sauvages d’électricité.
En réaction à une réunion de planification d’un sit-in devant la société Energie du Mali (EDM), les autorités ont montré leurs muscles à coups de gazage, de matraquage, et d’embastillement.
A une ‘’lettre d’information pour un sit-in pacifique devant la Direction générale de la société Energie du Mali (EDM)’’, le gouverneur du district de Bamako répond : ‘’j’ai le regret de ne pouvoir donner une suite favorable à votre demande en raison de l’état d’urgence et des mesures barrières relatives au Covid-19’’.
Baye KONATE fleure la défausse, comme si des revendications légitimes hypothéquaient davantage la sortie de crise sanitaire. Ainsi, pour s’extraire de la crise énergétique, l’establishment oblitère de pauvres manifestants en bridant leurs droits, joue le dilatoire en s’attaquant à la conséquence, à savoir un sit-in, non la cause qui est une incapacité pathologique à fournir l’électricité aux populations qui mène à un naufrage pathétique. La démonstration de force policière (Garde nationale et Gendarmerie nationale, des corps d’élite déployés pour neutraliser une manifestation pacifique), hier, devant la Direction générale de EDM, en est la plus parfaite illustration.
Dans un contexte collectif explosif face à un immobilisme mortifère, les pulsions totalitaires reprennent tous leurs droits, à travers des mesures rédhibitoires, ridicules, dérisoires, grotesques dignes d’un autre siècle sont donc prises.
En entravant le sit-in, les autorités se transforment en force d’inertie, voire d’obstruction, en s’arc-boutant contre de beaux principes en total décalage avec les pratiques de tous les jours. Elles nous ressassent ad-nauseam l’état d’urgence et les mesures barrières relatives à la COVID-19. Nul ne doute qu’il ne s’agit que d’un écran de fumée. ‘’Litanie, liturgie, léthargie’’. Cette loi des trois L, Edgar Faure l’avait forgée pour moquer nos routines budgétaires. Elle n’a pas pris une ride chez nous. A-t-on jamais empêché les gens de fourmiller dans les marchés ? A-t-on jamais empêché les passagers de s’entasser dans les SOTRAMA ou les bus de transport interurbain comme des sardines dans une boîte de conserve ? Quand on a rassemblé des centaines de chasseurs et de jihadistes à Niono, a-t-on pensé aux mesures barrières contre la COVID-19 ? Quand on a organisé un festival international dans le Wassoulou, le lendemain même de l’édiction des mesures anti-COVID, était-on dans le même Mali ? Abomination ! Il est désormais établi que les mesures barrières sont d’application sélective.
Le sit-in avorté d’hier jeudi, au-delà d’une manifestation de l’exacerbation des frustrations populaires, n’en est pas moins qu’un procès en incompétence des autorités qui ont eu l’indécence d’exprimer un besoin de 2 300 milliards pour mettre fin aux délestages, comme si les incantations étaient une espèce de poudre de perlimpinpin. La solution n’est pas dans la fuite en avant.
PAR BERTIN DAKOUO
Source : INFO-MATIN