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La France, un partenaire précieux

Assurément le temps est mauvais entre Bamako et Paris. L’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, convoqué par Abdoulaye Diop pour subir un sermon sur « l’indignation » des autorités maliennes après  « les propos inamicaux et désobligeants » du président français Emmanuel Macron, lui-même réagissant à la déclaration du Premier ministre Choguel Maïga devant l’assemblée générale de l’ONU jugée « honteuse, déshonorante et inacceptable « . Elle est bien lointaine l’époque où François Hollande, Laurent Fabius et Jean-Yves Ledrian étaient accueillis en héros au monument de l’indépendance à Bamako, où des enfants maliens étaient baptisés de leurs noms, où le drapeau français se vendait comme du petit pain et flottait sur les véhicules. Où, enfin, on pouvait lire sur un tableau planté dans le hall de l’aérodrome de Sénou :  » Merci aux vaillants soldats français d’avoir été aux côtés du peuple malien « .

 

Les dirigeants  de la transition malienne, Choguel Maïga et Abdoulaye Diop en particulier, ont-ils été inspirés par le récent précédent algérien ? Mécontent de ce que Macron (qui affectionne il est vrai un certain parler libre pour un président) a déclaré que « le système politico-militaire  » en place en Algérie  »  entretient une rente mémorielle « , le gouvernement de ce pays a rappelé son ambassadeur en France et fermé son espace aérien aux avions militaires français intervenant dans le Sahel.

Le Mali n’en est pas encore là mais un  pas supplémentaire vient d’être  franchi dans cette direction avec la convocation de l’ambassadeur Meyer, en plus du désaveu public par Choguel Maïga de l’action de Barkhane qui n’a pu, à l’entendre, stopper la déferlante terroriste.

Pour toute éventualité le Mali n’est pas pour la France ce que l’Algérie est pour elle. Ce pays tient la France, si l’on peut dire, par son pétrole et son gaz qui alimentent l’industrie et les foyers de l’hexagone. Ce n’est pas le cas du Mali qui est plutôt tenu par la France. Jusqu’à preuve du contraire elle est notre principale alliée dans la guerre contre le terrorisme avec un bilan plutôt remarquable. AQMI, le pendant du sinistre  Alqaïda dans l’espace sahelo-saharien, a été affaibli et désorganisé avec l’élimination de son fondateur Abdoulmaleck Droukdel en juin 2020. Il rejoint ainsi dans le néant ses lieutenants Abou Zeïd, tué en 2013 et Djamal Okacha, abattu en 2019. L’organisation ne survit plus dans notre pays que par sa filiale locale,  Ançar dine dont Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa sont les principaux animateurs, le premier au nord, le second au centre.

Déclaré l’ennemi numéro un à anéantir au sommet France-G5 Sahel de Pau, en janvier 2020, l’Etat Islamique  au Grand Sahara (EIGS) vient à  son tour d’être décapité avec la mort, en août dernier, confirmée en septembre, de son chef Adnane Abou Walid el-Sahraoui. L’efficacité des opérations, menées conjointement par Barkhane et les armées du G5 Sahel dans la zone dite des « trois frontières » (Mali-Burkina Faso, Niger) a réduit cette  nébuleuse terroriste à ne plus pouvoir agir que par de petits groupes de motards qui se disséminent un peu partout sur le territoire national. Il appartient à l’Etat malien de mettre au point une stratégie globale pour empêcher les groupes terroristes démantelés de se reconstituer et de circuler librement à travers le territoire national.

Les autorités de la transition doivent aussi garder à l’esprit que la France est le deuxième investisseur privé étranger au Mali après le Canada dans le secteur minier. Les 125 sociétés et filiales à capitaux français recensées au Mali, selon une note publiée début septembre dernier, génèrent  5 500 emplois directs, les plaçant au deuxième rang après l’Etat. Elles procurent aussi 20% des ressources fiscales collectées dans le pays.

La France est en sus le premier partenaire bilatéral au développement du Mali avec une contribution de 50 milliards de francs CFA rien qu’en 2021. Au plan multilatéral, elle apporte aussi un concours substantiel dans ce domaine à travers le Fonds Européen de Développement (FED) la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire international (FMI).

On ne s’aliène pas un partenaire aussi précieux parce qu’on s’est mis en tête de proroger la transition et qu’il apparaît comme un obstacle pour réaliser ce projet. Lequel, au demeurant, comporte tant d’écueils et de risques qu’il semble judicieux d’y renoncer.

Saouti HAIDARA

Source: l’Indépendant

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