En transit à l’aéroport Francfort, retour de Syrie et en partance pour sa fusillade du musée juif de Bruxelles, le franco-algérien Medhi Nemmouche avait été repéré par les policiers allemands comme figurant dans une liste de suspects fournie par leurs collègues français.
Mais faute d’un mandat d’arrêt en bonne et due forme, l’affaire en était restée là sans qu’aucun signalement ne soit transmis à Paris. Et c’est bien pour tenter de resserrer les mailles d’un filet inadapté à la menace des djihadistes partant ou revenant des zones de conflit que le gouvernement a durci une législation antiterroriste déjà fournie.
Depuis l’irruption de milliers de ressortissants européens sur des champs de bataille de l’islamisme radical de la Syrie au Mali et désormais en Irak, l’intensité de la menace terrorisme ne se mesure plus seulement à la couleur rouge ou écarlate du plan Vigipirate.
La tendance qui effraie les autorités et les services de renseignement se résume en quelques chiffres: 800 Français identifiés en Syrie et un rythme soutenu de trois départs par jour de candidats au djihad qu’aucune loi actuelle ne peut empêcher de revenir en France pour y parachever leur mission mortifère.
Les mesures annoncées par Bernard Cazeneuve comme la confiscation du passeport soulèvent des interrogations légitimes sur le caractère éventuellement liberticide d’une « justice préventive » s’inspirant d’un « Patriot Act » américain souffrant de nombre de dérives.
Mais plus encore que la pertinence démocratique de ce nouvel arsenal, c’est sa mise en oeuvre et son efficacité qui seront à l’épreuve dans un espace européen encore à la traîne des implications du phénomène djihadiste. Réunis à Milan, mardi, les ministres de l’intérieur des neuf pays européens les plus concernés, dont La France, n’en sont encore qu’à l’ébauche d’un plan d’action commun indispensable.
En attendant sa concrétisation, les mesures annoncées par la France visent davantage à dissuader les candidats au djihad qu’à tendre vers un risque zéro plus que jamais hors de propos.