Dans le monde, le nombre de personnes en insécurité alimentaire ne cesse de croître. Cette flambée alimentée par un faisceau de facteurs aussi bien naturels qu’humains est de plus en plus une préoccupation majeure.
La sous-alimentation dans le monde atteint des niveaux sans précédent. Au total en 2021, entre 702 et 828 millions de personnes ont été touchés par le fléau, soit un chiffre moyen de 768 millions. C’est ce qu’indique l’édition 2022 du rapport sur l’Etat de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI) publié le mercredi 6 juillet par plusieurs agences onusiennes, dont la FAO, le PAM et l’OMS.
Le chiffre qui représente l’équivalent de 10 % de la population mondiale est en hausse de 46 millions par rapport aux estimations de 2020. Depuis 2019, dernière année avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19, le nombre total de personnes sous-alimentées aura augmenté de 150 millions.
Comme durant les années précédentes, l’Asie et l’Afrique restent les principaux foyers du phénomène et concentrent plus de 95 % de l’effectif enregistré en 2021. Dans la première région, le rapport estime cet effectif à 9,1 % de la population, soit 424,5 millions de personnes. Du côté de l’Afrique, 278 millions de personnes ont été touchées, soit un habitant sur 5. Il s’agit en outre de l’effectif le plus important depuis 15 ans.
Alors que l’état nutritionnel mondial reste déjà préoccupant, de nombreuses voies craignent que la situation s’aggrave d’ici la fin de cette année. Au cocktail délétère formé depuis quelques années par les évènements climatiques extrêmes, les conflits au sein des pays et les chocs économiques, s’est ajouté cette année, la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Ce conflit en cours depuis le 24 février dernier a perturbé les marchés agricoles mondiaux entraînant la flambée des prix de plusieurs produits alimentaires, des carburants et des engrais. « Il existe un réel danger que ces chiffres grimpent encore plus haut dans les mois à venir », anticipe David Beasley, directeur exécutif du PAM.
L’élimination de la faim d’ici 2030, un vieux rêve à oublier
Avec ce nouveau rapport qui fait état d’une progression de la faim d’une année sur l’autre, l’objectif fixé en 2015 portant sur l’éradication du phénomène à l’horizon 2030 semble plus que jamais hypothétique.
Qualifiant de « décourageante » la situation, les auteurs prévoient à partir de données extrapolées que d’ici la fin de la prochaine décennie, 670 millions de personnes souffriront de la faim.
Une perspective peu reluisante quand on sait que depuis près d’une décennie, les rapports se sont multipliés pour une refonte totale du système alimentaire mondial pour permettre l’accès à la nourriture aussi bien en termes de quantité que de qualité. Ceci à travers la mise en place de programmes de protection sociale, la lutte contre la pauvreté ou encore la réduction des pertes post-récolte.
Dans un précédent exercice de comptabilisation, la FAO avait indiqué qu’il faudrait chaque année, des investissements de l’ordre de 40 à 50 milliards $ par an pour lutter contre la faim sous toutes ses formes. Un montant qui peine encore à être mobilisé en dépit des appels de plusieurs organismes onusiens dont en tête le PAM.
Espoir Olodo
Source : Agence d’ecofin