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LA DEMOCRATIE SELON LAURENT FABIUS

Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères français, fait dire, ce jeudi 13 mars 2014, à son porte parole au quai d’Orsay : « Partout dans le monde, la France défend la démocratie, les libertés fondamentales et le respect de ces principes dans l’organisation des scrutins électoraux. » Ceci en réponse à la question de savoir : « Que pensez-vous de la décision de la police algérienne d’interdire une manifestation de plusieurs chefs de l’opposition qui appellent les électeurs à boycotter l’élection présidentielle du 17 Avril? »

Ministre Français Affaires étrangères Laurent Fabius

 

« Partout dans le monde » parait quelque peu excessif. Il ne faut pas être spécialiste de la politique étrangère française pour savoir qu’Israël  n’est pas concerné par cette prétention. Qui ignore que la collaboration intime du Parti Socialiste français  avec Israël date au moins de la SFIO qui lui a fourni la technologie de la bombe atomique en échange, pendant La guerre d’indépendance, des renseignements sur le FLN? Pas un mot pour reprocher au gouvernement sioniste sa politique de colonisation et ses crimes dans le plus grand ghetto au monde : Gaza où au moment où est écrit cet article, pleuvent les bombes israeliennes sur les civils palestiniens.

Prévert s’épuiserait à faire l’inventaire des faits de collaboration, sous la houlette de Giscard ou de Mitterrand, avec les dictatures d’Amérique Latine, d’Afrique ou des pays arabes. Tocqueville, vivant, se roulerait parterre de désespoir et de honte à voir avec quel cynisme répugnant, on se réclame de sa doctrine et de ses principes. Hollande, après Sarkozy, s’est ainsi bien gardé de rappeler, lors de sa dernière visite au roi Abdallah d’Arabie saoudite et à ses émirs satellites, les principes dont il se gargarise.

Et surtout, pas touche aux Etats Unis dont la NSA écoute et enregistre les conversations téléphoniques du président, des ministres et des députés français. Mais ces mêmes députés, poules effarouchées, font un de ces tapages au poulailler parce que leur coq Sarkozy est mis sur écoute légalement par un juge. Lorsque Christiane Taubira piétinait l’indépendance, toute imaginaire  de la justice, en donnant, avec la piétaille de son ministère, la chasse au comédien Dieudonné M’bala M’bala, ces mêmes députés  toutes confessions politiques confondues, hormis de rares abstentions, criait « haro » sur le comédien avec une rare férocité. Pourtant elle ne mentait pas, elle revendiquait publiquement ses actes d’instruire et de faire condamné le comédien français. Alors, la justice française était, non seulement arraisonnée, mais mise sous pavillon israelien et saoudi. Alors, quel député s’est ému de l’indépendance de la justice et surtout de l’indépendance de la France?

Quand dans son programme électoral, François Hollande s’est engagé à faire adopter une loi qui interdit les licenciements économiques dans des entreprises bénéficiaires et qu’il a failli à ses engagements, cela à un prix : des milliers de chômeurs sur le carreau chaque mois. Cela à un nom : parjure !

Sarkozy lui n’était pas en reste. Aussi, pour ne pas faire de jaloux, revenons à son règne, lors de ce débat, le 15 avril 2008,   sur une chaîne câblée en France. À une question de Guy Bedos à propos des droits des mal-logés, couchés sur les trottoirs de la rue de la Banque, la bien nommée, Rama Yade, la secrétaire d’Etat chargée des Droits de l’Homme a répondu,: “ Je m’occupe des Droits de l’Homme à l’étranger ”. Est-il utile de préciser : de préférence dans des pays dont le gouvernement est fâché avec le sien ? Alors, il est de bon ton, pour les journalistes imprégnés de cette mission, de se fâcher à leur tour et de partir en croisade pour réclamer ces libertés pour les peuples chinois, cubains, libyen, syrien, ukrainien, russe … enfin, tout ce qui leur est refusé à New York, Londres ou Paris ! Des journalistes vous le diront : la censure n’existe pas à demeure! Si partout ailleurs on censure, à New York, on fait “ attention ”, à Londres, on ne veut pas “ choquer ” et à Paris, on “sucre ”. Doux euphémisme pour nommer familièrement la bête répugnante de l’omerta et du mensonge au service du crime et de la rapine. Mais comme on dit dans le jargon journalistique, le lecteur aura corrigé de lui-même.

C’est connu ! les journalistes, ou prétendus tels, n’ont pas besoin de plus de 300 mots pour écrire leurs articles. Mais de là à ce que le ministre des affaires étrangères, M. Laurent Fabius, leur fasse, sur les ondes des radios et des plateaux télé, une leçon de vocabulaire ! « Vous ne devez pas utiliser les termes d’ islamistes mais de djihadistes … Quand faut-il utiliser les termes accusateurs d’« organisations terroristes », neutres de « groupes armés », exaltant de « combattants » ou « rebelles », sublimant de l’« armée libre syrienne» ? Et dès le lendemain, dans un même mouvement d’ensemble, les journalistes écrivent, comme sous la dictée, « djihadistes ». Mais si, sans ajouter un mot à leur besace, les journalistes français choisissaient, en conscience, le mot juste et clair et le posaient sur les auteurs des faits et des actes, ils les appelleraient alors par leur nom : les mercenaires saoudiens et qataris.

Alors, ils jetteraient comme une lumière nouvelle sur les événements qui agitent depuis trente ans, l’Afghanistan, le  Mali, le Centre Afrique, la Tchétchénie, l’Algérie, la Tunisie, l’Irak, la Lybie, l’Egypte, le Maroc, le Pakistan. Et ce que les journalistes occidentaux nomment « guerre civile » sert à camoufler une guerre de conquête de l’Arabie saoudite dont le projet est d’établir un Etat islamique aux frontières extensibles qui s’étendraient du Maroc à l’Indonésie et de la Tchétchénie au Sénégal. Là sévirait la Charia saoudite.

Est-ce que les moines de l’Himalaya voudraient bien agiter leurs moulins à prière pour libérer la presse occidentale et renvoyer l’ascenseur en réclamant, pour les journalistes français la liberté qu’ils n’ont pas? Attendre ou s’insurger ? Telle est la question qui doit tarauder la conscience de l’honnête journaliste. Alors,  devrait-il attendre que les journalistes chinois se réveillent, battent le pavé de la Place Tien An Men et, faisant grand bruit, le libère? Devrait-il plutôt s’inspirer de l’insurrection, en 1986 à Paris, des prostitués de la rue Saint Denis et de leur célèbre porte-parole Ulla, pour se libérer des “ protecteurs ” qui tiennent la presse et les journalistes français sous leur coupe? Ulla, où es-tu ?

 

AD.

SOURCE / mediapart.fr

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