C’est une grande première pour le marché mondial du cacao. Les deux premiers producteurs de la planète, la Côte d’Ivoire (en tête du marché) et le Ghana (deuxième), ont décidé d’un commun accord de suspendre leurs ventes jusqu‘à la récolte de 2020. But de la manœuvre, garantir de meilleurs revenus aux producteurs.
Les deux pays, qui assurent à eux seuls les deux tiers de la production mondiale de cacao, comptent ainsi obtenir des marchés un prix plancher qui permettra à leurs producteurs de mieux bénéficier de la manne cacaoyère.
L’union faisant la force, la Côte d’Ivoire et le Ghana se mettent donc ensemble dans la bataille et visent les 2.600 dollars la tonne de cacao comme prix plancher. Pour ce faire, les deux leaders du cacao ont décidé de mettre en veilleuse les ventes de leurs produits jusqu‘à la prochaine récolte, celle de la campagne 2020-2021. Fait important, le gros de la récolte de cacao est habituellement vendu avant le début de la campagne, et ce, chaque année.
On attend de voir quel sera l’impact réel sur le terrain pour les producteurs.
Le pari des deux pays s’annonce improbable et est même qualifié d’‘historique’‘ par de nombreux acteurs de la filière. En Côte d’Ivoire, le cacao représente 10 % du PIB (produit intérieur brut). Fixé cette année à 750 francs CFA (1,60 euro), son prix bord-champ n’est souvent pas pratiqué, celui observé sur le terrain étant compris entre 500 francs CFA (0,80 euro) et 700 francs CFA (1,08 euro) le kilo, si l’on s’en tient aux dires de l’ANAPROCI (Association nationale des producteurs de Côte d’Ivoire).
Kanga Koffi est le président de ladite association. L’homme reste sceptique face à l’initiative des deux leaders de la production mondiale, surtout lorsqu’il s’agit du sort des producteurs :
‘‘On attend de voir quel sera l’impact réel sur le terrain pour les producteurs. L’Etat de Côte d’Ivoire a déjà décaissé 38 milliards de FCFA (un peu plus de 58 millions 400 mille euros, NDLR) de subventions, mais les producteurs n’en ont pas bénéficié.’‘
Pour Kanga Koffi, le prix de 1.000 francs CFA (1,54 euro) le kilo serait raisonnable, étant donné les nombreuses charges auxquelles sont confrontés les producteurs.
C’est le 3 juillet prochain que se tiendra à Abidjan une réunion dite technique. Au menu de celle-ci, la discussion pour une éventuelle mise en place du prix plancher sus-mentionné. Les producteurs restent au rebond.