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La contre-attaque d’Apple face au FBI

Tim Cook, le PDG d’Apple, avait annoncé qu’il contesterait les demandes du FBI – le service fédéral américain de police judiciaire et de renseignement intérieur – par tous les moyens possibles, y compris en allant jusqu’à la Cour suprême des Etats-Unis.

NY: Apple Announces Apple Watch

L’entreprise a rempli, jeudi 25 février, la première étape, en introduisant un recours formel contre la demande qui lui est faite de fournir au FBI un « outil de déverrouillage » qui permettrait « d’ouvrir » un iPhone chiffré ayant appartenu à l’un des terroristes ayant commis l’attentat de San Bernardino (Californie), le 2 décembre 2015. Ce jour-là, quatorze personnes ont été tuées par deux assaillants.

Dans un document communiqué à la justice vingt-quatre heures avant la fin de l’ultimatum fixé par un tribunal à Apple pour fournir ledit outil au FBI, les avocats de l’entreprise ont donné une série d’arguments, justifiant la position de la firme à la pomme. La plupart portent sur des points de jurisprudence et tentent de montrer que la demande des enquêteurs impose une contrainte déraisonnable, et que la création d’un tel outil de déverrouillage représenterait un danger pour la vie privée des utilisateurs d’iPhone. Ils relèvent, au passage, que le FBI n’a apporté aucune preuve que le téléphone pouvait contenir des éléments nécessaires à l’enquête, et que les enquêteurs ont eux-mêmes bloqué l’avancée de l’enquête en changeant – par erreur ou volontairement – le mot de passe iCloud de l’appareil, le service de sauvegarde en ligne d’Apple.

Motion de soutien du secteur

Mais les avocats de la firme de Cupertino (Californie) ont aussi mis en avant un argument massue : le code informatique, estiment-ils, est une forme d’expression écrite. En tant que tel, il est protégé par le premier amendement de la Constitution américaine qui consacre la liberté d’expression, et le FBI ne peut contraindre l’entreprise à « s’exprimer » en produisant un logiciel contre sa volonté, expliquent-ils.

Cet argument, s’il venait à être validé par les tribunaux américains, pourrait avoir de profondes répercussions sur des centaines d’autres affaires. Mais la jurisprudence actuelle ne penche pas, sur ce point, en faveur d’Apple. Dans les procédures, le géant américain pourra toutefois compter sur le soutien de plusieurs de ses rivaux. Google, Microsoft, ou Facebook ont annoncé qu’ils déposeraient, dans la première semaine de mars, une motion de soutien à la société fondée par Steve Jobs auprès du tribunal.

Sans attendre les résultats de son recours, Apple a lancé une autre contre-attaque, sur le plan technologique cette fois. Le groupe a commencé à travailler sur des mises à jour de sécurité qui rendraient inopérantes de futures demandes du FBI. Jusqu’à présent, l’entreprise acceptait, sur présentation d’un mandat d’un juge, de fournir aux enquêteurs américains des copies de fichiers iCloud, son système de sauvegarde de documents en ligne.

Mais selon les informations du Financial Times, Apple cherche à mettre en place un système de protection similaire à celui utilisé pour chiffrer le contenu de ses téléphones. Depuis les dernières mises à jour de son système d’exploitation iOS, le contenu chiffré n’est déverrouillable que par le propriétaire de l’appareil, qui est le seul à en connaître le mot de passe – Apple ne peut ni le communiquer à un tiers ni endécrypter le contenu.

Fermer la « porte » d’iCloud

Dans plusieurs enquêtes, les forces de l’ordre américaines ont utilisé le système de sauvegarde iCloud pour contourner ce verrouillage : quand le propriétaire laisse la synchronisation des données activées, il n’y a pas besoin de déverrouiller le téléphone, puisqu’une copie des photos et des autres documents présents sur l’appareil est transférée automatiquement sur les serveurs d’Apple. La fermeture de cette « porte » s’apparenterait à une nouvelle déclaration de guerre au FBI, et le début d’une seconde course aux armements technologique et judiciaire.

De son côté, le FBI et son patron, James Comey, ainsi que plusieurs figures politiques ont multiplié les déclarations appelant le Congrès américain à se saisir du dossier. Les demandes d’accès du service fédéral de police judiciaire sont en effet dans une zone grise juridique – aux Etats-Unis, la loi encadre les obligations des opérateurs de téléphonie et des fournisseurs d’accès à Internet, mais elle est vague en ce qui concerne les informations que les forces de l’ordre peuvent collecter auprès des constructeurs informatiques.

Engagés dans la campagne pour les primaires, les politiques n’ont pas manqué de prendre position dans la controverse qui oppose le FBI à Apple. Les principaux candidats à l’investiture républicaine ont tous, à des degrés divers, exprimé leur soutien aux enquêteurs. Côté démocrate, Hillary Clinton, qui fait la course en tête, a refusé de prendre position tandis que son rival, Bernie Sanders, a renvoyé dos à dos le« Big Brother » étatique et celui des « multinationales ». Mais la longue bataille qui s’annonce devant les tribunaux laisse présager que le futur Congrès américain devra s’emparer du sujet sous peine de blocage.

  • Damien Leloup
    Journaliste au Monde

Source: Monde

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