Dans le cadre de la semaine d’action mondiale contre la dette et les institutions financières internationales, la Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement Mali (CAD-Mali) a organisé une conférence de presse, à son siège à Djélibougou. C’était mardi 4 novembre 2019.
Animée par Broulaye Bakayogo, secrétaire Permanent du comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) et Korotoumou Traoré, chargée de programmes, cette conférence de presse avait pour objectif de dénoncer d’une part, les politiques développées par les pays du nord pour endetter ceux du sud, et d’autre part, présenter les effets pervers des micro finances pour les femmes.
Le conférencier Broulaye Bakayogo, a présenté la situation actuelle de la dette de l’Afrique, ses causes et conséquences, avant de mettre un focus sur le cas particulier du Mali.
Il ressort de ses explications que 122 pays en voie de développement en Asie, Afrique, Europe de l’Est et Amérique latine sont endettés. De 2007 à 2017, la dette extérieure publique des pays du sud (Afrique) a doublé, passant de 1300 à 263O milliards de dollars $ USA. Pire, certains pays seraient en situation de surendettement et d’autres en cessation de paiement dont l’Erythrée, la Somalie, le Soudan, le Zimbabwe, l’Angola, la Gambie, le Soudan du Sud, le Mozambique et la Zambie…
Concernant le Mali, l’encours total s’élèverait au 31 décembre 2018 à 3 350,199 milliards de FCFA constitué de 1 903,878 milliards de FCFA de dette extérieure soit (56,8%) et 1 446, 321 milliards de FCFA de dette intérieure (soit 43,2%).
En dépit de cette situation, le Mali se trouve dans une situation de surendettement modéré, a-t-il précisé, et parvient malgré la crise à payer ses créances.
Pour finir, Broulaye a déclaré, que la dette constitue un puissant moyen de domination des pays du nord pour maintenir dans la dépendance et la précarité ceux du sud.
Au nom de son mouvement social, pour sortir l’Afrique de l’esclavage de la dette, il a proposé des solutions qui sont entre autres: la gestion rationnelle des ressources naturelles, l’assainissement de la dépense publique, la suspension du paiement de la dette pour l’audit citoyen de toutes les dettes pour savoir ceux qui ont réellement servi au développement du pays, la redéfinition de la place des organisations financières et leur rattachement à l’organisation des Nations Unies, la démocratisation des institutions financières internationales et la représentation en leur sein des pays d’Afrique avec droit de vote etc…
Intervenant sur la problématique de la micro finance, la chargée de programmes Korotoumou Traoré, a décrié le système de micro finances. Pour elle, ces micros crédits avec le taux d’intérêt élevé de 24% au Mali, contre 1 % en Guinée et 3% au Sénégal, constituent un piège qui aggrave la misère des femmes en les dépossédant de leurs biens meubles et immeubles.
Comme alternative, elle a plaidé pour la réduction du taux d’intérêt de 24% à 4%, la transformation des tontines traditionnelles en système d’épargne et de crédit auto géré à taux zéro et non clientéliste et la représentation des femmes au sein des instances de gestion des microcrédits.
Alpha Sidiki Sangaré
Source: Canard Déchainé