CNR et CSR, les deux plus grandes entreprises chinoises de fabrication de trains à grande vitesse (TGV), annonceront leur fusion le 9 mars 2015. Ce mariage permettra de calmer la concurrence interne et de partir tranquillement à la conquête de marchés externes. En ligne de mire, cinq pays africains : Angola, Éthiopie, Nigeria, Kenya et Zimbabwe.
La Chine est aujourd’hui en pourparlers sur des projets de TGV avec 28 pays. Au cours de l’année 2014, le Premier ministre Li Keqiang, réputé en Chine être un « super-vendeur de trains à grande vitesse », a évoqué 12 pays prioritaires dont cinq africains: Angola, Éthiopie, Nigeria, Kenya, Zimbabwe, Thaïlande, Birmanie, Kazakhstan, Serbie, Grande-Bretagne, Russie, États-Unis. Dans cette liste, les pays en voie de développement sont évidemment les plus nombreux. Mais la réussite de CNR à Boston ouvre de nouvelles perspectives.
À Boston, il s’agit seulement de fournir des rames de métro, dont une partie sera assemblée localement. La même société explore d’autres possibilités à New York et à Washington. Et les discussions sont toujours en cours pour un TGV en Californie. Sur ce projet, la Banque Export-Import de Chine est engagée. La même banque a consenti 13 milliards de dollars de prêts relatifs à 35 projets d’exportation de matériels et de construction ferroviaires à l’étranger.
En 2014, les exportations de la seule CNR ont augmenté de 68 % par rapport à l’année précédente, à hauteur de 3 milliards de dollars. Pour consolider ses bases financières, cette société s’apprête à collecter 12 milliards de yuans par placement privé d’actions, concentrées sur cinq projets. L’ensemble des exportations chinoises relatives au ferroviaire ont représenté, en 2014, 10 % du marché mondial.
Les deux acteurs traditionnellement les plus importants dans ce secteur du TGV, Alstom et Siemens, ont quelque souci à se faire. Ils ont désormais un très sérieux concurrent. L’atout de la Chine, c’est qu’elle dispose, sur son propre territoire, du plus vaste réseau de TGV mondial : plus de 11 000 kilomètres et autant en travaux ou planifiés, loin devant la France (2 036 km) ou l’Allemagne (1 352 km), et plus loin encore devant les États-Unis (362 km).
La France et l’Allemagne ont pour elle l’antériorité ; la Chine, la quantité. Grâce à quoi, elle a pu apprendre à maîtriser la technologie européenne et japonaise. Elle est aujourd’hui en mesure de remporter des marchés hors de ses frontières. Et elle compte bien mettre à profit quelques succès commerciaux dans les pays les plus développés pour en remporter de beaucoup plus nombreux dans les pays moins développés.
Par Knowdys avec Philippe Barret