Si la Cedeao n’existait pas, il fallait qu’elle soit. C’est la déduction qu’inspire le rôle inestimable que cette organisation sous-régionale a joué dans la crise malienne : du retour à l’ordre constitutionnel à la mobilisation de la Communauté internationale derrière le pays et, jusqu’au soulagement définitif de la population meurtrie par le joug combiné de la junte putschiste et des envahisseurs extérieurs.
C‘est en vertu de ses protocoles relatifs à la démocratie et la bonne gouvernance que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest est intervenue de plein droit dans la crise malienne aussitôt déclenchée, après la mutinerie du 21 Mars finalement conclue par la suspension de la Constitution et des institutions républicaines.
Si ce coup de force, au grand dam de ses auteurs et adeptes, s’est réduit à une simple tentative ratée d’usurpation du pouvoir, c’est manifestement parce que la Cedeao s’est imposée comme sentinelle infranchissable de la démocratie et des principes républicains. En plus d’une condamnation sans réserve du putsch, l’organisation sous-régionale, sous la houlette de son président en exercice, Alassane Dramane Ouattara et de ses organes exécutifs, n’a guère attendu les protestations de rue d’une classe politique malienne pour administrer une thérapie inédite à la crise malienne. Celle-ci a consisté à brandir l’épouvantail très dissuasif de l’embargo tout en rouvrant la porte aux négociations avec la junte devant déboucher sur la réhabilitation des institutions suspendues. Et, ce ne sont pas les agitations des partisans du coup d’Etat, qui ont poussé la hardiesse jusqu’à envahir le tarmac de Sénou, qui vont émousser les ardeurs de la Cedeao.
C’est en définitive, contre vents et marées, qu’elle a pu décrocher un accord-cadre pour fixer les calendriers et modalités du retour à l’ordre constitutionnel sans qui une reconquête des territoires occupés était impensable. En vertu des dispositions constitutionnelles du Mali, ceci devait passer par le Pr Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale. Lequel a joué de tout son poids et n’a rien ménagé de son génie pour susciter et accompagner la dynamique de sortie de crise depuis l’extérieur.
Ce n’est pas tout ! Englué davantage dans les appétits et les calculs «pouvoiristes», le processus nécessitait encore la médiation de la Cedeao pour la levée des obstacles liés à la rigueur politicienne dans l’exigence du respect des échéances constitutionnelles.
Cette ultime barrière n’était pas non plus au-dessus des moyens de l’organisation sous-régionale qui, par ailleurs, n’a épargné nul effort pour aider le Mali à tirer profit des instruments internationaux de préservation de sa souveraineté, l’accompagner dans les premiers pas du processus de la réconciliation nationale et la recherche de la stabilité.
Toutes proportions gardées, c’est à toutes ces démarches que notre pays est redevable pour l’organisation des dernières élections qui marquent son retour dans le concert des nations, après une longue et tragique menace sur son destin.
À tout Seigneur, tout honneur ! Mais, le chemin du retour à la démocratie apaisée de naguère est ong et laborieux.
A Kéïta
SOURCE: Le Témoin