La soixantième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est tenue le 12 décembre 2021 à Abuja, en République Fédérale du Nigeria, sous la présidence de S. E.M. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, Président de la République du Ghana, et Président en exercice de la Conférence.
Extrait du communiqué final relatif à la situation au Mali
La Conférence réaffirme son engagement à promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité dans la région, conditions préalables à l’intégration économique et au développement de la région.
Sur la situation politique dans la région, la Conférence réitère sa forte préoccupation quant aux processus de transition en Guinée et au Mali. À cet égard, les Chefs d’Etat et de Gouvernement déplorent l’absence d’indicateurs clairs d’un éventuel retour à l’ordre constitutionnel, conformément aux décisions de la Conférence.
En ce qui concerne la Guinée, la Conférence se félicite de la décision récente des autorités de transition de permettre à l’ancien Président Alpha Condé de rentrer chez lui librement. La Conférence a été informée par les Autorités de transition que le Conseil National de Transition sera en place d’ici fin décembre 2021. La Conférence reste très préoccupée par le fait que plus de trois (03) mois après le Coup d’État, un chronogramme pour le retour à l’ordre constitutionnel n’a toujours pas été publié. La Conférence insiste sur la nécessité de respecter le délai de six (6) mois précédemment décidé pour la tenue des élections et urge les autorités de la transition de soumettre rapidement le chronogramme pour les élections devant se tenir dans le délai arrêté. La Conférence décide du maintien des sanctions initialement imposées.
La Conférence réaffirme sa volonté d’accompagner les autorités guinéennes en vue d’une transition réussie.
S’agissant du Mali, la Conférence a pris note d’une communication officielle, adressée par les autorités maliennes à la CEDEAO le 9 décembre, pour l’informer que le chronogramme des élections sera trnsmis au plus tard le 31 janvier 2022, et pourrait être discuté avec une mission de la CEDEAO. Il est également indiqué dans ladite communication que la loi électorale pour l’organe unique de gestion des élections a été adoptée par le Gouvernement et transmise au CNT. La Conférence déplore vivement le fait que l’échéance du 27 février 2022 pour la tenue des élections risque de ne pas être respectée. La Conférence demeure préoccupée par les risques pour la région d’une intervention de société de sécurité privée au Mali.
En conséquence, la Conférence rappelle la nécessité urgente de respecter la date du 27 février 2022 pour la tenue des élections. Elle décide du maintien des sanctions déjà imposées. Si à la fin de décembre 2021 aucun progrès tangible n’est réalisé dans la préparation des élections, des sanctions additionnelles seront imposées dès le 1er janvier 2022. Ces sanctions incluront notamment des sanctions économiques et financières. La Conférence demande au Médiateur d’effectuer une mission à Bamako pour en informer les autorités maliennes.
La Conférence appelle la Communauté internationale à soutenir la mise en œuvre desdites sanctions imposées à la Guinée et au Mali.
Au titre des processus électoraux dans la région, la Conférence se félicite du bon déroulement des élections présidentielles au Cabo Verde et en Gambie. Elle adresse ses plus chaleureuses félicitations à Son Excellence José Maria Neves pour son élection à la présidence de la République du Cabo Verde et à Son Excellence Adama Barrow, Président de la République de Gambie, pour sa réélection à la plus haute fonction publique de son pays et leur souhaite un plein succès.
Sur la situation sécuritaire dans la région, la Conférence reste préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel, caractérisée par la récurrence des attaques terroristes au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigeria, et l’extension des attaques aux pays côtiers. Elle condamne fermement ces attaques et exprime sa solidarité avec les États membres et les populations touchés.
La Conférence réaffirme sa détermination à lutter sans relâche contre le fléau du terrorisme. À cet effet, elle se félicite de la conduite récente par certains Etats membres d’opérations conjointes le long des frontières des pays de la ligne de front et instruit la Commission de fournir un soutien pour la planification et la conduite de telles opérations dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’action 2020 – 2024 pour l’éradication du terrorisme dans la région.
Par ailleurs, la Conférence réitère son appel aux Etats membres pour qu’ils respectent leurs engagements en matière de contributions volontaires au fonds d’appui à la mise en œuvre du Plan d’action 2020 – 2024.
La Conférence appelle la Commission à renforcer les capacités opérationnelles et logistiques des forces des pays de la ligne de front, et réaffirme la nécessité de renforcer la coordination des efforts des Etats membres dans la lutte contre le terrorisme.
La Conférence condamne les récentes attaques au Burkina Faso, qui ont fait de nombreuses victimes parmi les civils et le personnel de sécurité. Elle exprime sa solidarité aux Autorités du Burkina Faso et invite toutes les parties prenantes à recourir au dialogue.
Sur les questions de sécurité et de sûreté maritimes, la Conférence se félicite de l’amélioration récente de la situation dans le domaine maritime de la CEDEAO, grâce essentiellement aux efforts engagés par chaque Etat membre et à la coordination accrue entre les différents acteurs maritimes. À cet égard, elle réitère les instructions qu’elle avait adressées à la Commission pour que celle-ci, en consultation avec les États membres, veille à assurer la pleine opérationnalisation de l’ensemble de l’architecture de sécurité maritime de la CEDEAO.
S’agissant des opérations de soutien à la paix sous mandat de la CEDEAO, la Conférence se félicite de la contribution de la Mission de la CEDEAO en Gambie (ECOMIG) à la stabilisation du pays. Elle confirme la transformation de la mission en une Mission de Police à compter de janvier 2022 pour une période de ……..
Sur la situation humanitaire, la Conférence se dit préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire dans la région, du fait notamment du terrorisme, du banditisme armé, des affrontements entre agriculteurs et éleveurs et des catastrophes naturelles. À cet égard, elle invite la Commission à intensifier les interventions humanitaires, à travers un renforcement de la résilience et des efforts de redressement des communautés.
La Conférence se dit également préoccupée par les crises alimentaires et nutritionnelles auxquelles sont confrontés certains États membres, et appelle instamment la Commission à initier une réponse coordonnée avec l’ensemble des parties prenantes et à activer les mécanismes de solidarité régionale pour faire face à cette situation préoccupante.