Le village de Krémis a une forte diaspora, si l’on s’en tient aux infrastructures qui y sont réalisées. Le village se compose de quatre quartiers avec des constructions qui toisent celles d’une grande ville. Mais on y compte également 16 mosquées dont la réalisation de chacune a dû coûter au-delà de 10 millions de Fcfa.
Au vu des besoins exprimés par habitants du village, lors de notre passage, il s’avère que les fonds de la diaspora sont mal orientés et profitent peu à la population.
Krémis est à l’image de la plupart des villages sarakolé ou soninké de la région de Kayes et Koulikoro, avec des infrastructures à couper le souffle aux villages les plus reculés du Mali. Au vu des réalisations, c’est un sentiment de fierté qu’on ressent. Mais plus on entre à l’intérieur du village, plus on se rend compte que l’essentiel n’est pas fait.
Le seul village de Krémis, chef-lieu de la commune, compte 16 mosquées construites dont le coût de réalisation avoisine les 200 millions de nos francs. Dans le même village, on constate que les infrastructures sociales de base comme le Cscom et l’école manquent cruellement de moyens de fonctionnement.
Aucun projet de développement communautaire n’est envisagé pour faire face aux besoins des populations, dans le but de freiner surtout le flux migratoire. L’Etat a certes manqué d’appuyer les populations laissées à elles-mêmes, comme la plupart des coins reculés du pays. Mais la chance des villages soninké est l’appui que leurs ressortissants établis à l’étranger leur donnent. Ces ressortissants, qui travaillent parfois en association ou individuellement, contribuent énormément à soulager leurs parents. Mais ces fonds, s’ils étaient mieux orientés, pourraient créer des emplois pour les jeunes et stabiliser l’économie locale, régionale et même nationale.
Construire des mosquées distantes les unes des autres de moins cent mètres, à des centaines de millions, ne profite pas du tout à la population. Pendant ce temps, les centres de santé et les écoles manquent de matériel et de personnel. Aucun projet économique n’est en vue.
Alors que les régions de Kayes et Koulikoro regorgent de potentialités agricoles encore insoupçonnées. Si les terres étaient bien aménagées avec des retenues d’eau, des projets d’agriculture pourraient bien émerger dans ces localités. Les retenues d’eau profiteraient aux éleveurs. Des infrastructures d’eau pourraient aussi soulager les souffrances des villageois, surtout à certaines périodes de l’année, où l’eau de boisson devient rare et sa qualité problématique.
Gabriel TIENOU