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Koro : Les acteurs du tourisme broient du noir

La double crise politico-sécuritaire que connaît notre pays a fortement affecté tous les secteurs de la vie économique. À Koro, le secteur du tourisme est sans nul doute le plus affecté. Considéré comme la porte d’entrée du pays dogon, « produit phare » du tourisme malien, le cercle de Koro est un lieu de transit des touristes.

 

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un village dogon

Aujourd’hui, la crise touche sérieusement les acteurs directs et indirects du secteur du tourisme à savoir les hôteliers, les tenanciers de campements, les guides, les transporteurs et les agences de voyages, les artisans, les banques, les vendeurs de produits alimentaires.

 

En faisant un tour dans les établissements hôteliers de la ville (Résidence Tempéré, Auberge Anaye, Hôtel Aventure, Campement hôtel…) on se rend compte que les chiffres d’affaires sont au plus bas. L’ambiance est morose dans les établissements. Certains hôteliers n’ont même plus souvenance de la date du passage du dernier touriste. Les parkings des hôtels jadis encombrés de voitures, sont aujourd’hui vides et beaucoup de guides ont mis en vente leurs véhicules.

 

 

Si certains établissements hôteliers ont été contraints de réduire leur personnel, d’autres ont purement et simplement fermé. Pour Souleymane Guiré dit guide président de l’association des guides touristiques du cercle, on constate avec tristesse et désolation que le chômage s’installe. Parce que le tourisme étant l’un des secteurs pourvoyeurs d’emplois, est en panne depuis deux ans.

 

 

Il évoque également une baisse significative des ressources financières des collectivités territoriales car les populations n’arrivent plus à faire face au paiement régulier des taxes et impôts. Souleymane Guiré pense que les acteurs du secteur qui, jadis, ont contribué à vendre l’image du pays et à renflouer les caisses des collectivités et de l’État, sont abandonnés à leur sort aujourd’hui. Il évoque l’espoir qu’avait suscité il y a 3 mois, la promesse faite par des Ong de venir en aide aux guides touristiques dans le cadre des appuis aux déplacés du Nord. Mais cet espoir s’est évanoui car la promesse n’a pas été concrétisée.

 

 

En 2010, il y avait cinq guides permanents à Koro, mais aujourd’hui à cause de la crise il ne reste qu’un seul. Les autres se sont repliés sur leurs villages d’origine pour se consacrer à l’agriculture.

 

 

Le programme « Tourisme Solidaire » qui profitait beaucoup aux communautés des cercles de Koro et Bankass par la construction d’infrastructures telles que les écoles, les centres de santé, le don de fournitures scolaires, l’aménagement des puits à grand diamètre, est aussi à l’arrêt.

 

 

La Commune de Koro jumelée à celle de Quéven en France recevait de nombreux Quévinois. Depuis l’éclatement de la crise, aucune délégation de cette localité française n’a été reçue à Koro.

 

 

Ce jumelage, vieux de plus de dix ans, a permis à Koro de bénéficier de plus de 120 millions de Fcfa d’aide. L’économie locale était alimentée par le financement des projets de développement. Aujourd’hui, le jumelage bas de l’aille à cause de l’impossibilité du voyage des Français à Koro.

 

 

Au niveau du service de l’Omatho, les chiffres sont éloquents sur le marasme du secteur du tourisme à Koro. En 2010, le cercle de Koro a reçu 1864 touristes. En 2011, ils étaient au nombre de 1014 à visiter le cercle. Seulement 358 touristes sont entrés à Koro en 2012. En 2013, ils ne sont que 74 à visiter le cercle. Signalons que la collecte des données statistiques par le bureau du tourisme se fait à trois niveaux : à la frontière, dans les unités d’hébergements et au bureau de l’Omatho.

 

 

Selon Khabou Traoré du service de l’Omatho, le tourisme est comme un oiseau sur une branche d’arbre. Il suffit du moindre bruit pour qu’il s’envole. « C’est donc une activité très sensible. Le moindre problème de sécurité peut avoir des conséquences drastiques sur la fréquentation touristique », souligne-t-il.

 

La reprise de la saison touristique avait été annoncée pour ce mois de décembre. Mais le récent enlèvement et assassinat des journalistes de Rfi à Kidal, a encore retardé les choses. En attendant, les acteurs locaux et les services techniques continuent à multiplier des ateliers d’échanges pour la recherche des solutions.

 

Source : Amap

 

SOURCE: Nouvel Horizon

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