Koro, 25 juin (AMAP) Le trafic routier, à partir de Koro, est interrompu entre le Mali et le Burkina Faso, depuis le sabotage du pont de Bih, sur la Route nationale (RN) 15, il y a sept mois, rendant pratiquement impossible les échanges commerciaux entre les localités situées de part d’autres de la frontière, a constaté l’AMAP sur place.
La fermeture de cette route qui est la principale voie de ravitaillement de toute la Région de Mopti n’est pas sans conséquence sur le quotidien des populations. Elles sont privées de nombreuses marchandises, légumes et autres denrées alimentaires. Les commerçants, les transporteurs, les transitaires et les voyageurs, chacun, à son niveau, vit les affres de cette situation.
A.G, président du syndicat des transporteurs routiers de Koro, indique que la profession ne sait plus à quel Saint se vouer, après avoir frappé à toutes les portes. Selon lui, toutes les autorités du pays sont informées de la rupture du trafic sur ce tronçon, depuis plus de 7 mois. « Un moment, on avait eu un peu d’espoir quant à une reprise du trafic avec le début des travaux de réparation du pont, Malheureusement, les terroristes ont piégé le site du chantier avec une mine qui a fait des victimes parmi les travailleurs de l’entreprise chargée de la réparation du pont. Depuis, les travaux sont arrêtés », dit-il.
Aujourd’hui, les seuls moyens de transport opérationnels entre les deux pays, à partir de Koro, au Mali, sont les tricycles communément appelés ‘Katakatani’. Ces engins font le transport de marchandises et de personnes dans des conditions souvent très dangereuses. Le prix de transport entre Koro (Mali) et Ouahigouya (Burkina Faso), qui était de 2500 Fcfa en temps normal, varie, de nos jours, entre 4500 et 7000 Fcfa ».
M.S, un propriétaire de tricycle, qui fait la navette entre Koro et Ouahigouya, nous explique que son business marche bien, même s’il est conscient du danger. « On n’emprunte pas la RN15. Nous passons par des pistes rurales entre les villages. Des fois, nous croisons des hommes armés, Au début, ils ne disaient rien mais maintenant, ils n’acceptent pas de voir les hommes et les femmes ensemble dans un même tricycle. Emprunter ce trajet pour un homme sans être conducteur de tricycle est très dangereux », dit notre interlocuteur.
Selon lui, il y a plusieurs groupes, Certains sont vraiment hostiles à la présence d’hommes dans la forêt.
Cette solution alternative de voyager avec les tricycles risque de s’arrêter aussi avec l’hivernage. Il y a des zones marécageuses et des rivières qui feront que le trafic sera impossible pendant l’hivernage.
La douane et les services de transit sont au chômage technique, avec l’arrêt du trafic sur le tronçon Koro-Burkina Faso. Y.O, un transitaire, explique que face à la situation, qui perdure, son entreprise a trouvé une alternative, en délocalisant ses bureaux à Benena, dans le Cercle de San. « Nous donnons rendez-vous à nos clients qui rentrent par Benena maintenant pour ne pas rester au chômage », nous explique-t-il.
Même si avec le temps les populations commencent à s’adapter, peu à peu, à la situation, les impacts de la rupture du trafic sont perceptibles à tous les niveaux : hausse du prix de certaines denrées, chômage dans certains secteurs, baisse de d’activités au niveau de la douane et des impôts, difficultés d’écouler les produits locaux et de s’approvisionner en certain produits importés.
Les acteurs et les populations, qui se débrouillent malgré les embûches, espèrent des deux pays la reprise du trafic routier sur la RN15 entre le Mali et le Burkina Faso.
MN/MD (AMAP)