La crise socio-politique de 2012 serait l’expression de la colère des djinns descendants de Sama Roussi à Soutadounou (nom bambara de Sotuba), selon le grand Simbo. Mécontents d’avoir été dérangés dans leur quiétude par la construction du 3ème pont dit pont de l’Amitié à Sotuba, par ceux-là mêmes qu’ils protègent, les djinns demandent réparation et entendent punir les coupables. Dans ces lignes, Kontonron Seydou Diarra dit Simbo nous parle des sacrifices expiatoires nécessaires et de la place des Djinns au Mali.
Alhariou Kariou-Samakê Khahilou de Soutadounou, fils de Sama-Roussi, actuel chef des djinns de Soutadounou, se trouve là où est construit le 3ème pont de Bamako, c’est la première place des Djinns au Mali. C’est du moins la révélation faite par Kontonron Seydou Diarra que nous avons rencontré dans les grottes de Binabougou (Gomi), en Commune II du District de Bamako.
Reconnu dans ce milieu de somas (féticheurs) au Mali et réputé pour son sérieux et le pouvoir qu’il détient, Seydou Diarra est un homme aimable qui nous a reçus chez lui pour une visite amicale. Kontonron Seydou Diarra de Gomi est formel : la construction du 3èmepont à Sitadounou constitue une offense au djinn Alhariou Kariou-Samakê Khahilou de Soutadounou, fils de Sama-Roussi, premier chef des djinns de Soutadounou !
Aussi, la crise que le Mali a connue en 2012 est l’expression de la colère du djinn Alhariou Kariou ou Samakê Khahilou. Le 3ème pont étant construit sur son site, hé oui, le diable Alhariou Kariou-Samakê Khahilou de Soutadounou, fils de Samou Roussi, actuel chef des djinns de Soutadounou, demeure toujours en colère. En effet, Alhariou Kariou-Samakê Khahilou est aujourd’hui le chef incontesté et incontestable des Djinns du Mali.
L’histoire nous apprend que lors de la bataille de Kaïbara, les djinns ont aidé le Prophète Mohamed (PSL). Parmi ces djinns, 66 étaient les plus forts. C’est l’un d’eux qui a décidé de venir en Afrique. Il a choisi le Mandé et, donc, le Mali. Ce djinn s’est établi à Soutadounou. C’était Sama-Roussi qui ne vit plus. Mais ses enfants sont là et vivent toujours à Soutadounou, qui est leur village. En fait, le 1er fils de Sama-Roussi est El Hadji Madou Wulé ; il est à Tareni qui fait partie de Koroda, au bord du fleuve.
Fervent musulman, El Hadji Madou Wulé s’est installé là-bas. L’autre fils, Alhariou Kariou-Samakê Khahilou, est à Soutadounou. Leur sœur se trouve à Dounfing (sur la route de Kati). Elle s’appelle Maïmouna. Sous d’autres cieux, on l’appelle Mami Wata. Mais, au Mali, elle s’appelle Maïmouna, fille de Sama-Roussi. On dit en outre qu’il y a un djinn forgeron à Dounfing. Non, c’est Maïmouna. Elle n’est pas seule à Dounfing ; elle y est avec Fankélé dont l’épouse s’appelle Noumou Kankoun.
«Je suis en train de vous dire que le plus dur aujourd’hui, c’est à Soutadounou. Car c’est le fils de Sama-Roussi, Alhariou Kariou-Samakê Khahilou, l’actuel chef de Soutadounou qui est en colère depuis la construction du 3ème pont», martèle notre interlocuteur. Il nous a fait savoir comprendre que Mamahira de Kati est la première femme de Sama Roussi ; le serpent de Kati Sanafara est considéré comme son garde du corps, le chef de l’armée des djinns.
«Regardez encore la position de Kati : Bamako ne peut jamais attaquer Kati et gagner. Quand tu prends la position des collines, Gomi, Sokonafing et Sanafara, Kati est au centre du temple des djinns. L’attaque, c’est difficile. Tous les gens qui connaissent ce milieu le savent bien. Ce n’est pas pour rien que nos premiers dirigeants l’ont choisi pour abriter le camp Soundjata. Non, ce n’est pas un fait du hasard. Ils savent ce que la localité de Kati est et ce qu’elle vaut», explique-t-il.
À la question de savoir si les djinns ont des relations avec les humains, voici la réponse de Simbo : «Oui, Alhariou Khariou, qui est le remplaçant de Sama-Roussi à Soutadounou, est un guerrier. Le serpent de Sanafara a eu des relations avec des chefs guerriers de notre pays, même au-delà du Mali. De grands hommes en Afrique ont eu des relations avec le serpent de Sanafara, qui a été un grand guerrier. On ne peut pas combattre ces djinns. Ils ont aidé les responsables dans différents pays, que ce soit en Afrique ou dans le monde».
Pour lui, nous ne devons pas nous tromper ! C’est grâce aux djinns que des gens deviennent riches, obtiennent le pouvoir, la célébrité, etc. Selon lui, le richissime Yacouba Sylla, décédé, aurait obtenu sa fortune des djinns. Il était, selon Seydou Diarra, aimé par Mami Wata qu’il a rencontrée en Gambie, sur l’île de Gonbon Kondjon. Seydou Diarra nous explique par ailleurs que Sama-Roussi, c’était le pouvoir : il donnait le pouvoir, la gloire, la célébrité à ceux qui l’ont côtoyé. Quant à sa fille Maïmouna, c’est l’argent, le bonheur, la largesse extrême.
«Tous ceux qui ont eu le pouvoir au Mali, leur secret est à Soutadounou. Il en est de même pour l’armée malienne. Sa déconvenue au Nord est due à cela. Sinon personne ne comprend les replis stratégiques, les fuites de nos militaires qui abandonnaient les villes les unes après les autres. Les djinns sont nos protecteurs et nous ne devrons pas les provoquer ou les mettre en colère. On ne peut rien contre eux.
Il y a une armée à Soutadounou, tout comme il y a une à Kati. La force de l’armée se trouve dans ces deux endroits. Mieux, tous les grands imams, marabouts ou autres se réfèrent à Sama-Roussi. Ils le connaissent tous. Nous ne devrions pas nous renier nous-mêmes. Même chez les Blancs, ils respectent leurs traditions. Pourquoi pas nous, Maliens, le Mali étant un pays de l’oralité et de traditions ?» s’interroge-t-il.
En plus de Soutadounou, il a cité le puits de l’ancienne mosquée de Niaréla, Dounfing, le serpent de Sanafara, qui est l’actuel chef dans les grottes de Kati Sanafara. «Enfin, pour être complet, il faut aller au Mandé pour faire des sacrifices pour le chef des djinns du Mandé, Soussolé Guêlemessin ; sa femme est Ramata et sa fille est Nana, afin que le Mali puisse sortir de cette abîme», conseille-t-il.
Par ailleurs, Seydou Diarra dit Simbo a accordé la protection magique ou «Nèkèhaya» (invulnérabilité aux armes et autres objets faits à partir du fer) à des militaires au Nord du Mali. «Disons que j’ai des amis à qui j’ai apporté mon soutien dans leur mission de défense du territoire national. Ils m’ont appelé pour reconnaître le mérite et la puissance de ce soutien. J’ai donné à mes amis de la «protection-Nèkèhaya».
À en croire les échos, ils ont été satisfaits. «Au fait, dit-il, c’est peut-être eux qui en doutaient. Sinon, je sais ce que je fais. Maintenant, si ta question suivante est d’en demander une, je suis d’accord pour t’en donner, mais à condition que tu partes au front. Pour libérer notre pays, j’en ai fait 100 pour les militaires qui vont uniquement au Nord pour se battre». Avis aux amateurs !
Kassim TRAORE
Source: Le Reporter