C’est ce qui ressort dans une déclaration que le parti de Konimba Sidibé, le Modec nous a envoyé sur le « Relevé des conclusions des consultations préparatoires à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ». Nous vous livrons ici l’intégralité de la déclaration.
Par sa déclaration datant du 15 mai 2015, le Bureau Politique National du MODEC, a proclamé son soutien à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger du 15 mai 2015 en dépit des risques majeurs qu’il comporte pour notre pays, parce que sa formulation laissait des marges de manœuvre permettant de les maîtriser au moment de sa mise en œuvre.
Le « Relevé de conclusions des consultations préparatoires à la mise en œuvre » de cet Accord signé par le Gouvernement du Mali le 05 juin 2015 supprime ces marges de manœuvre et rend quasiment inéluctable la partition du pays avec l’application de cet Accord et de son avenant qui ne dit pas son nom.
Le Bureau Politique National du MODEC, après examen des différents points du « Relevé » en question :
- Dénonce la participation du Gouvernement du Mali à un processus de réouverture des négociations contraire à toutes les déclarations précédentes du Gouvernement lui-même, de la Médiation et de la Communauté internationale ;
- Dénonce le caractère insolite et anachronique de la signature par le Gouvernement d’un avenant avec la CMA avant même que celle-ci ne signe l’Accord principal d’Alger du 15 mai 2015 ;
- Dénonce le traitement discriminatoire de l’opérationnalisation des deux régions de Ménaka et Taoudéni par rapport aux autres régions créées par la même loi ;
- Dénonce le caractère discriminatoire, injuste et dangereux pour la sécurité du pays de « l’insertion prioritaire et majoritaire des combattants de la CMA et des autres mouvements politico militaires— au sein des Forces de Défense et de Sécurité reconstituées déployées au Nord ».
Le MODEC attire l’attention du peuple malien et de la Communauté internationale sur les graves risques que font peser les différents points dénoncés ci-dessus sur l’unité de la nation, l’intégrité du territoire, la réconciliation nationale et la paix.
Pour ce qui concerne la réouverture des négociations et la signature par le Gouvernement d’un avenant avec la CMA avant la signature par cette dernière de l’Accord principal, le MODEC considère qu’il s’agit là d’une remise en cause fondamentale de l’Accord signé le 15 mai 2015 et son remplacement par un nouvel Accord qui entérine l’ensemble des préoccupations formulées par la minorité extrémiste de la CMA ;
Nous notons que dans ces conditions, la garantie de l’application de l’Accord du 15 mai 2015 dans le respect de la constitution et de la ligne rouge tracée par les hautes autorités a cédé sous la pression du MNLA et de ses alliés internationaux ;
Pour ce qui concerne la création des régions de Ménaka et Taoudéni, nous considérons que cette disposition contraire à l’article 3 de l’Accord d’Alger du 15 Mai 2015 a un caractère discriminatoire par rapport aux autres régions déjà créées par la même loi et qui attendent l’adoption des mêmes mesures réglementaires et législatives pour être opérationnelles ;
La focalisation sur la création de ces 2 régions soulève des inquiétudes de sécurité et de défense, car elle relève d’une stratégie d’occupation immédiate des régions de Gao et de Tombouctou pour pouvoir les intégrer plus facilement dans la prétendue Azawad indépendante que la CMA veut créer. Leur acharnement absolu à vouloir déloger le Gatia de Ménaka avec la complicité de certains acteurs internationaux s’inscrit dans ce cadre. Il ne fait aucun doute que cette démarche sape la confiance entre des communautés qui cherchent à se réconcilier et à faire la paix.
Aussi, la création de ces deux régions par ce processus discriminatoire pourrait constituer une cause de rupture profonde entre les Maliens. Les dispositions pour la mise en œuvre de la Loi n° 2012 – 017 du 2 mars 2012 créantonze nouvelles régions au Mali dont celles de Ménaka et Taoudéni doivent, sans aucune discrimination, concernées l’ensemble de ces nouvelles régions. .
Pour ce qui concerne l’insertion prioritaire et majoritaire des combattants des mouvements politico-militaires notamment de la CMA au sein des Forces de Défense et de Sécurité reconstituées déployées au Nord, cette disposition est une erreur historique que nos gouvernants ont commise à travers l’application des Accords de paix précédents qui s’est traduite par l’abandon de fait de la région de Kidal par l’armée malienne au profit des groupes rebelles intégrés qui n’ont pas manqué de déserter à plusieurs reprises pour retourner leurs armes contre leurs propres frères d’armes du Mali et commettre des crimes de guerre les plus odieux. Est-il possible de refonder une armée nationale sur la base de la réinsertion de déserteurs multirécidivistes qui ont retourné leurs armes contre leurs propres frères d’armes ? Assurément non !!! Les autorités maliennes et les vrais amis du Mali doivent tirer les leçons de l’histoire et bannir à jamais ce genre de mesure qui se traduira par la mise en place des conditions objectives de la nème défaite de l’armée malienne dans les régions du Nord.
Dès lors que des critères autres que ceux strictement militaires sont privilégiés dans le recrutement et l’affectation d’agents dans l’armée, l’on ne peut plus parler d’une seule république et d’une seule armée. Le reste des jeunes du Mali en général, et les autres jeunes des régions du Nord en particulier restés fidèles à la république doivent-ils prendre aussi les armes pour bénéficier d’une insertion prioritaire dans un emploi par le gouvernement ? Cette disposition est une prime à la guerre sans fin dont le Mali sortira toujours perdant.
Ce « Relevé de conclusions » n’est rien d’autre qu’un aval juridique obtenu malheureusement de nos propres gouvernants, pour permettre à la MINUSMA et aux forces alliées de la CMA de déloger l’Armée Malienne et toutes autres forces de résistance de Ménaka, mais aussi de démilitariser les régions du nord comme ce fut le cas pour les anciens Accords.
Il ne fait donc aucun doute que le « Relevé des conclusions des consultations préparatoires à la mise en œuvrede l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger » comporte des mesures dont l’application se traduira de fait par la partition du Mali.
Aussi le MODEC :
- Exige le redéploiement de l’armée Malienne sur toute l’étendue du territoire national;
- Invite la communauté internationale à veiller à l’application rigoureuse des résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité du Mali ;
- Invite le peuple Malien à la vigilance et à résister à toute tentative de partition de notre pays ;
- Lance un appel à toutes les forces patriotiques à se constituer en un Front Patriotique du Mali pour mobiliser l’ensemble du peuple malien afin de faire barrage à l’application de cet Avenant à l’Accord d’Alger et son pendant, l’Arrangement sécuritaire, afin de préserver le « Mali, un et indivisible ».
Vive la patrie.
Vive le Mali, un et indivisible.
Pour le Bureau Politique National
Le Président
Bamako le 16 Juin 2015