Les travaux de la Conférence nationale du karité ont débuté hier au Centre international de conférences de Bamako (CICB). La cérémonie d’ouverture de la rencontre était présidée par le secrétaire général du ministère de l’Industrie et du Commerce, Adama Yoro Sidibé.
C’était en présence du représentant du comité d’organisation, Demba Soumaré, du président de l’Alliance globale du karité (AGK), Simballa Sylla, des acteurs de la filière karité du Mali, de la Guinée, du Bénin, du Burkina Faso, du Togo.
La rencontre de trois jours vise à réunir les acteurs nationaux et internationaux intervenant dans la chaîne de valeur pour mettre le focus sur les potentialités en matière d’industrialisation du karité. Les défis et contraintes liés à l’industrialisation de la filière karité au Mali, les contraintes liées à l’investissement dans l’industrie du karité au Mali, l’implication des coopératives de femmes dans la préservation de la ressource karité sont, entre autres thèmes, qui seront abordés.
Le représentant du comité d’organisation, Demba Soumaré, a souligné que ces différents thèmes posent les jalons pour réfléchir sur la mise en place d’une interprofession solide et crédible qui oriente les actions et stratégies en faveur de tous les maillons de l’industrie, précisant que cette conférence se tient grâce au Cadre intégré renforcé (CIR) et l’Alliance globale du karité.
De son côté, le secrétaire général du ministère de l’Industrie et du Commerce a rappelé que le Mali, 2ème producteur mondial après le Nigeria en arbres à karité, dispose d’un fort potentiel de production de karité. Pour les besoins de fabrication des produits cosmétique, alimentaire et pharmaceutique, le beurre de karité fait l’objet d’une forte demande sur le marché international, a souligné Adama Yoro Sidibé.
La filière karité a une importance socioéconomique non négligeable dans notre pays. Elle emploie plus de 3 millions de femmes rurales économiquement vulnérables, avec un fort potentiel de création de valeur ajoutée.
Cette potentialité est faiblement exploitée à cause essentiellement des contraintes liées au développement de la filière karité, notamment le faible niveau d’organisation de la filière, la faible capacité d’offre des produits de karité, les problèmes d’accès aux marchés, la faible qualité des produits de karité, les difficultés liées à l’accès au financement, la faible préservation de la ressource karité et le vieillissement des parcs à karité, l’insuffisance des infrastructures de conditionnement, de stockage et de la logistique de transport, la faible transformation des produits de karité, a-t-il énuméré.
Pour faire face à ces contraintes, le secrétaire général a expliqué que le Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (Credd 2019-2023) ambitionne de transformer les énormes potentialités dont regorgent les filières agro-sylvo-pastorales déjà identifiées dont le karité. Il s’agit de promouvoir le développement de la filière karité d’ici à 2023.
Aussi, a-t-il rappelé, son département a élaboré en 2006 la Stratégie nationale de développement de la filière karité, actualisée en 2011. Dans le cadre de sa mise en œuvre, le Projet de développement de la filière karité (Prodefika) du CIR Mali a été initié. Il est en cours de réalisation.
Pour faire face à la faible transformation des amandes de karité, Adama Yoro Sidibé a rappelé que le Mali avait créé, en collaboration avec des partenaires étrangers, la Société industrielle de karité du Mali (SikaMali) en 1982. Depuis 1989, Sikamali a cessé de fonctionner pour laisser la place à quelques coopératives de femmes qui ont une faible capacité de production de beurre de karité.
Il a indiqué que le Mali vient d’avoir une nouvelle unité industrielle de beurre de karité, avec une capacité de production de 30.000 tonnes d’amandes. Et a espéré que l’usine de Malishi permettra d’augmenter les exportations de beurre de karité qui sont largement inférieures à celles des amandes de karité. En 2020, 22.908 tonnes d’amandes ont été exportées contre 311 tonnes de beurre de karité, selon les statistiques de l’Institut national de la statistique (Instat).
Pour le secrétaire général, il urge d’inverser cette tendance. C’est pourquoi, le ministère chargé du Commerce à travers l’Unité de mise en œuvre du cadre intégré (Umoci) envisage de créer trois unités de production de beurre de karité afin d’augmenter l’offre en beurre de karité. «À terme, il est envisagé la mise sur pied d’un mécanisme intégré de culture de champs de karité, de transformation d’amandes de karité en beurre et de commercialisation et d’exportation de ce beurre», a-t-il expliqué.
À sa suite, Simballa Sylla a indiqué que cette conférence s’inscrit en droite ligne de la vision et des aspirations de la filière karité du Mali. Elle cadre aussi avec les interventions de leur alliance commune, a confirmé le président de l’Alliance globale du karité (AGK). Cependant, a-t-il dit, il reste beaucoup à faire pour le développement de la filière au Mali et dans les autres pays.
Simballa Sylla a relevé que selon une étude de l’AGK ce sont 8 millions d’arbres à karité qui disparaissent chaque année à cause des facteurs liées aux activités de l’homme et au réchauffement climatique. Si la tendance actuelle se poursuit, a-t-il alerté, en 2044 nous risquons une pénurie d’approvisionnement en amandes de karité avec de graves conséquences sur le revenu de 4 millions de femmes ainsi que sur la durabilité de l’industrie.
Aminata Dindi SISSOKO
Source : L’ESSOR