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Karim Kéïta: dans l’œil de la justice

L’ex député et fils de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Kéïta, Karim Kéïta est recherché par la justice malienne dans cadre de l’affaire du journaliste Birama Touré, disparu en 2016. Exilé en Côte d’Ivoire depuis l’année dernière, et la chute de son père, M. Kéïta, que plusieurs médias ont depuis le 5 juillet affirmé être sous le coup d’un mandat d’arrêt international d’Interpol, ne l’était pas à cette date, mais cela ne devrait plus tarder, selon des sources au sein de la justice malienne.

 

Mandat d’arrêt ou non ? Lundi 5 juillet, plusieurs médias ont annoncé l’émission d’un mandat international par Interpol à l’encontre de Karim Kéïta dans l’affaire de la disparition du journaliste Birama Touré, qui n’a plus donné signe de vie depuis 2016. Cette demande aurait été émise par le juge d’instruction du tribunal de la Commune IV du District de Bamako. Mais il semble que l’information ait fuité, puisque le lendemain de l’annonce, le 6 juillet, on assurait du côté du tribunal que le document n’avait pas encore été cacheté. Néanmoins, précise notre source, cela devrait changer d’ici la fin de la semaine. À la même date, Karim Kéïta n’était pas non plus répertorié dans la notice rouge d’Interpol, qui recense les fugitifs recherchés dans le cadre de poursuites ou afin qu’ils purgent leur peine. Son avocat, interrogé par Reporters sans frontières, a également démenti l’existence d’un mandat d’arrêt international contre son client, indiquant que ce dernier faisait objet d’une demande de renseignements pour être entendu par Interpol à Abidjan. L’ancien député et Président de la Commission défense de l’Assemblée nationale y vit en exil depuis le coup d’État contre son père en 2020. Des proches précisent qu’il a pris connaissance de la nouvelle dans l’après-midi du 5 juillet.

Cabale politique

C’est la stratégie de défense dont vont user les avocats de Karim Kéïta, lui qui représente encore pour de nombreux Maliens le symbole du népotisme, de la gabegie et de tout ce qui allait de travers sous la présidence de son père, Ibrahim Boubacar Kéïta. Celui que l’on surnomme Katio s’est toujours défendu d’être mêlé d’une quelconque manière à la disparition du journaliste Touré. En 2019, il avait été convoqué par un juge, avant que cette convocation ne soit annulée, au motif qu’elle avait été diffusée sur les réseaux sociaux, mais aussi par la protection conférée par son immunité parlementaire. Pourquoi relancer l’affaire maintenant ? Une source judiciaire qui a requis l’anonymat parle d’un contexte « favorable ». « Quand IBK était au pouvoir, c’était difficile de faire le procès. Il aurait été difficile, voire impossible, d’aboutir à quelque chose, vu que son fils était l’accusé. Maintenant qu’il ne l’est plus, c’est normal de rouvrir le dossier pour mettre au clair cette affaire ».

Quid de l’extradition ?

« Si l’État malien émet, à travers Interpol, une demande d’extradition contre l’accusé, pour ne pas violer la Convention d’extradition de la CEDEAO, qui met à la charge des États membres de la communauté l’obligation d’extrader lorsque les conditions qu’elle contient sont remplies, la République de Côte d’Ivoire sera contrainte de livrer M. Kéïta à la justice malienne », explique Me Mouhamed Sidibé, juriste au cabinet Diabaté. Mais cela reste sous conditions. D’après cette convention de la CEDEAO, l’État requis est tenu d’extrader la personne si cette dernière n’avait pas dans cet État la qualité de national lors de la commission de l’infraction. En clair, si Karim Kéïta était Ivoirien, la Côte d’Ivoire n’aurait aucune obligation de le livrer. Dans un second cas, si les infractions sont d’ordre politique ou militaire, l’État requis est libre d’extrader ou pas. D’où l’angle de défense des avocats de M. Kéïta, qui veulent mettre en avant son passé politique et ses liens familiaux pour contrecarrer toute demande d’extradition. Une stratégie qui pourrait s’avérer payante. Un policier d’Interpol Côte d’Ivoire, contacté par nos soins, indique qu’ils ne peuvent pas le mettre aux arrêts « si c’est dans  cadre politique », à moins qu’il ne soit recherché pour grand banditisme. Notre interlocuteur affirme aussi qu’ils ne sauraient agir sans l’aval de « leur grande direction, qui se trouve à Lyon ».

Aly Asmane Ascofaré

Source : Journal du Mali

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