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Joutes électorales au Mali et en Afrique : L’indécente séquelle du colonialisme politique

Les 29 juillet et 12 août 2018, se déroulait le 1er et le second tour de l’élection présidentielle au Mali. L’analyse du déroulement et des résultats de ce scrutin permet de tirer des leçons tant sur l’évolution de la démocratie malienne que sur les relations entre la France, l’Union européenne et nos pays africains.

Première leçon : les habitants ont fait preuve d’une grande maturité civique évitant, malgré des campagnes dures, de déraper dans les violences.

Mieux, ils ont confirmé au second tour la tendance générale du 1er tour, marquant une volonté de rupture avec le candidat-président sortant. Les électeurs ont sanctionné au 2ème tour, par un taux d’abstention record, la mascarade d’un duel avorté.

Deuxième leçon : Si l’on se refaire à la présidentielle de 2013, où le candidat IBK avait été plébiscité au second tour par plus de 77% du suffrage des Maliens, en 2018, il a été plutôt sanctionné par les électeurs car retombant à 67%. Quant au candidat Soumaila Cissé, il a été valorisé ou promu, car de 23%, il se retrouve en 2018 avec 32%, quelle prouesse de sa part ! Tant l’absence de culture de l’alternance politique conjuguée au contrôle de l’appareil de l’Etat par le candidat du pouvoir handicape fortement l’opposition.

Le taux d’abstention record, qui ajoute au discrédit d’une mascarade électorale et laisse présager des lendemains qui déchantent pour le candidat président élu.

Troisième leçon : le rôle ambigu de la France. Car l’on se souvient que pour cette présidentielle, de façon officieuse, l’Elysée ne voulait pas de la candidature d’IBK pour un second mandat. Ceci a été vécu par certains maliens comme un comportement colonialiste de la plus belle époque.

Du coup, c’est le président français Emmanuel Macron, qui appelle IBK pour le féliciter sans oublier son camarade Hollande. L’appartenance d’IBK et son parti, le RPM à l’Internationale Socialiste autorise-t-elle un “blanc-seing” anti-démocratique ?! Silence de Paris sur la fraude massive du premier tour, rien sur le taux d’abstention-désaveu du second tour.

Quant aux médias français, ils ont brillé par leur absence ou par leurs couvertures favorables au pouvoir en place. Désintérêt réel ou censure officielle, chacun appréciera…

Quatrième leçon : Les non-dits de la communauté africaine et internationale.A chaque élection nous assistons au même scénario: des délégations d’observateurs assistent aux opérations de vote et font des rapports -sauf cas rarissime- neutres sinon complaisants pour les autorités en place, souhaitant que “des progrès soient faits pour améliorer le processus démocratique” et “souhaitant un dialogue inclusif avec l’opposition”… Les représentants de l’Union africaine, de la CEDEAO ou de l’OIF ne veulent pas “fâcher” les chefs d’Etat au nom de la solidarité du “syndicat des sortants”.

On ne peut développer la culture démocratique sur le continent africain si l’on ne peut mettre un terme à ce genre de pratiques, si chaque pays s’invente ses propres règles pour plaire à des potentats avides de réélection. Tout cela avec l’assentiment forcé ou voulu de la communauté internationale.

L’ONU ne pourrait-elle pas créer une Agence en charge des élections, dont le rôle serait de superviser dans le monde la qualité des processus électoraux ? Puisqu’elle pratique l’observation électorale, qu’elle le fasse dès l’amont du processus. Le FMI, La Banque mondiale, l’Union européenne fixent bien des règles et conditions drastiques en matière de bonne gouvernance économique et financière à de nombreux pays ; pourquoi la démocratie -notre bien le plus précieux- devrait-elle échapper à toutes règles et contrôles hormis le bon vouloir des gouvernants ?

Ne vérifie-t-on pas, de plus en plus, que les élections qui se déroulent dans des conditions de non-transparence et d’iniquité aboutissent toujours aux violences politiques et au chaos ? Raison de plus pour en faire l’économie.

 

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