Aujourd’hui, 9 décembre 2016, à l’occasion de la Journée Internationale de lutte contre la corruption, des campagnes de lutte contre ce fléau se déroulent à travers le monde. La corruption n’est pas nouvelle et existe dans toutes les sociétés de la planète. Alors que les efforts pour arrêter la corruption sont en cours, malheureusement, les pratiques de corruption continuent chaque jour, partout, à tous les niveaux de la société. Le moment est venu d’arrêter de parler. Maintenant, il est temps d’agir contre la corruption à tous les niveaux et de travailler pourune société plus transparente et plus équitable.
La corruption influence les interactions quotidiennes normales, ainsi que les transactions et processus de haut niveau. La plupart des Maliens ont probablement ressenti les répercussions de la corruption dans leur propre vie. Il y a des mesures qui peuvent être prises pour limiter cette mauvaise influence. Je suis heureux de voir que la communauté internationale a récemment appelé directement le Premier Ministre du Mali à prendre des mesures contre les fonctionnaires corrompus. Le président Keita a également déclaré depuis le début de son mandat que le gouvernement malien rendra la lutte contre la corruption plus efficace. Les bailleurs de fonds [internationaux]réagira favorablement aux actions sérieuses de lutte contre la corruption à tous les niveaux et les citoyens maliens attendent de même de leur propre gouvernement.
La corruption est plus qu’un simple achat d’influence et d’utilisation du pouvoir pour le gain matériel. L’impact économique de la corruption est proportionnellement plus élevé pour les Maliens les plus vulnérables: les citoyens les plus démunis, les petits commerçants, les femmes, les jeunes et les passagers sur les routes. Le coût de la corruption – les pots-de-vin aux agents en uniforme – peuvent couramment atteindre 20% du coût des affaires pour les transports de céréales ou de bétail entre les marchés de collecte / distribution et les postes frontaliers au Mali. De plus, la corruption entraîne une perte systémique de confiance des commerçants, des transporteurs et du public malien en général dans le système judiciaire et les hommes politiques. Cela découle de la conviction que le système judiciaire et les politiciens sont corrompus et que les procèssont décidés sur la base de pots-de-vin et non sur les faits.
L’administration Obama a fait de la lutte contre la corruption un élément clé de son programme de démocratie et a renforcé les efforts déployés à l’échelle du gouvernement pour prévenir et combattre la corruption, tant sur le plan national qu’international. Les États-Unis ne sont pas exempts du fléau de la corruption. Cependant, à travers la promulgation de la Loi sur les Pratiques de Corruption à l’Etranger (FCPA), notre nation montre l’exemple, en luttant contre la pratique de corruption de fonctionnaires étrangers, en refusant l’entrée de fonctionnaires étrangers corrompus aux États-Unis et en condamnant les auteurs d’infractions de corruption et leurs biens mal acquis tant au pays qu’à l’étranger. Les avocats américains qui intentent une action en justice dans le cadre du FCPA incitentnon seulement les entreprises américaines à mettre en place des programmes de conformité dans le déroulement normal de leurs affaires, mais servent aussi de modèle pour les organismes de répression des autres pays.
De nombreux groupes de la société civile malienne travaillent dur pour lutter contre les maux de la corruption. Ils sensibilisent et exercent des pressions sur les hommes politiques, la police et les éducateurs qui demandent une «contrepartie» en échange de leur service. Il est impossible d’estimer le coût de la corruption, mais avec une estimation prudente de la Banque mondiale de 1 trillion de dollars de pots-de-vin payés annuellement au niveau mondial, les coûts financiers des ressources détournées sont énormes. Ce montant stupéfiant ne peut être ignoré, et les pays pris individuellement ne peuvent le résoudre seuls. La corruption affecte le développement économique de notre pays, affaiblit l’éducation de nos enfants, limitela construction de plus de rues et de routes, d’écoles, d’hôpitaux, et la fourniture d’eau potable et de traitement des eaux usées à des millions de Maliens.
A Sikasso, nous lançons la Plateforme de Sikasso pour la libre circulation des personnes et des biens soutenue par le ProjectMali Justice. La Plateforme est axée sur la réduction de l’incidence et des coûts de la corruption routière pour les passagers maliens et les commerçants voyageantle long des corridors commerciaux nord-sud qui traversent la région de Sikasso. Au total, les États-Unis ont consacré plus de 2 millions de dollars aux activités de lutte contre la corruption au Mali.
Nous continuerons de travailler pour renforcer le système de justice du Mali, former les agents chargés de l’application de la loi et construire des institutions avec des partenaires engagés à réduire la corruption généralisée. Nos programmes se focaliseront non seulement sur la bonne gouvernance, mais aussi sur les causes et les facilitateurs de la corruption. Mais les politiques de lutte contre la corruption ne valent que par la volonté politique de les faire respecter et la capacité des citoyens à responsabiliser leurs gouvernants.
Ce combat n’est pas seulement une lutte morale pour des sociétés plus éthiques et plus justes. C’est un combat économique pour des systèmes responsables, équitables et transparents qui permettent la croissance économique. C’est un combat que nous devons mener ensemble à la fois au sein de nos frontières et aux côtés de nos partenaires internationaux pour protéger notre croissance économique et notre stabilité, notre sécurité et notre avenir.
Paul Folmsbee – Ambassadeur des États-Unis d’Amérique à Bamako au Mali
Source: info-matin