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Journée internationale de la fille: Protégeons les filles contre le sexe à l’école

Le monde a célébré le mercredi 11 octobre 2018, la journée internationale de la fille. Il est de notre devoir de penser à toutes ces filles qui sont victimes de la violence sexuelle à travers le monde et principalement celles du Mali.

Le monde scolaire est un monde de défi pour le genre féminin, surtout les filles. Elles sont vues comme des proies à saisir. Elles sont saisies soit par les griffes de leurs éducateurs qui sont les enseignants, soit par des particuliers qui profitent de certaines faiblesses sociales (pauvreté, absence de soutien familial, manipulation etc.) pour bondir sur la proie. Pour certaines de ces filles, ce sont des occasions qu’il faut saisir en ignorant que cela est contre leur réussite scolaire.

De nos jours au Mali, l’école fait face à ce grand défi autant que beaucoup d’autres pays africains.

Dans nos établissements d’enseignement vous pouvez entendre : «  le prof  x a engrossé l’élève y, l’élève x sort avec le prof y, l’élève x a été engrossé par l’élève y, etc. ».Tout le monde fait sa part à sa manière. Des établissements d’enseignement au monde extérieur, chacun peut jouer avec les f… des élèves filles. Tous ces actes sont commis soit volontairement ou involontairement. Dans certaines écoles, c’est la course aux jeunes filles. Dès votre arrivée en tant que nouveau enseignant, on vous dit : «  ne touche pas à cette élève, c’est la ‘chose’ de ‘monsieur’… ». Tu es averti comme si on se savait, et le plus souvent on se sait.

Entre certaines élèves filles, il y a aussi cette rivalité féroce pour conquérir miché x (appellation de monsieur). On se voit plus valeureuse parmi les camarades filles quand on sort avec un prof. Ce qui est étonnant est aussi le fait qu’il y a également une rivalité entre élèves garçons et leurs enseignants. Si tu broutes là où monsieur broute, y a problème. Donc stop !                                                                                               Il y a en plus la compétition entre certains d’entre nous enseignants pour conquérir une gonzesse que tout le monde voit, mais nous faisons la nôtre avec malignité. La belle élève là-bas, nous la voyons tous. Celui qui aura le couteau tranchant emportera le gibier.

Jadis, on disait ceci : «  au village, les filles sont sincères, les enseignants sont dignes », cela c’était jadis ! Pas maintenant.  Certains villages sont pires en matière de sexe. Humiliation, ça, c’était auparavant. Un directeur d’école a laissé entendre lors d’une conférence sur la scolarisation des filles ce qui suit : «  il y a environ 10 filles enceintes dans notre classe de 9ième (…) et aucune grossesse n’est l’œuvre d’un enseignant, ce sont les villageois eux-mêmes ». Dans certains de ces villages la pression des villageois est forte sur les enseignants à tel point que les enseignants observent les faits sans réagir. Et s’ils sont aussi impliqués ils ne pourront rien dire et faire. Il faut souligner que les enseignants dans un village ne peuvent se permettre d’engrosser les élèves filles si ces mêmes villageois ne sont pas consentants. Etre consentant, c’est observer les faits et ne rien faire pour limiter les dégâts. Celui qui est venu participer à l’éducation des fils et des filles du village ne peut se permettre d’être à l’origine du sabotage de l’éducation de ceux-là.

Le sexe sabote l’image de l’école et des enseignants, et constitue aussi un facteur de déperdition scolaire. Dans l’apparence, c’est l’école, des salles de classe, des tableaux, des enseignants et des apprenants. Mais qu’apprenons-nous en réalité ? Les bonnes et les mauvaises notes peuvent s’obtenir par le sexe. « Si tu n’acceptes pas les avances de miché, son stylo rouge t’attend au tournant ».

Au Mali, nous sommes de superbes observateurs passifs. Lorsque vous tentez de percevoir les faits sous un autre angle, par exemple en parler pour proposer ou apporter des solutions, vous êtes accusé d’exagérer : « toi aussi, tu exagères, laisse les gens faire leur truc, s’ils aiment ça c’est tout ». Il ne s’agit pas d’aimer seulement, mais aussi du bien que cela procure. Vous pouvez aimer quelqu’un ou quelque chose qui n’est pas bien pour vous, cela relève des émotions négatives. Votre amour n’est pas forcément le paramètre approprié de votre vérité.

Il y a lieu qu’on tienne des débats et des réflexions approfondis sur la question, car l’avenir du pays est en jeu. Une école corrompue par le sexe donnera naissance à des cadres et fonctionnaires corrompus qui ne connaitront autre chose que la corruption comme source du bonheur. La corruption ravage plus qu’elle construit. Réfléchissons pour atténuer les dégâts.

Quels sont les facteurs qui encouragent le sexe à l’école ?

Face à cette situation de sexe à l’école, nous soulignons que les responsabilités sont partagées entre parents, autorités politiques, scolaires et enseignants.

Le mot Parent au sens large du terme englobe tous les autres en ce sens que tout le monde est ou peut être Parent sans considération professionnelle ou de titre. Les parents ont une très grande responsabilité dans le changement de comportement des enfants. Nous notons ici qu’être parent est au-delà de la fonction biologique, être à la cause d’une progéniture.

Tout parent doit, à la limite de son possible, assurer la sécurité de ses enfants. Cette sécurité passe par apprendre aux enfants des comportements responsables. Il nous revient en tant que parent de suivre de près ce que les enfants disent, portent, fréquentent etc. Il n’est pas dit d’être un dictateur mais d’accompagner en imposant des limites.

Le mode vestimentaire est parfois cité comme un facteur qui encourage la débauche sexuelle, certes il y a une part de vérité mais tout n’est pas que cela. Il arrive parfois que nos écolières quittent les domiciles avec des vêtements qui laissent apparaitre presque tout le corps. Dieu a fait du genre féminin un être qui séduit facilement les hommes. L’exhibition du corps de la femme déshonore non seulement la femme mais c’est aussi une arme fatale. Rares sont nos écolières qui le savent, même si elles le savent, elles ont besoin d’être remises sur la bonne voie, et ce, par les parents d’abord. En ce qui concerne les parents, passivité totale. Chacun a ses raisons.

Le vagabondage sexuel est devenu un dénominateur commun à plusieurs niveaux de la société. Par conséquent, le mode vestimentaire ne jouerait pas un grand rôle. Les  gens réfléchissent sexuellement et se comportent ainsi, de ce fait l’école a été impactée par ces agissements sexuels.

Les parents ont la lourde tâche d’éduquer les enfants sur les méfaits du vagabondage sexuel. Si vous laissez sortir vos filles et qu’elles partent séduire les enseignants, on ne vous apprend pas que les enseignants sont des êtres humains.

Qu’en est-il des enseignants ?

Enseigner n’est pas facile comme toute autre profession, mais l’enseignement est encore plus difficile. Ce que les autres peuvent se permettre, nous ne pouvons pas nous le permettre, c’est la nature du métier qui l’exige sans quoi il serait vain de sens. Nous sommes appelés à être des modèles au-delà de notre compétence. L’enseignement est un défi. En réalité, certaines filles sont des provocatrices, elles provoquent, elles séduisent ; par ailleurs nous devons faire en sorte de ne pas tomber dans le piège de la provocation. Nous sommes face à notre responsabilité. Tout enseignant qui couche avec son élève perd son autorité face à cette dernière au sein de l’établissement dans lequel il enseigne.

Puisque nous sommes nombreux à choisir l’enseignement pour fuir le chômage, l’enseignement a vite fait face à des gens qui n’ont pas l’amour du métier, ils saisissent l’occasion : les filles. Même si nous n’aimons pas l’enseignement, il est intéressant de faire preuve de bonne attitude pendant que nous y sommes. Enseigner, c’est aussi apprendre à se maitriser face à certaines situations.

Les autorités face à leur responsabilité

Jusqu’à l’heure actuelle, le médecin n’a pas encore trouvé de remède à la maladie qui s’empire de jour en jour. Tel est le cas de l’école malienne. Plusieurs approches et méthodes n’ont pas en réalité produit des résultats satisfaisants. On peut dire que le taux de réussite aux différents examens augmente chaque année, mais cela ne peut en aucun cas confirmer l’efficacité des compétences acquises par les apprenants. Savoir, c’est savoir faire et savoir être, c’est le seul fait qui peut confirmer la compétence et la performance d’un individu.

La prolifération des écoles privées est un facteur qui encourage la débauche sexuelle à l’école car les promoteurs ne voient que l’argent. Ils acceptent des comportements déshonorants de la part des élèves dans leurs établissements de peur de perdre les clients : les élèves. Il y a des tenues dans presque tous les établissements scolaires, mais la manière dont ces tenues sont cousues ne respecte pas le cadre éducatif et protecteur. Au-delà de cela, certaines administrations sont de mèche avec certains enseignants pour encourager la débauche sexuelle.

Les problèmes que vit le Mali résultent aussi du sabotage de l’enseignement par la société civile et les autorités politiques. L’inadéquation des programmes d’enseignement, l’absence d’audit efficace et la dégradation du statut social des enseignants. De nos jours, plusieurs méfaits sont permis à l’école, le sexe y compris.

Les enseignants de leur côté doivent se munir de l’amour du métier et de la dignité. On peut être digne et ne pas aimer l’enseignement, c’est ce qui permettra de bien exercer le métier.

Les conséquences de la débauche sexuelle à l’école

Les mauvaises attitudes ont toujours des conséquences non souhaitables. Les cas de grossesse des filles scolarisées se soldent parfois par des abandons ou retards scolaires. C’est la fille qui perd pour la plupart des cas. Dans un village, les relations entre l’enseignant et les autochtones peuvent se compliquer lorsque l’enseignant nie les faits ou refuse la prise en charge de la victime.

Sur un autre plan, c’est l’image de l’école qui est salie. L’enseignant dans sa fonction aura du mal à donner des leçons de vie à qui que ce soit. Miché devient alors missi dans la société. Les collègues enseignants se sentiront humiliés lorsqu’un des leur est pris dans le piège de l’abus sexuel. Les filles qui obtiennent les notes faciles en échange du sexe seront coupables et victimes de l’irresponsabilité, de la fainéantise, de la peur d’affronter les défis de la vie. Qui ne veut pas fournir d’efforts est tenté par tous les maux.

Les fainéants augmentent le taux du chômage. On verra naitre des paresseux intellectuels dans la société. Le sexe a été utilisé pour détruire des sociétés, et quant à nous, nous sommes sur la voie de cette destruction. Il n’y a pas de petits défauts et les mauvaises attitudes se rependent vite que les bonnes. L’heure de l’action a sonné.

Conclusion et solutions

Comme dit un proverbe « Au lieu de passer la nuit à maudire l’obscurité, il vaut mieux allumer une bougie. »

Il ne sert à rien d’inventer des systèmes éducatifs si les personnes qui doivent être au centre de cette invention sont des ressources humaines de mauvaise qualité. Nos autorités scolaires ont le plein devoir de se pencher sur la question du sexe à l’école. Il y a lieu de redéfinir dans les textes pour revoir les relations enseignants-apprenants avec des sanctions à l’appui. Avant tout, il serait utile de mener une sensibilisation dans les établissements scolaires, auprès des parents et des enseignants à tous les niveaux sensibles à la question. Les téléphones portables doivent être strictement interdits aux élèves pendant les cours, sauf en cas de nécessité absolue.

On ne peut continuer à séduire un enseignant tout en se disant qu’il doit être digne, la victime-coupable doit être aussi sanctionnée. Enseignants ou jeunes enseignants, soyons forts dans l’esprit, le corps et le cœur. Il y a des filles saboteuses qui cherchent des victimes, donc il faut la double vigilance. Nous, enseignants, nous pouvons constituer une force pour lutter contre la débauche sexuelle à l’école.

Les parents doivent comprendre qu’être parent est au-delà du fait d’être appelé papa ou maman. Il y a une lourde responsabilité à assumer. La société civile doit comprendre que dans une bonne société des hommes il y a des règles et des limites à respecter.

Au Mali, il y a un manque de confiance en soi et un complexe d’infériorité grandissants, c’est ce qui fait que nous aimons nous comporter conformément à ce que les autres pensent et disent. Dans une telle société, tout est le bienvenu. Le vagabondage sexuel ne rime pas avec l’école.

 

Yacouba Dao, conférencier

Octobre 2018

Bonne célébration !

La rédaction

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