Le meilleur parolier du mouvement rap au Mali, piqué par le virus de la musique étant sur les bancs scolaires, Master Soumy a tracé son chemin de rappeur indépendamment des études. Il a terminé ses études et garde un pied dans le mouvement rap. Le parolier, qui faisait les premières parties – levers de rideaux- lors des grands concerts, est actuellement une tête d’affiche du Rap malien. Allemagne en 2013, USA en 2014, Master Soumy est aujourd’hui une référence et un exemple de réussite pour la jeunesse malienne. Nous avons échangé avec lui, sur son parcours, sa vision du mouvement rap et ses ambitions.
Que fait Master Soumy dans la vie ?
Master Soumy : Ismaïla Doucouré, juriste de formation, artiste musicien de profession, ingénieur de sons par passion, musulman de foi, et rasta par conviction.
Quel est votre parcours scolaire ?
Je suis diplômé maîtrisard en Sciences juridiques (Diplôme obtenu à la faculté des Sciences juridiques et politiques du Mali).
Comment êtes-vous venu dans la musique ? Comment avez-vous eu le nom Master Soumy ?
Ce sont les interprétations des chansons de certains rappeurs français et américains qui m’ont poussé à embrasser la musique. Car, en 1996, j’ai créé le groupe MEGABEST avec deux autres camarades de classe. Ce qui m’a poussé à faire de la musique.
Quelle est votre fonction actuellement ?
Ma fonction actuelle est la musique.
Vous avez le verbe facile, quelle est votre source d’inspiration ?
Ma source d’inspiration est la société et son quotidien.
Vous avez beaucoup bourlingué sur le continent ; qu’est-ce que cela vous apporte ?
Chaque voyage que j’ai effectué a été une expérience et une opportunité de plus pour ma carrière.
Est-ce que vous avez rencontré des difficultés dans la vie ?
J’ai rencontré beaucoup de difficultés surtout avant d’être connu et je pense que ce sont ces difficultés et ces obstacles qui m’ont permis de bosser dur afin d’arriver là où je suis de nos jours, tout en sachant que le chemin est encore long.
Les parents n’ont-ils pas posé de problème quand vous avez voulu devenir chanteur ?
Bien sûr qu’au début, les parents se sont opposés car à l’époque le rappeur était considéré comme un délinquant. Donc, ils craignaient que je n’abandonne les études.
Pouvez-vous nous dire votre plus grande satisfaction et grande tristesse dans la vie ?
Ma plus grande satisfaction est le jour que obtenu le trophée TAMANI D’OR du meilleur rappeur malien en 2009. Ce jour, j’étais heureux et inquiet en même temps, car je me suis dit : je viens d’avoir une grande responsabilité et je n’ai plus droit à l’erreur.
Vous êtes un rappeur qui rassemble, vous travaillez avec tout le monde sans problème. Quel est votre secret ?
C’est parce que j’ai du respect et de la considération pour tous les autres rappeurs. Une grande majorité de toutes les générations confondues me côtoient souvent pour des conseils ou à propos de projets ou par sympathie.
Selon vous, qu’est-ce qui manque à la musique rap du Mali, pour gagner l’international ?
Je pense que pour gagner l’international, nous devons mettre notre identité culturelle au cœur de cette musique urbaine, en exploitant pour nos instruments traditionnels. Que les rappeurs se mettent en tête que cet art est métier, tout comme être docteur ou économiste, qu’ils le respectent avant. Et les rappeurs ont intérêt à beaucoup apprendre afin de se doter de bagages intellectuels. Et pour terminer, les autorités aussi doivent s’impliquer pour accompagner les rappeurs à créer au moins 2 ou trois festivals annuels. Car, de nos jours, le rap est la musique la mieux écoutée au Mali et c’est un moyen idéal pour faire passer des messages.
Dans l’avenir, que comptez-vous faire ?
Dans l’avenir, je compte faire d’autres études en Sciences juridiques, en sociologie et en musique afin d’augmenter mon niveau intellectuel. J’ai aussi comme rêve d’ouvrir un très grand studio d’enregistrement digne de ce nom, afin d’aider d’autres artistes à sortir de l’ombre et organiser des ateliers d’écriture pour éviter les dérives dans le rap malien.
Est-ce que vous êtes marié ; avez-vous des enfants ?
Non, je ne suis pas encore marié mais fiancé. Je n’ai pas encore d’enfant.
Avez-vous des mots pour conclure cet entretien ?
C’est de vous remercier pour l’opportunité que vous m’avez offerte et pour tout ce que vous faites pour promouvoir la culture malienne.
Kassim TRAORE
Source: Le Reporter