Si le sujet n’était pas si grave, les explications données par le jeune Marocain à son aventure du train Thalys prêteraient à sourire. A l’en croire, il aurait trouvé par hasard son arsenal dans un sac négligemment abandonné dans un jardin public et, l’occasion faisant le larron, il aurait formé le projet de détrousser quelques voyageurs pour se faire un peu d’argent de poche. Les Dalton n’auraient pas imaginé scénario plus stupide.
Compte tenu du profil islamiste radicalisé de l’individu, les enquêteurs examinent évidemment d’autres motivations. Il n’est cependant pas interdit d’imaginer que les deux hypothèses soient plausibles : islamisme et banditisme. Au-delà de l’affaire du Thalys, de nombreux indices plaident en ce sens. Tout récemment, la communauté internationale a été horrifiée par la décapitation par le groupe Etat islamique d’un monsieur de quatre-vingt-deux ans, conservateur des antiquités du site de Palmyre. Ce geste a été comparé à celui des talibans afghans faisant sauter à l’explosif les bouddhas de Bâmiyân comme représentants d’une civilisation impie. Sauf que le malheureux conservateur de Palmyre a été torturé pendant un mois avant son exécution afin de tenter de lui faire avouer où il avait mis à l’abri de nombreux trésors du site dont il avait la garde. Le but des islamistes n’était donc pas tant de s’en prendre à un mauvais musulman que de mettre la main sur un butin très lucratif sur le marché noir des antiquités gréco-romaines. D’une manière plus générale, les spécialistes des diverses mouvances terroristes savent parfaitement que les troubles recouverts du large manteau de l’islamisme relèvent en réalité souvent du banditisme pur et simple. En Libye, dans la corne de l’Afrique de l’Est, au Sahel, au Nigeria, on se bat, on trafique, on prend en otage, pour des motifs crapuleux au moins autant que religieux. Certains expliquent même que la perte d’influence d’Al Qaida par rapport à l’Etat islamique viendrait de ce que l’ancienne mouvance de Ben Laden aurait à ce point basculé dans le grand banditisme qu’elle serait devenue incapable d’agiter comme autrefois l’étendard religieux pour recruter de nouveaux fantassins de l’islam.
Reste à savoir si lutter contre des bandits est une partie plus simple que de lutter contre des fanatiques.
Source : lesechos
