La cérémonie solennelle a réuni plusieurs invités. Il s’agit des membres de la Cour constitutionnelle, des responsables de la classe politique, des chefs de mission consulaire ainsi que des représentants des organisations internationales qui veulent soutenir la nouvelle dynamique des autorités maliennes.
L’audience solennelle a été marquée par trois interventions. Il s’agit de la lecture de l’arrêt du constat de la démission du président de la transition par la greffière en chef de la Cour suprême, le réquisitoire du procureur général près la Cour suprême et le bâtonnier général de l’ordre des avocats, Me Moustaph Cissé.
Selon le procureur, cette prestation de serment du colonel Assimi Goïta est une exigence du droit. Une manière pour lui de répondre à ceux-là qui mettent en doute la légalité de cette audience solennelle. « La cérémonie procède de la stricte exigence légale », dit-il.
Avant de rappeler le parcours militaire du colonel Goïta, le procureur a dressé un tableau de la situation socio-politique du Mali auquel il faut vite apporter une réponse. « Il faut garder à l’esprit l’intérêt supérieur de la nation qui exige de vous le patriotisme et le nationalisme. L’injustice, l’impunité et la corruption freinent le développement. Pour relever les défis, il vous faut une volonté politique en mettant au-devant le respect des engagements », a-t-il affirmé.
A la suite du procureur général, le bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Moustaph Cissé a, dans son allocution, fait savoir que le barreau du Mali salue la Cour constitutionnelle à travers l’arrêt historique pris le 28 mai dernier, confirmant le colonel Assimi Goïta comme président de la transition.
Il a appelé le nouveau président à s’attaquer aux grands chantiers. Il s’agit, entre autres, la lutte contre l’insécurité, la corruption, l’impunité ou encore l’incivisme.
Notons que le colonel Assimi Goïta a été désigné le 28 mai 2021 par un arrêt de la Cour constitutionnelle en qualité de président de la transition. Ce même arrêt a constaté la vacance du pouvoir suite à la démission de Bah N’Daw et de Moctar Ouane.
Assimi Goïta s’engage et invite à l’unité d’action
Les amis du Mali n’ont pas eu tort d’assister à cette cérémonie d’investiture du jeune colonel de 37 ans. En effet, l’homme qui aura la lourde responsabilité de conduire le bateau durant les 9 prochains mois a donné le ton d’une autre gouvernance. Dans son discours d’investiture, le président de la Transition s’est engagé à réduire le train de vie des institutions du pays. Ainsi, il a annoncé solennellement la suppression des deux tiers des fonds de souveraineté de la présidence de la République. Soit 1,8 milliard de francs CFA par an, qui serviront désormais, selon lui, à la fourniture de l’eau et la création de centres de santé pour les populations les plus démunies sur toute l’étendue du territoire national.
Sur la question des élections prochaines, il a assuré qu’elles se tiendront à bonne date. Autre annonce forte : la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. En plus de ces engagements, Assimi Goïta fait de l’inclusivité du processus de transition son cheval de bataille.
Par ailleurs, le président de la transition n’a pas manqué de tendre sa main aux partenaires sociaux. Selon lui, l’apaisement du climat social est une condition indispensable pour la réussite de la transition. Du coup, il a annoncé l’ouverture prochaine du dialogue entre le gouvernement et les syndicats.
Les attentes de la classe politique
Si la classe politique dans grande majorité s’engage à soutenir le colonel Assimi Goïta, certains pensent qu’il doit mettre un accent particulier sur l’organisation des élections même si le calendrier semble intenable. « La transition doit nous conduire aux élections générales en février et mars prochains. Un délai compliqué à tenir dans la mesure où on a perdu 9 mois dans l’hésitation. Et maintenant qu’il nous reste 9 mois, c’est difficile de pouvoir faire les communales, les élections de cercle, régionales, législatives, sénatoriales et la présidentielle. Pour cela, il faut discuter pour qu’on ait des élections propres et transparentes », pensent certains responsables politiques qui ont assisté à la cérémonie de prestation de serment du nouveau président de la transition.
Nouhoum DICKO