Après les survols par des drones de plusieurs monuments parisiens, les forces de l’ordre sont mobilisées pour identifier le ou les pilotes. Mais les autorités semblent aujourd’hui impuissantes en ce qui concerne le repérage et l’interception de ces drones en cours de vol.
Les drones, le retour. Après des centrales nucléaires, des sites militaires, et le palais de l’Elysée, ce sont des monuments parisiens et l’ambassade américaine qui, à leur tour, ont été survolés par des drones.
Des survols qui laissent les autorités plutôt démunies… Le ministère de la Défense a lancé, il y a quelques semaines, un appel d’offres pour la conception et la fabrication de dronesdestinés à intercepter d’autres drones, et les pilotes qui les dirigent. De son côté, l’Agence nationale de la recherche (ANR) a été dotée d’un budget d’un million d’euros pour faire avancer la recherche sur la détection et l’interception des petits drones.
Mais, concrètement, comment faire pour neutraliser ces petits appareils en cours de vol, sans faire courir de risques aux passants ou aux habitants des zones survolées? Eléments de réponse avec Fabian Lanzini, directeur technique de Work Fly-Civic drone, un concepteur et fabricant de drones aériens civils, référencé par la Direction générale de l’aviation civile.
Quels sont les moyens dont on dispose aujourd’hui pour intercepter un drone?
Les autorités peuvent les détruire en leur tirant dessus, mais c’est une solution qui n’est pas sans risque, inapplicable en zone habitée. La solution la plus sécurisante, c’est d’envoyer un drone équipé d’un filet, qui va capturer le drone qui pose problème, et le ramener au sol. Mais si le pilote du drone pourchassé est habile, il est assez facile d’échapper à la capture. En l’air, sur un « terrain » en 3 dimensions, l’interception est moins évidente que lorsqu’il s’agit d’arrêter une voiture, ou tout autre véhicule qui se déplace au sol. Aujourd’hui de tels drones existent, mais il ne s’agit que de prototypes.
On parle aussi de « brouilleur », de quoi s’agit-il?
Ce sont des appareils qui bloquent la communication entre le téléopérateur, et son drone. Avec deux conséquences possibles, en fonction de la conception de l’appareil: soit le drone tombe comme une pierre, soit il continue sur la dernière trajectoire qui lui a été donnée avant le brouillage. Mais cette technologie n’est opérante qu’avec des drones pilotés en temps réel par un téléopérateur au sol. Dans le cas des drones « robots » qui fonctionnent en autonomie avec un itinéraire téléchargé à l’avance, basé sur des points GPS, le brouilleur ne sert à rien. En France, ces drones robots sont d’ailleurs interdits par la DGAC.
La transformation d’un drone en « bombe volante » est-elle possible?
Un drone de base, comme ceux qu’on trouve dans le commerce autour de 500 euros, peut transporter des charges jusqu’à 2 kilos maximum. Mais il suffit de quelques transformations au niveau du moteur et des pales pour qu’un drone puisse transporter des éléments beaucoup plus lourds. Donc, oui, un drone peut se transformer en arme.
Mais je veux quand même rappeler qu’il existe beaucoup d’applications « bienveillantes » des drones! Outre la prise de vue, déjà très connue du grand public, il y a aussi la possibilité de déclencher des avalanches en toute sécurité, ou d’aider au sauvetage en mer… et d’autres applications encore, qui restent à inventer.
Source: L’Expresse