L’Ambassade du Royaume du Maroc à Bamako, avec l’appui-conseil de la Fondation Balazan pour la Gouvernance et la Stabilité a organisé le 3 décembre 2016, à l’Hôtel Radisson Blu, la Journée de Réflexion sur les enjeux et les défis du retour du Maroc au sein de l’institutionnel panafricain, l’Union Africaine. Cette Journée de réflexion avait le double objectifs de célébrer le centenaire du père de l’Indépendance du Mali, le Président Modibo Kéita, et de cerner tous les contours et les implications du retour au sein de l’Union Africaine, d’un partenaire stratégique comme le Maroc, de contribuer à sensibiliser sur l’opportunité de ce retour et de l’accompagner.
La cérémonie d’ouverture de cette journée s’est déroulée en présence de l’ancien président par intérim, Dioncounda Traoré, des Elus nationaux, des Ambassadeurs, et de nombreux invités du monde politique et de la société civile. Plusieurs membres du gouvernement étaient présents comme le ministre des Maliens de l’Extérieur Abdramane Sylla, le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Hass Diallo, le ministre de l’Artisanat et du Tourisme, Nina Wallet Intallou. Des anciens et des responsables politiques de la majorité comme de l’opposition, ont également pris part à cette rencontre, à l’instar de Boulkassoum Haïdara, du RPM, Soumaïla Cissé de l’URD, Tiebilé Dramé du Parena.
Le parti de Modibo Kéita, l’Union soudanaise RDA était honoré à travers la présence au présidium du doyen Seydou Badian Kouyaté, qui fut ministre dans le gouvernement du Président Modibo Kéita, mais aussi par la présidence du président de l’UM-RDA Bocar Moussa Diarra. La société civile aussi était remarquablement représentée avec la présence du Secrétaire général adjoint de l’UNTM Mahouloud Ben Katra, de la présidente de la Coordination des associations et ONG feminines (CAFO) Mme Traoré Oumou Touré. Parmi les conférenciers, on peut citer en particulier l’Honorable Mamadou Diallo, Député à l’Assemblée Nationale du Sénégal, Monsieur Seddik Abba, Journaliste-Ecrivain, chroniqueur au Monde Afrique (Le Monde).
L’assistance a suivi avec intérêt la projection d’un film sur les relations Mali-Maroc, et l’Union africaine-Maroc. Les intervenants seydou Badian Kouyaté, Tiebilé Dramé, Boulkassoum Haïdara, les responsables de Sociétés marocaines au Mali à l’instar de Bank of Africa Abdallah IKCHED, ont mis l’accent sur les fructueuses relations de coopération économique et commerciale entre le Maroc et notre pays pour les uns, la Genèse de l’intégration africaine, avec des chefs d’Etat comme Sékou Touré, Kuamé Nkruma, Modibo Kéita, Le Roi Mohammed V, Ferhat Abbas, Jamal Abdel Nasser, pour les autres.
Cette présence témoigne de l’intérêt porté aux relations entre « le Maroc et le Mali engagés qu’ils sont au service d’une Afrique unie et solidaire », a déclaré l’Ambassadeur du Maroc au Mali, Hassan Naciri.
Cette Conférence était une contribution à la commémoration du centenaire du Président Modibo Keita, l’Ambassadeur Hassan Naciri a adressé quelques mots « à ce Grand Malien, à ce Grand Africain, à ce Grand Ami de feu le Roi Mohammed V, tous deux panafricanistes hors pairs », signale –t-il.
Ensemble, Modibo Keita et feu le Roi Mohammed V avec d’autres, ont bâti les fondements de ce qui est aujourd’hui l’Union Africaine. La seule évocation de ces grands Leaders nous renvoie à quelques grands moments du panafricanisme, à quelques paroles fondatrices de l’organisation continentale qui raisonnent encore, chaque fois que des questions importantes et vitales pour l’Afrique sont soulevées, selon Hassan Naciri.
Dans ce contexte historique , il a évoqué d’autres repères parmi lesquels, les noms de Kwamé Krumah, Sékou Touré, Ferhat Abbas, Jamal Abdel Nasser entre autres, comme ceux qui estimaient que le continent doit s’unir pour former une Afrique solidaire, forte, une Afrique qui compte dans les affaires du monde.
En tant que puissant symbole de l’épanouissement de la conscience panafricaine et l’artisan le plus engagé de la Conférence historique de Casablanca de 1961, annonciatrice d’une Afrique émancipée et fondatrice de l’intégration africaine, Le Roi Mohamed V a réuni la même année la Conférence des Mouvements de libération des colonies sous domination portugaise en Afrique, contribuant ainsi à la stabilité de plusieurs régions de notre continent et permettant de renforcer les liens d’amitié et de fraternité avec de nombreux pays africains, a rappelé l’Ambassadeur du Maroc, Hassan Naciri.
« L’engagement du Maroc en faveur des justes causes de l’Afrique, sa foi inébranlable en une Afrique forte de ses potentialités, en une Afrique fière de son patrimoine culturel et cultuel, en une « Afrique confiante en l’Afrique », pour paraphraser le Souverain, ne s’est jamais démenti », selon l’Ambassadeur.
S’il est vrai que le Maroc s’est retiré des instances de l’Organisation de l’Unité Africaine, il n’en demeure pas moins vrai que le Royaume ne s’est jamais séparé de l’Afrique. Bien au contraire, et cela peut paraitre paradoxale, jamais les relations bilatérales entre le Maroc et les pays frères africains n’ont atteint un niveau aussi élevé, rappelle-t-il.
En effet , le Maroc a développé et renforcé de fructueuses relations de coopération diplomatique, économique et commerciale avec le continent africain au travers de grands groupes qui se sont implantés dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne et y ont instauré des stratégies de développement sous différentes formes de partenariats.
Au-delà des aspects commerciaux, le Maroc accompagne sa politique africaine d’actions publiques visant également le développement des pays de l’Afrique : annulation de la dette des pays les moins avancés du continent, accueil et octroi de bourses à des étudiants et à des cadres dans ses universités, régularisation de plus de vingt mille (20.000) Subsahariens en situation irrégulière au Maroc.
Trente deux ans après son retrait de l’Organisation de l’Unité Africaine, le Maroc a annoncé, le 17 juillet 2016, sa volonté de reprendre« sa place naturelle» au sein de l’organisation continentale. Si Feu Le Roi Hassan II annonçait le retrait du Maroc de l’OUA en attendant «…des jours plus sages… », Sa Majesté le Roi Mohammed VI estime que ces jours plus sages sont arrivés, en ces mots à Kigali : « On ne peut changer la géographie. On ne peut pas se soustraire au poids de l’histoire. C’est ce qui milite pour que le Maroc ne demeure pas en dehors de sa famille institutionnelle et puisse retrouver sa place légitime et naturelle au sein de l’Union Africaine ». Certes, le Maroc trouve un intérêt politique, diplomatique et économique à réintégrer l’organisation panafricaine, tout comme l’Union Africaine peut et doit se réjouir du retour de cet ancien et futur nouveau membre, de cet acteur stratégique qui possède de nombreux atouts, a soutenu Hassan Naciri.
Par ailleurs, cette réunion se situant dans le contexte de sortie de crise au Mali, l’Ambassadeur s’est fait un agréable devoir de réitérer la position du Maroc. « Mon pays qui a été parmi les tout premiers pays à prôner, dès l’éclatement de la crise en 2012, le retour à l’ordre constitutionnel, le respect de l’intégrité territoriale du Mali, de son unité et de sa stabilité, continue aujourd’hui à apporter sa contribution à l’effort national malien en vue de répondre aux attentes en matière de paix et de développement ». Il a rappelé à cet égard, que le Maroc en sa qualité de Membre non-permanent du Conseil de Sécurité et surtout pendant sa présidence de cette institution, des résolutions pertinentes concernant le Mali ont été adoptées, notamment celles qui encadrent aujourd’hui le maintien de la paix au Mali, a-t-il souligné.
Il a rappelé les deux Visites Royales au Mali et de nombreux Accords signés ainsi que les chantiers lancés par le Souverain et le Président malien Ibrahim Boubacar KEÏTA. Selon lui, le Maroc restera pour le Mali, un partenaire fiable, sincère et solidaire.
Pour le professeur Dioncounda Traoré a fait une adresse sur le Panafricanisme, au cours de laquelle il a indiqué qu’ « une Afrique balkanisée et dispersée ne peut pas porter les destins de Marcus Garvay, ne peut pas atteindre les objectifs des pères fondateurs de l’OUA …»
- Daou
Source : Le Républicain