La question de l’emploi et surtout celle des jeunes devient de plus en plus une préoccupation des Gouvernements de tous les pays du monde. Celui de notre chère Patrie ne fait point exception à cette règle. C’est pourquoi d’ailleurs, les plus hautes autorités fraîchement élues se sont fixé comme objectif, la création de 200 000 emplois durant le quinquennat débutant d’IBK.
Au regard de cet objectif noble, il importe plus que jamais de réfléchir sur les différents créneaux porteurs sur lesquels l’Etat pourra s’appuyer pour l’atteinte dudit objectif. A cet égard, une distinction claire et notable doit être faite, selon qu’il s’agit des créneaux porteurs concernant l’entrepreneuriat ou ceux relatifs au salariat.
D’abord, s’agissant des créneaux porteurs concernant l’entrepreneuriat. Cette situation intéresse à plus d’un titre les jeunes diplômés de la diaspora dans la mesure où chaque financement octroyé correspond, à n’en pas douter, un emploi créé et des dizaines d’emplois indirects qu’il induit.
En effet, le Mali, pays à vocation agro-sylvo-pastorale par excellence, il va de soi que tout ce qui touche à ces secteurs, constitue une véritable aubaine pour les jeunes désirant se lancer dans l’entrepreneuriat. Les opportunités d’entrepreneuriat qu’offrent ces différents secteurs concernent, entre autres, le secteur de l’élevage à travers l’aviculture, la cuniculture, l’élevage du porc et surtout la tannerie etc….) ; le maraîchage surtout à travers l’échalote oignon qui est plus rentable que certaines cultures de rente très prisées au Mali ; l’agriculture dans toute sa forme où un accent particulier doit être mis sur la culture de contre-saison pour occuper à plein temps les paysans ; la foresterie, en promouvant la culture des plantes médicinales par le truchement des pépinières pour permettre aux tradithérapeutes de mieux valoriser leur métier, mais également de permettre à l’Etat d’installer des jeunes diplômés en pharmacie en les spécialisant dans la préparation de certains médicaments à base de ces plantes. Cette pratique a pour effet de créer une chaîne de valeurs depuis la production des plantes, à la transformation jusqu’à leur commercialisation.
Au-delà de cela, le secteur industriel également offre de véritables opportunités qui peuvent concerner, entre autres, la transformation des déchets plastiques, la production des couches pour enfants, la production de serviettes hygiéniques, la fabrication des produits cosmétiques, l’agro-industrie. Ces initiatives doivent être soutenues par l’Etat qui se doit, à notre sens, de créer des conditions optimales pour faciliter l’accès des entreprises au crédit et renforcer, au besoin et autant que faire se peut, le système d’encadrement en amont et en aval des entrepreneurs.
Aussi, le secteur touristique pourra-t-il jouer un grand rôle dans la création d’emplois. Il faudrait prévoir le financement de tours opérateurs dans les zones touristiques en y installant des jeunes diplômés de ce secteur et également appuyer financièrement les opérateurs hôteliers en leur accordant des prêts à moyen terme pour leur permettre de procéder à de nouveaux investissements. A ce niveau, le concept de franchise pourra avoir tout son sens dans ce processus.
Pour ce qui est du cas du salariat, notons d’ores et déjà que le seul secteur public ne pourra aucunement absorber tous ces demandeurs d’emplois qui se présentent chaque année sur le marché de l’emploi. L’apport du secteur privé est très attendu à ce niveau. De ce point de vue et en considération du contexte post-crise qu’est celui du Mali, qui est de plus en plus marqué par l’inexpérience avérée des jeunes et surtout l’inadéquation entre la formation reçue et les besoins exprimés par les entreprises, force est de reconnaître que le secteur privé continuera à offrir aux jeunes diplômés des opportunités d’emplois, d’ici les 5 prochaines années.
En premier lieu, étudions les créneaux porteurs découlant des secteurs agro-sylo pastoraux. De prime abord, notons que des jeunes ayant ce profil, éprouvent d’énormes difficultés à se faire une place au soleil. Il s’agit, à titre de rappel, des agronomes, des vétérinaires, des forestiers. Cependant, force est de reconnaître que toute formation ayant trait au génie rural, à l’irrigation, à l’hydraulique et à l’étude architecturale, ne pose pas problème en termes d’insertion, d’ici la fin du quinquennat d’IBK.
Ensuite, quid des opportunités offertes par les autres créneaux procédant des secteurs secondaire, tertiaire et quartenaire. Après analyse de la situation, les études suivantes sont recommandées aux étudiants, futurs diplômés. Il s’agit des formations suivantes : Juriste assureurs, juristes spécialistes en questions minières ou en transport et surtout en sport; fiscalistes spécialistes soit en banque ou en mines ; caissiers de banques ; secrétaires comptables ; auditeurs en banques, en mines ; management des services publics ou des établissements hospitaliers ; secrétaires médicaux ; organisateurs de spectacles ; décorateurs d’intérieur ; spécialistes en questions d’insertion des jeunes ; management de la qualité ; managers sportifs, culturels, musicaux et artistiques ; métiers de l’aéronautique ; médecins légistes et d’entreprises ; environnementalistes ; spécialistes en résilience dans les zones post-conflits ; analystes risques et les analystes financiers ; logistique et transport…
En tout état de cause, cette liste est loin d’être exhaustive. Donc, chaque jeune diplômé ou étudiant, devra se donner le temps de discuter avec un conseiller en insertion mis à leur disposition par les services publics d’emplois, soit pour se reconvertir, soit de bien choisir sa filière de formation.
Enfin, il sera opportun pour l’Etat d’organiser des concertations régionales sur l’emploi pour dégager dans toutes les régions, les vrais bassins d’emploi pour permettre au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle de prendre des dispositions idoines pour la mise en place de programmes d’insertion adéquats des jeunes en phase avec les réalités de la localité.
Cheick O. SOUMANO, Spécialiste Emploi jeune