Majestueusement construite pour le confort et la bonne formation des étudiants au Mali, l’université de Kabala présente, de plus en plus, un danger tragique pour ces jeunes qui sont aux combles de leurs maux, à cause de son accès. Après plus d’une dizaine de morts causées par les camions bennes sur cette route dans le passé, voici sacrifiés encore deux étudiants par les mêmes camions bennes et sur la même trajectoire la semaine dernière dans l’intervalle de deux jours.
La première pierre étant posée par l’ancien président malien Amadou Toumani TOURE en 2011, l’université de Kabala a été inaugurée par l’actuel président, Ibrahim Boubacar Keita le 28 février 2017. Depuis son ouverture, elle présentait une forme d’inquiétude pour non seulement les étudiants mais aussi les autorités. Oui, l’inquiétude avait été soulignée par le ministre AssetouFounè Samaké Migan, qui avait annoncé que la seule voie d’accès de 12 km de Kalaban Coro à N’Golobougou est quasiment saturée avec la fréquentation des camions-bennes qui transportent du sable, et des SOTRAMA sans oublier les autres moyens de déplacement qui empruntent aussi cette voie. C’est pourquoi, lors de l’inauguration, elle avait émis le souhait de réaliser une deuxième voie de désenclavement partant de la route de l’Aéroport Modibo Keita de Senou jusqu’à la cité universitaire qui, pour elle, offrirait plus de garantie et de sécurité aux étudiants. Malheureusement, ces propos de soulagement n’ont été qu’une douce parole tombée dans les oreilles des pauvres étudiants qui ont vu leur inquiétude devenir réalité pendant seulement une année de fonctionnalité de cette université. A moins d’une année, six morts, dont des étudiants et professeurs, ont été causées par ces camion-bennes au vu et au su de tous.
C’est ainsi que l’AEEM a manifesté sa colère contre la mort cruelle de ses étudiants à la fleur de l’âge à travers plusieurs sit-in tenus dans la ville de Bamako. ‘’ Il y a trop de cas d’accidents mortels de nos camarades, depuis l’ouverture de la cité, par les camion-bennes sur le tronçon Kalabancoro-Cité universitaire de Kabala. Nous sommes sortis ce matin pour manifester notre mécontentement, et demander par la même occasion auprès des autorités, de trouver une solution ou des voies et moyens à l’élargissement du tronçon qui, en plus d’être trop restreint, est occupé par les étalagistes ou autres commerçants ou habitations. La voie est trop petite. Des solutions rapides doivent être cherchées par les plus hautes autorités pour que cessent les décès des étudiants sur le tronçon’’, avait déclaré le secrétaire général du bureau de coordination de l’AEEM Abdoul Salam Togolo dit « Willy ». Mais malgré la pression de l’AEEM, rien n’a été fait par l’autorité malienne pour stopper ces tueries. Voici qu’en ce mois de décembre encore, nous assistons à la mort de deux étudiants dans la même semaine. Le mercredi, un étudiant de la FSHSE Aboubacar Sow a trouvé la mort sur cette voie après une victime le lundi, pour laquelle les examens avaient été reportés pour le mercredi. Tout cela s’ajoute à la mort d’une étoile montante dans le monde de la cinématographie, Aminata Doumbia, survenue le 23 mars 2O18 suite à un accident sur cette même voix. En compagnie d’un de ses camarades de classe, elle était sur une moto et se rendait à l’Université pour des épreuves d’examen.
Selon les étudiants, si l’autorité malienne ne réagit pas, c’est parce que les cadres n’ont pas leurs enfants dans ladite université. Et cela leur importe peu de savoir qu’il y a des morts et la faute leur revient. L’autorité doit enfin réagir, car ce sont ces jeunes qui, dans l’avenir, prendront le relai et gouverneront ce pays. Et s’ils sont tués gratuitement sur cette route avec leurs ambitions et leurs projets, quelle autre forme d’avenir pour ce pays dont la force réside dans la jeunesse ?
La Rédaction
Source: La Sirène